L’Open Banking : Un levier de croissance pour les banques

L’open Banking (Banque Ouverte) est une technologie qui vise à permettre aux banques de partager leurs données avec d’autres acteurs du secteur financier. Ce concept est apparu suite à l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché bancaire, ce qui oblige les établissements financiers à s’ouvrir à ceux-ci en vue de créer de nouvelles opportunités sur le marché.
Open Banking et DSP2 : contexte et enjeux
L’objectif est de faciliter l’accès à leurs systèmes d’information et aux données de leurs clients avec des tiers pouvant être des initiateurs des services de paiement (par exemple PayPal), des prestataires des services d’informations sur les comptes (par exemple Bankin’) ou des agrégateurs présentant des tableaux de bord et outils de gestion de finances personnelles. Ces tiers sont souvent des fintechs mais parfois aussi d’autres banques, qui sont aujourd’hui nombreuses à proposer l’agrégation de comptes externes, ou encore des assureurs tels que MAIF par exemple. Les données partagées peuvent être relatives à la localisation géographique des agences bancaires et des distributeurs de billets de banque, les services bancaires proposés par tel ou tel établissement ainsi que les données sur les clients. Le secteur bancaire étant en pleine mutation depuis de nombreuses années, l’Open Banking, une obligation pour les banques depuis janvier 2018, fait partie des nombreuses innovations du système bancaire. Elle est apparue avec la DSP2 (Deuxième Directive sur les Services de Paiement) dont l’objectif est de garantir un accès équitable et ouvert aux marchés des paiements et de garantir la protection des consommateurs. Les données bancaires étant très sensibles, la DSP2 instaure des normes de sécurité strictes et impose notamment une d’authentification forte, qui restait, avant l’apparition de cette nouvelle directive, seulement recommandé mais pas obligatoire.
L’authentification forte caractérise le fait que l’utilisateur, pour justifier son identité, doit répondre à au moins deux des trois conditions suivantes :
- Un mot de passe ou un code que seul l’utilisateur connaît
- Un appareil (téléphone mobile, carte à puce, etc.) que seul l’utilisateur possède
- Une caractéristique personnelle du client (empreinte digitale, reconnaissance vocale ou faciale).
Les banques, différentes par leurs architectures et les programmes informatiques qu’elles utilisent, ont besoin d’éléments pouvant leur permettre d’échanger à travers leurs systèmes très hétérogènes. C’est là que les API (Application Programming Interface) interviennent en permettant aux programmes informatiques de dialoguer. Ces API désignent un ensemble de classes, de méthodes, de fonctions qui servent de façade par laquelle un logiciel offre des services à d’autres logiciels. Sources de revenus pour ceux qui les conçoivent et éléments de base permettant aux DSI (Directions des Systèmes d’Information) de mieux collaborer, les API sont aujourd’hui au cœur des innovations de l’Open Banking. Elles permettent aux développeurs d’intégrer les services et données des parties tierces dans leurs propres applications.
Etat des lieux en France et en Europe
Selon une étude réalisée par Tink, plateforme d’Open Banking, le concept suscite de plus en plus d’optimisme en Europe. L’enquête a été réalisée auprès de 290 dirigeants du secteur financier répartis dans 12 pays (la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal, la Norvège, la Suède, l’Allemagne, le Danemark et la Finlande). Parmi ces dirigeants interrogés, 61% sont favorables à l’Open Banking mais une minorité (42%) n’a pas de politique bien élaborée sur la stratégie à définir pour tirer profit du concept. Parmi les sondés, 52% sont plus beaucoup plus favorables à l’Open Banking en 2020 qu’ils en étaient en 2019 et 59% considèrent l’Open Banking comme une réelle opportunité qui peut transformer leur organisation. Cela s’explique notamment par la multiplication des partenariats avec les fintechs. Sur ces dirigeants sondés, 22% ont des partenariats avec les fintechs et 69% comptent les augmenter en 2020 par rapport à 2019.
Quelle est la place de la France dans ces sondages ?
