Comment une entreprise peut-elle efficacement contribuer à la neutralité carbone ?
À l’heure où le GIEC publie le volume 2 de son sixième rapport d’évaluation et met l’accent sur les impacts du réchauffement climatique sur le continent africain, qui a pourtant le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre (ou GES), la nécessité d’atteindre une neutralité carbone se fait d’autant plus pressante.
A quelle échelle faut-il parler de neutralité carbone ?
Pour atteindre la neutralité carbone, deux leviers sont nécessaires : réduire les émissions de GES et séquestrer le CO2 dans des puits de carbone, systèmes qui absorbent plus de carbone qu’ils n’en émettent. On notera qu’on différencie les puits biologiques (les océans, les forêts…), des puits technologiques (qui capturent artificiellement du carbone et le piègent dans des formations géologiques profondes, d’anciens puits de pétrole…).
La neutralité consiste à équilibrer les flèches entrantes rouges (émissions de GES) avec les flèches sortantes vertes (puits de carbone).
L’échelle à laquelle on cherche à atteindre la neutralité carbone est d’une importance cruciale car celle-ci n’est pas directement transposable à un territoire infrarégional, une entreprise ou un citoyen.
D’abord, certains acteurs émettent plus de gaz à effet de serre que d’autres. En 2018, la production d’électricité reste le premier secteur émetteur de CO2 dans le monde, avec 41 % du total des émissions dues à la combustion d’énergie. Elle est suivie par les transports (25 %) et l’industrie (18 %, y compris la construction). En France, ce sont les transports qui arrivent en première position (41%) tandis que l’électricité représente 12% des émissions.
Il faut toutefois noter que certains secteurs, par la nature de leurs activités, pourront difficilement réduire leurs émissions directes dans les délais impartis. Il faut alors se placer à une échelle plus large et chercher à séquestrer autant de gaz que l’on en émet, pour atteindre une neutralité carbone arithmétique.
Cette échelle doit être suffisamment grande pour s’affranchir des inégalités interterritoriales. Par exemple, le département des Landes, doté d’un patrimoine forestier important pourra plus facilement séquestrer* du carbone que le département de Paris.
Enfin, traiter l’objectif de neutralité carbone à une échelle trop globale permet aux acteurs de masquer le fait qu’il existe encore des leviers d’actions sur leurs propres périmètres d’activités et suggère de manière trop simpliste qu’ils sont neutres en carbone.
Une entreprise pourrait par exemple financer un projet de reforestation moins coûteux, à l’autre bout du globe, séquestrant autant de GES qu’elle en émet, au lieu d’investir dans un réel projet de décarbonation de son activité.
*Dans son avis sur la neutralité carbone, l’ADEME insiste sur la distinction entre “absorber” et “séquestrer”. En effet, si une forêt ancienne capture effectivement le CO2, les gaz absorbés par le champ d’un producteur de sapins de Noël seront remis dans l’atmosphère rapidement après la coupe.
Quelles sont les solutions pour diminuer son empreinte carbone ?
Dans ses quatre scénarios transition 2050, l’ADEME montre que l’atteinte de la neutralité carbone ne peut se passer des puits naturels de CO2. Cependant, ces derniers relèvent avant tout de la responsabilité des états (via les parcs nationaux, zones naturelles protégées…), appuyés par les entreprises s'efforçant de ne pas détruire les puits de carbone naturels (par exemple en évitant les activités encourageant la déforestation).
Les puits technologiques, quant à eux, sont une technologie trop peu mature pour pouvoir y investir l’espoir de respecter l’échéance de neutralité à horizon 2050. L’essentiel des efforts d’une entreprise pour réduire son empreinte carbone réside donc dans sa capacité à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Pour ce faire, nous avons identifié ici trois leviers applicables à tout secteur : l’efficience technologique, le remplacement d’usage et la sobriété.
L’efficience technologique regroupe toutes les solutions techniques permettant de réduire, pour un même usage, l’empreinte carbone du système permettant cet usage. Dans ce grand bloc on peut placer des solutions très diverses.
- L’abandon de technologies polluantes, comme les moyens de production d’électricité très carbonés.
- L’amélioration de processus industriels comme l’utilisation d’hydrogène par électrolyse de l’eau dans la production d’acier.
- L’amélioration du rendement énergétique d’une machine, ou du rendement thermique d’un bâtiment par exemple.
Le remplacement d’usage correspond à toutes les activités pouvant être réalisées en utilisant un système moins carboné. Ce type de solution est très souvent mentionné dans le secteur des transports, avec le développement de modes de transports électriques. L’utilisation du train pour les déplacements professionnels et l’acheminement de marchandises, quand c’est possible, est une mesure de remplacement d’usage en entreprise.
Il existe aussi des remplacements d’usage au niveau informatique, comme l’utilisation de plateformes partagées plutôt que l’usage de mails pour les transferts de documentation, ce qui permet la réduction du stockage de données dans les data centers très énergivores.
Enfin la sobriété, c'est-à-dire la diminution des consommations d’énergie et de biens, est le dernier type de solution permettant de contribuer à la neutralité carbone. Les solutions relevant de la sobriété regroupent par exemple les économies d’énergie, la limitation des déplacements, ainsi que la lutte contre l’obsolescence des produits et outils.
Ces trois types de leviers sont complémentaires, et aucun ne peut être oublié pour parvenir à l’objectif ambitieux de neutralité.
La neutralité carbone est un objectif global qui ne peut, ni ne doit, se faire sans la participation de tous. À toutes les problématiques techniques et politiques induites par les transformations nécessaires pour atteindre ce but, s’ajoute un défi de compréhension.
Qu’est-ce que la neutralité carbone ? Comment y parvenir de manière efficace? Ces questions s’imposent aux entreprises lors de la définition de leur stratégie, pour prendre des trajectoires cohérentes avec les enjeux écologiques actuels.
Les initiatives politiques, associatives et professionnelles, bien que de plus en plus nombreuses, ne suffisent pas à garantir la neutralité carbone à l’horizon 2050, amenant le monde dans une trajectoire de réchauffement climatique imprévisible.
Face à ce défi global et abstrait, l’évolution des mentalités, des modes de consommation et des positions politiques sera-t-elle assez rapide pour permettre à des actions d'envergure d’émerger, et nous mener vers un avenir moins alarmant ?
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