La data au service de la rentabilité des néo banques de demain
A l’occasion de la publication du dernier panorama consacré aux transformations dans le secteur bancaire à l’ère de la fintech, le club d’expertise banque finance revient sur les stratégies et les modèles adoptés par les néo banques et les acteurs traditionnels.
Plus de 10 ans après la création des principales néo banques, ces structures peinent encore à dégager des bénéfices positifs. S’il est clair que la pandémie COVID 19 contribue à changer les habitudes quotidiennes des clients des banques traditionnelles et que le recours aux plateformes en ligne et mobiles connaît une forte hausse en période de confinement, nul ne sait si ces habitudes vont se pérenniser à long terme. Les acteurs du marché doivent donc trouver de nouveaux leviers de création de valeur, d’autant plus quand les leviers existants ont tous d’ores et déjà été activés
Quels objectifs pour les nouveaux entrants ?
Depuis la libéralisation du secteur bancaire, sous l’effet des évolutions réglementaires (DSP), les nouveaux entrants se sont engagés dans une course effrénée vers l’acquisition de nouveaux clients actifs. Ces derniers n’hésitent pas à financer cette activité en offrant volontiers des primes d’entrée ainsi que de parrainage, ce qui renchérit le coût d’acquisition des clients. L’objectif à court terme est donc de développer le capital de clients plutôt que de rechercher la rentabilité.
A moyen terme, ces nouveaux entrants vont devoir repenser leur modèle en proposant une nouvelle approche de la banque, plus agile et diversifié pour offrir de nouveaux services aux clients. Ainsi, les néo banques seront en capacité de conserver et peut être d’accroître leurs parts de marché, et de rentabiliser leur activité.
Qui finance les néo banques ?
Dans cette phase d’ouverture du marché, les nouveaux acteurs sont en constante recherche de financement pour supporter leurs investissements d’acquisition de clients et de technologies nouvelles. Certaines néo banques dépendant directement des banques traditionnelles sont donc naturellement financées par l’activité historique des banques. Les nouveaux acteurs, quant à eux, réalisent de nombreuses levées de fond dans l’espoir de rentabiliser un jour ces investissements, lorsque le marché atteindra son point d’équilibre.
Quels sont les facteurs clés de succès sur ce marché ?
Pour gagner un maximum de part de marché, les acteurs misent principalement sur les nouvelles technologies. Ils mettent en place des applications mobiles et des plateformes web user friendly avec un soin particulier sur des parcours client rapides et simplifiés. Dans ce contexte, le processus d’ouverture de compte est réduit au strict minimum et toutes les technologies disponibles sont mobilisées pour optimiser les temps de souscription et de traitement (reconnaissance de documents et de textes, intelligence artificielle, chatbot …)
Par ailleurs, certains établissements se concentrent sur une offre réduite en proposant des prix très concurrentiels, tandis que d’autres proposent une gamme plus étendue de services financiers. Généralement, les acteurs adossés à des banques traditionnelles ou des distributeurs font le choix de la diversification, tandis que les Fintech optent pour des solutions spécifiques de niches.
Quelles sont les prochaines tendances du secteur ?
Dans la phase de développement, les acteurs n’ont pas encore réussi à exploiter pleinement leur capital principal : la donnée client. En effet, les fonctionnalités consommatrices de données sont peu nombreuses. On retrouve notamment l’utilisation de la géolocalisation pour renseigner sur le distributeur ou l’agence la plus proche. Mais ces fonctionnalités apportent peu de valeur ajoutée pour les clients, et peu ou pas de bénéfice pour la banque. Dans les prochaines années, les néo banques devraient mettre le focus sur l’exploitation des données client dans le but de créer de la valeur.
Parmi les données collectées, on compte notamment les informations d’identification du client : ge, sexe, lieu de résidence, situation familiale, situation professionnelle…
Les banques disposent aussi des informations liées aux opérations financières des clients : virements, chèques, paiement mobile ou par CB, destinataires du paiement et montant des transactions…
Ces dernières renseignent aussi sur les habitudes d’achats en termes de lieu, catégorie de dépenses, montant d’épargne mensuelle, charges fixes telles que les assurances, loyers, leasings…
La richesse de ces données pourrait conduire la banque à proposer de nombreux services et produits qui apporterait une réelle valeur pour les clients, et qui servirait l’objectif de rentabilité à moyen terme.
On s’attend par exemple à se voir proposer des offres d’épargne ou de crédit en fonction de nos habitudes et de nos besoins. On pourrait aussi imaginer que la banque nous propose des offres promotionnelles en matière d’assurance ou de leasing.
La banque pourrait aussi se placer comme fournisseur de données comme le font les GAFA et ainsi valoriser ce capital en dehors de sa zone d’activité. Ainsi, la valeur des banques résiderait dorénavant dans la quantité de données dont elles disposent, plutôt que dans la quantité de capitaux qu’elles gèrent.
Toutes ces activités posent, bien entendu, la question du respect de la vie privée et de la limite du profilage, mais ouvrent dans le même temps un champ de possibilités et de piste de réflexion qui pourrait bien changer la donne en matière de rentabilité.
Pour aller plus loin dans la compréhension des stratégies et des modèles des néo banques et des acteurs traditionnels
N’hésitez pas à consulter le Panorama. Dans ce document vous découvrirez les évolutions réglementaires qui ont permis une ouverture du marché bancaire. Vous y trouverez aussi un tour d’horizon des principales néo banques, de leurs offres ainsi que des technologies qu’elles mobilisent pour s’imposer dans l’arène concurrentielle.
Pour aller plus loin, téléchargez le panorama dans son intégralité.
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