La France est beaucoup plus optimiste que la moyenne européenne en matière d’Open Banking. Arrivant en sixième position après la Belgique, le Royaume Uni, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark, 65% des dirigeants français du secteur financier sont favorables à l’Open Banking contre 61% en moyenne européenne. Mieux, la France arrive en tête de liste avec 77% des dirigeants indiquant que les opportunités de l’open Banking sont reconnues au sein de leurs entreprises contre 59% au niveau Européen. Sur les sondés, 23% des dirigeants français ont indiqué que leurs organisations ont des partenariats avec les fintechs, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne européenne de 22% mais la France arrive toutefois en quatrième position après la Belgique, le Royaume Uni et la Norvège.
Globalement, l’Europe semble déterminée à moderniser son système bancaire par l’inclusion de tous les acteurs impactés par celui-ci. Si elle semble alignée sur cette innovation, il y a peut-être des régions dans le monde qui sont beaucoup plus impliquées et beaucoup plus en avant en matière d’Open Banking.
Etat des lieux ailleurs dans le monde et les avancées par rapport à la France et l’Europe
Alors que l’Europe a été pionnière en matière d’Open Banking, la mise en œuvre de cette tendance technologique a été un véritable défi pour les pays membres.
Ailleurs dans le monde, certains pays sont déjà très avancés en la matière.
En Australie, le gouvernement a pris les devants en demandant aux consommateurs de faire partager leurs données par les banques et ce, depuis juillet 2020. Ces données sont relatives notamment aux cartes de crédit et débit et aux dépôts et transactions. A partir de Novembre 2020, les banques pourront partager les données des consommateurs sur les prêts hypothécaires.
A Singapour, la politique d’Open Banking est confiée à la banque centrale. La MAS (Monetary Authority of Singapore) encourage les établissements financiers à mettre en place des API pour faciliter l’innovation en matière d’Open Banking. Elle a lancé un guide de l’API en collaboration avec l’Association des Banques de Singapour à destination des institutions financières en vue d’accélérer l’innovation.
A Hong-Kong, l’autorité monétaire HKMA (Hong-Kong Monetary Authority) a mis en place une série de recommandations sur les normes et protocoles en vue d’accélérer le développement de l’écosystème d’Open Banking.
Au Japon, sous l’impulsion de l’ancien premier ministre Shinzo Abe et l’actuel premier ministre Yoshihide Suga, les institutions financières sont largement encouragées à partager les données des clients avec les fintechs, avec pour objectif, à terme, de réduire les paiements en espèces. L’ouverture des API à l’industrie du paiement est donc vivement encouragée dans ce pays.
Les États-Unis, leaders dans plusieurs domaines ne sont pas en marge de cette révolution technologique. Parallèlement à la DSP2 en Europe, la CMA au Royaume-Uni, la HKMA à Hong-Kong et d’autres initiatives à travers le monde, les Etats-Unis ont mis en place leurs propres stratégies pour encourager l’innovation. L’open Banking est une initiative du secteur bancaire contrairement à certains pays, notamment en Europe, où la règlementation sur la protection des données personnelles a été l’élément déclencheur du changement. Par exemple, Plaid, start-up basée à San-Francisco, connecte les comptes bancaires à des milliers d’applications et aide les utilisateurs à gérer leurs données financières. Cette start-up a attiré de nombreux investisseurs, notamment Goldman Sachs, Citi, Google et American Express en développant des API pour partager des informations bancaires et autres données financières. La majorité des fintechs s’orientent vers Plaid pour l’alimentation de leurs applications. D’autres concurrents tels que Teller, se sont engagés dans la même direction que Plaid.
Focus sur les innovations à venir
Le mouvement Open Banking a commencé avec le secteur bancaire mais il s’étendra bientôt à tous les secteurs d’activités : gouvernement ouvert, soins de santé ouverts, etc. Basé sur l’utilisation des données, le concept laisse la place aux nouveaux entrants sur le marché définissant ainsi les standards sur lesquels tous les acteurs devront s’aligner. 90% des banquiers pensent que l’Open Banking est un levier de croissance pouvant stimuler la croissance organique jusqu’à 10%. Pour garder leur place acquise dans l’Open Banking, les banques devront capitaliser sur leurs forces et inclure les partenariats avec les fintechs dans leur ADN car cela permet l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché et permet aux banques d’être plus compétitives en proposant des services complémentaires.
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