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La voiture autonome : enjeux et opportunités

26 novembre 2020
Energie et utilities
Transport et mobilités

Accompagnant des acteurs du transport dans la mise en œuvre et refonte de leurs systèmes d’informations, le cabinet de conseil mc²i Groupe effectue tout au long de l’année un travail de veille pour ses clients.

Le sujet des véhicules autonomes étant au cœur de leurs réflexions actuelles, mc²i Groupe s’est intéressé à ce marché émergent, notamment à ses enjeux, afin de dresser un état de l’art et de déceler les opportunités qu’il représente. Une prospective que le cabinet a formalisée dans un état de l’art, dont il livre aujourd’hui les principaux enseignements.

Des enjeux multiples et complexes

Le cabinet mc²i Groupe a identifié plusieurs enjeux autour de la voiture autonome, qui devront être pris en compte pour favoriser son adoption par le plus grand nombre.

Les enjeux sécuritaires
Bien que, sur le plan sécuritaire, la voiture autonome semble améliorer les choses en excluant le facteur humain et en réduisant donc le risque d’accident, cette nouvelle technologie comprend aussi son lot d’incertitudes :

  • Des véhicules sensibles aux attaques de hackers, qui pourraient prendre les commandes de la voiture et détourner sa trajectoire.
  • Le fait de ne plus être obligé de garder les mains sur le volant et les yeux sur la route pourrait faciliter la tâche des criminels dans leurs actions.
  • Bien qu’en cours d’amélioration, les technologies actuelles peuvent être perturbées par les conditions météorologiques (fortes intempéries, brouillard épais, pluies torrentielles,...) de même que par l’état du réseau routier.

Les enjeux réglementaires
En termes de réglementation, là aussi de nombreuses questions se posent :

  • Tout le monde aura-t-il le droit de posséder ce type de voiture ?
  • Le permis de conduire sera-t-il toujours obligatoire ?
  • À partir de quel âge pourra-t-on utiliser seul une voiture autonome ?
  • Qui sera responsable en cas d’accident ? Le « conducteur » devenu un simple passager et ne maîtrisant plus le véhicule ou l’ordinateur de bord et donc son fabriquant ?
  • Les routes devront-elles être équipées de nouveaux capteurs ou systèmes de signalisation ? À Londres, on parle déjà de revoir le modèle urbain dans le but d’accueillir prochainement ces voitures.

Autant d’interrogations qui restent aujourd’hui quasiment sans réponses et qui devront être sérieusement étudiées dans les prochaines années.

Les enjeux sociaux
Certes, depuis plusieurs années, l’électronique a pris une part de plus en plus importante dans la conception des véhicules et les systèmes d’aide à la conduite se multiplient. Pour autant, sommes-nous prêts à un changement plus radical ? Selon une étude menée par l’observatoire Cetelem en 2016, même si 3 automobilistes sur 4 pensent que la voiture autonome deviendra une réalité d’ici quelques années, seulement 55% d’entre eux assument l’idée d’en acheter une.

Au cœur de leurs réticences :

  • La sécurité, certains doutant de la fiabilité du système quant à sa capacité à se faufiler à travers des routes chargées ou encore à faire attention à l’environnement extérieur (piétons, motos, vélos…), pas toujours respectueux du code de la route.
  • La protection et l’usage que feront les constructeurs des données personnelles enregistrées par le véhicule.
  • La perte du simple plaisir de conduire.
  • La pérennité de ces véhicules, avec des modèles qui pourraient vite être dépassés au regard de l’évolution ultra rapide de ces technologies.

Les constructeurs automobiles, ainsi que les nouveaux entrants (Google, Apple…) vont donc devoir s’armer d’arguments solides pour tenter de réconforter les sceptiques, qui regardent d’un mauvais œil l’entrée sur le marché de ces véhicules autonomes.

Les enjeux éthiques
Malgré les nombreux avantages apportés par la voiture autonome, il est légitime de se demander quelle sera la réaction de ces engins face à une situation d’extrême urgence. Ils seront en effet amenés, à un moment ou un autre, à prendre des décisions vitales, comme choisir entre sauver la vie d’un piéton plutôt que celle du conducteur, d’un adulte plutôt que d’un enfant… Quels principes moraux devront alors être paramétrés dans les algorithmes de ces voitures ? Et seront-ils facilement acceptés par la population ?

