La gestion intelligente de l’eau, nouvel eldorado des industriels ?

Au cours des 100 dernières années, la consommation d’eau mondiale a augmenté deux fois vite que le taux de croissance de la population. D’après un nouveau rapport commun de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’UNICEF, « quelques 2,1 milliards de personnes, soit 30% de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable et 4,5 milliards ne disposent pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité ». Ajoutons à cela le facteur du réchauffement climatique et nous avons tous les ingrédients pour une nouvelle crise humanitaire mondiale. Les pays les plus impactés pourront même voir leur PIB reculer de 6%. Différentes stratégies peuvent être mises en place selon les pays concernés. Les plus développés doivent protéger leur ressource et éviter sa pollution alors que ceux en développement doivent assurer à leur population l’accès à un réseau d’eau potable et d’assainissement performant.
Besoin d’une meilleure utilisation de la donnée
Pour les pays développés, la gestion intelligente passe avant tout par la collecte et valorisation des données transmises par les nouveaux smart grids. Pour cela, il faut être capable de la collecter et de la transporter, de la traiter et enfin de la visualiser à travers différents outils (IHM, SIG, Simulation 3D, etc.) D’après l’étude prospective du ministère de l’économie, de l’industrie et du numérique, six technologies permettront de répondre à ces problématiques :
- capteurs, IoT
- modélisation numérique
- intelligence des données massives
- intelligence artificielle
- réseau 5G
- diagnostic qualité eau/air/sol.
Pour capter un marché en forte progression, la France dispose d’atouts solides. Ses principaux acteurs industriels (Veolia, Suez, Saur) sont bien implantés à l’international. Par ailleurs, ils se sont déjà engagés dans des collaborations avec des PME et des acteurs académiques pour développer des offres intégrées de gestion intelligente de l’eau.
Qu’en est-il du marché français ?
En France, deux technologies « smart water » permettent d’améliorer considérablement la gouvernance du réseau.
Tout d’abord le smart water metering, ou autrement dit « compteur communiquant » est actuellement l’objet connecté le plus répandu en France. Veolia et sa filiale m2ocity en ont installé plus d’1,5 millions ! Grâce à ces appareils, le particulier peut suivre en temps réel sa consommation mais peut aussi repérer plus rapidement une fuite à son domicile. L’installation de ces capteurs permet aussi aux collectivités de programmer plus rapidement les interventions sur le réseau en cas de fuite.
De plus, avec 50% des 900.000 km de canalisation construits avant les années 1970 et 20% d’eau potable perdue lors de sa distribution, les solutions smart network (réseau intelligent) peuvent permettre de collecter les données nécessaires à la réduction de ce gaspillage.
Ces deux technologies sont actuellement déjà utilisées par le projet Hublo de Veolia pour l’agglomération lyonnaise. Afin d’aller plus vite dans le développement de cette solution, un partenariat a été trouvé entre Veolia et IBM lors renouvellement du contrat de la gestion de l’eau de la métropole Lyonnaise. Un système de supervision géant a été développé par IBM et permet à l’industriel français de suivre en temps réel l’état du réseau, de détecter les fuites et de contrôler la qualité de l’eau.
Plus généralement, les 3 grands industriels français (Veolia, Suez, Saur) innovent en permanence afin de proposer de nouvelles solutions à leurs clients. Afin d’améliorer la valorisation des nouvelles données, ceux-ci cherchent maintenant à s’allier aux entreprises de services technologiques (Google, IBM etc.) afin de fusionner leurs savoir-faire respectifs.
La question de la gestion de l’eau étant cruciale, ces nouveaux projets sont les fondements de la ville intelligente qui à terme doit permettre aux différents acteurs de récupérer et exploiter les données à travers des formats standards.