La place de la taxonomie verte en Europe ?
Les rapports du GIEC se succèdent et alertent sur le futur de la planète et ses ressources. Parmi les réponses économiques qui ont été proposées ces dernières années, nous pouvons retrouver la Taxonomie Verte, qui a été présentée en 2018 dans le cadre du plan d’action pour une finance durable. Elle a été adoptée par l’Union européenne en 2020.
Elle s’inscrit dans l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 défini par le Pacte vert européen.
C’est quoi cette taxonomie ?
La classification des activités économiques, également appelée "taxonomie verte", est un système de classification des différentes activités économiques en fonction de leur impact sur l'environnement et sur la société. Elle a été mise en place par les gouvernements européens dans le but de promouvoir l'investissement durable et responsable.
Pour qu’une activité soit catégorisée comme “verte”, elle doit correspondre à au moins un de ces six objectifs :
- Atténuer le changement climatique
- S’adapter au changement climatique
- Utiliser de façon durable et protéger les ressources aquatiques et marines
- Pousser vers une économie circulaire
- Contrôler la pollution
- Protéger et restaurer la biodiversité et les écosystèmes
Elle permet de classer les activités économiques en différentes catégories, selon leur degré de durabilité.
En mettant en place la taxonomie verte, les gouvernements européens espèrent inciter les investisseurs à choisir des activités économiques qui sont bénéfiques pour l'environnement et pour la société. Cela peut contribuer à soutenir le développement durable, à réduire les impacts négatifs de l'économie sur l'environnement, et à créer des emplois verts et durables.
De plus, la classification de la taxonomie verte doit respecter un second critère qui est DNSH (Do No Significant Harm). L’objectif est de faire en sorte qu’aucune activité qui respecte une des 6 catégories n’entre en contradiction avec les 5 autres.
Ainsi, 90 activités économiques sont recensées pour des entreprises de plus de 500 employés.
En résumé : La taxonomie va offrir aux investisseurs un critère supplémentaire qui pourrait permettre d’identifier les entreprises qui œuvrent pour le développement durable. Cette taxonomie est l’un des moyens mise en œuvre par l’Union Européenne pour influencer l’économie néo-libérale prédominante en occident.
La taxonomie verte : une incitation, une contrainte ou les deux ?
Le pari qu’a voulu prendre l’Union européenne est de créer une transparence qui attirera assez de capitaux verts pour pousser les entreprises à retravailler leurs modèles économiques.
Cette taxonomie pourrait également être une incitation à l’innovation. En effet, cette dernière a pour but d'accroître la compétitivité des 27 pays de l’UE. L’innovation permet également de créer de nouveaux marchés et donc de nouvelles opportunités de rentabilité et de croissance.
L’UE compte sur un financement double, à la fois public et privé, pour donner un coup d’accélérateur à cette transformation étalée sur les 10 prochaines années.
Suivant cette accélération, 1 000 milliards d’euros ont été annoncés en 2020 par la Commission européenne pour ainsi marquer le coup afin de sortir de l’intention et d’entrer dans l’action.
Du côté de la contrainte, nous pouvons prendre l’exemple de la décision qui a été prise par le Parlement Européen en juin 2022. Cette décision interdit la vente de véhicules neufs à moteur thermique au sein de l’Union européenne à compter de 2035. Les entreprises concernées par cette vente de véhicules à moteur thermique pourraient perdre des aides et financements des États tout en s’exposant au fait de ne plus pouvoir commercialiser leurs voitures sur le territoire des pays de l’UE.
Par conséquent, la taxonomie sera l’un des outils utilisés pour encourager les investissements dans les projets respectant au moins l’un des 6 objectifs permettant de catégoriser une activité comme “verte”. Par ailleurs, on pourrait peut-être voir apparaître une” taxonomie carbonée" pour identifier les activités émettrices de GES. Toutefois cette solution n’est aujourd’hui pas proposée par l’UE, afin de ne pas stigmatiser les entreprises et les pousser à changer d’elles-mêmes leur stratégie bas carbone.
Limite de la taxonomie verte :
Maintenant que nous avons identifié les objectifs de cette taxonomie, nous pouvons nous intéresser aux limites. En effet, la taxonomie ne va pas permettre de résoudre tous les problèmes liés au réchauffement climatique.
La réalisation de projets visant à la décarbonation pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris ne dépend pas que des financiers, elle implique plus largement tous les acteurs de l’économie.
Par exemple, il faudrait que les Etats lancent les bons projets et votent les lois adéquates, que les consommateurs achètent les produits issus des “activités vertes” et que les entreprises investissent dans les technologies plus respectueuses de l’environnement.
La taxonomie, quant à elle, a été adoptée pour orienter les flux financiers issus de la planche à billet (banque centrale européenne et les banques privées) sur des “projets vert”. Elle ne permet pas pour autant l’arrêt de projets carbonés pouvant être financés par l’épargne des entreprises.
Cette taxonomie vient comme un outil aidant les financiers à investir dans les activités vertes sans forcément influencer leurs objectifs de rentabilité, ce qui va permettre d’orienter le système économique vers une stratégie de décarbonatation qui n’est pas nécessairement nominale.
Pour atteindre l'objectif de l’accord de Paris, fixé à zéro émission de gaz à effet de serre en 2050, il faudra que tous les acteurs économiques travaillent ensemble et fassent évoluer leur modèle économique, notamment en revoyant leur stratégie d’entreprise. La responsabilité est donc bien répartie sur plusieurs niveaux : Etats, Entreprises, Financiers, Consommateurs. Il n’est plus l’heure de parler d’incitation, mais bien de passer dans la phase d’action !
Le sujet vous intéresse ? Nos experts vous répondent
La transformation numérique prend de plus en plus de place dans les métiers des acteurs de l’Énergie & Utilities. mc2i apporte conseil et savoir-faire pour accompagner efficacement les acteurs de ce secteur.
Forts de nos multiples expériences, nous répondons efficacement aux besoins grandissant de nos clients de l'Energie et des Utilities en apportant une convergence entre le Métier et les Systèmes d’Information.