Les enjeux économiques et technologiques
Ces derniers sont de plusieurs ordres :

  • Le prix, qui reste un frein majeur à l’adoption de ces technologies, dont les coûts sont aujourd’hui encore prohibitifs (85 000 $ l’unité pour le système de cartographie à 360° en temps réel le plus populaire, LIDAR).
  • L’autonomie des batteries, suffisante pour de courts trajets quotidiens, mais pas pour de longs déplacements/périples.
  • La cohabitation des véhicules autonomes et non autonomes, avec une période de transition inévitable.
  • La communication entre véhicules de modèles et d’algorithmes différents.
  • La mutation des secteurs de l’automobile et du transport, bouleversés par l’arrivée de nouveaux acteurs (Google, Apple…), ce qui pourrait également entraîner des licenciements de masse (équipementiers, mais aussi chauffeurs de bus, de taxis ou de poids lourds, ramassage des ordures…). Seul le secteur de la santé pourrait être impacté positivement, avec la promesse d’un risque d’accident proche de 0, qui engendrerait alors une réduction de 30 000 hospitalisations par an, rien qu’en France, soit 4 milliards d’euros d’économie.
  • Enfin, en cas d’infraction, qui aura la légitimité pour stopper un véhicule autonome ?

Des opportunités autour de l’évolution des SI

Si ces enjeux sont cruciaux, il existe cependant de réelles opportunités de faire évoluer en profondeur les méthodes de travail et les systèmes d’informations des différents acteurs qui gravitent autour du transport.

Maintenance et réparation des véhicules
L’introduction de véhicules autonomes engendrera de profonds changements en termes d’emplois, nécessitant soit une adaptation, soit une mutation du facteur humain.

Cela passera par :

  • Un parcours client repensé : auparavant, le propriétaire devait régulièrement faire contrôler son véhicule. Avec l’arrivée de véhicules autonomes, la maintenance préventive fait son apparition. La voiture sera désormais elle-même en liaison directe avec le garage chargé de sa réparation.
  • Des formations dans le secteur de la maintenance/réparation automobile, qui devront être complètement revues. En plus des connaissances théoriques et techniques autour d’un véhicule, le mécanicien devra désormais posséder un bagage propre à ces nouvelles technologies.
  • La mise en place de politiques de conduite du changement pour faire face aux comportements réfractaires de certains.

Les assurances
Au niveau des assurances, la voiture autonome aura, là encore, un impact important. Sans conducteur, difficile de savoir qui est en tort lors d’un accident. Toutefois, ces véhicules étant entièrement connectés et équipés de diverses technologies, ils vont produire une grande quantité de données, qui facilitera le travail des assureurs. Par exemple, il sera possible de reconstituer avec précision les faits au moment de l’accident. Quant aux constats au format papier, ils évolueront vers un système automatisé. Les projets de SI dans le secteur des assurances risquent donc d’être nombreux dans les prochaines années.

Les infrastructures
L’infrastructure des villes et la voierie en général vont également devoir être modifiées pour accueillir les voitures autonomes. Les panneaux de signalisation, entre autres, renseigneront certainement le système de navigation embarqué, permettant de détecter des indications routières en toutes circonstances, peu importe la météo. Les routes pourraient également être équipées de systèmes d’informations, capables de transmettre des données sur la circulation en temps réel, afin de limiter les risques d’embouteillages. Tout cela aura nécessairement un impact sur les acteurs du BTP et sur leurs outils de travail.

La circulation
Si les voitures autonomes sont conçues pour détecter les obstacles de l’environnement, elles seront incapables de réagir au signal d’un agent de la circulation, par exemple. Ce problème va donc nécessiter la création d’objets connectés, permettant aux personnels de la route de guider ces véhicules en toute sécurité.

Pour conclure, il est important de souligner le fait que la voiture autonome va impliquer de nombreux changements technologiques, qui auront eux-mêmes un impact significatif sur les systèmes d’informations. Ceux d’aujourd’hui devront évoluer et de nouveaux verront le jour, afin de s’adapter à ces innovations : autant de défis qui s’annoncent passionnants !