Smart Grids : Changement d’échelle ?
Les Smart Grids aussi appelés « réseaux intelligents », sont loin d’être une nouveauté. Les expérimentations et déploiements ne se comptent plus afin de moderniser le réseau électrique et d’accroître l’attractivité du territoire.
Le 18 février dernier, le Syndicat Départemental d’Energie et d’equipement du Finistère (SDEF) a d’ailleurs fait de son département le premier territoire Smart Grid. Mais les enjeux actuels des Smart Grids sont bien plus ambitieux que leur mise en place à l’échelle locale. Nouveaux services de flexibilité et expansion à l’échelle nationale voire européenne constituent les prochaines opportunités et étapes de développement pour les Smart Grids.
Développer les nouveaux services et marchés
Les Smart Grids ont permis d’élargir le champ des possibilités pour chaque acteur en lien de près ou de loin avec le réseau électrique.
RTE, le transporteur français d’électricité est un acteur incontournable des Smart Grids. La question aujourd’hui au cœur des réflexions de RTE ne porte plus sur la façon de mettre en place ces réseaux intelligents, la réponse est déjà bien maîtrisée. Elle concerne plutôt la mise en place de solutions de flexibilité Smart Grids, telles que le stockage ou la modulation de la demande. L’enjeu dans les années à venir pour RTE est de déterminer le mix de solutions de flexibilité le plus pertinent à déployer à la maille nationale en tenant compte des spécificités locales du réseau. Les attentes sont nombreuses : accroître la sécurité d’approvisionnement, améliorer la gestion des congestions, réduire les pertes sur le réseau et ainsi éviter la construction de nouveaux moyens de production. À l’horizon 2030, les bénéfices associés au déploiement de ces solutions Smart Grids seraient de 400 M€/an.
Concernant les gestionnaires de réseau, Enedis a depuis plusieurs années démontré sa volonté d’investir dans le réseau « Smart » de demain avec notamment le déploiement massif de ses compteurs communicants et de projets innovants tels qu’Issy Grids. Ce projet qui a fédéré avec succès des acteurs variés pendant six ans, se présente comme un pionnier de la dynamique portée par les villes françaises sur les sujets Smart Grids et l’optimisation énergétique. L’objectif affiché par Enedis est désormais d’industrialiser ce type de projet en prenant en compte les particularités locales. Mais le gestionnaire de réseau compte aller plus loin en déployant différentes solutions de flexibilité Smart Grids telles que l’écrêtement de production qui consiste à limiter le niveau d’injection de production afin de garantir aux collectivités une gestion optimisée du réseau public et une continuité de fourniture à un coût optimal.
Les fournisseurs d’électricité ont également pris la mesure de l’enjeu des Smart Grids. Avec la collecte des nouvelles données sur les réseaux d’énergie, ils vont pouvoir mettre en place une segmentation des clients plus précise et ainsi développer des offres de services personnalisés. Au-delà de cette approche « push » du fournisseur vers le client, ce-dernier devient de plus en plus acteur et demandeur grâce aux nouvelles informations sur ses consommations qui lui permettent d’optimiser ses dépenses énergétiques. Ce nouveau type de relation facilite l’émergence de nouveaux services propres aux Smart Grids tels que l’auto-consommation et le vehicule-to-grid. Autant d’opportunités pour amorcer la transition “Consom’acteur” !
Investir pour réussir le changement d’échelle
Les projets Smart Grids à l’échelle nationale doivent continuer sur leur lancée. Depuis dix ans, 120 projets nationaux ont été lancés en France, dont trois projets industriels majeurs depuis 2016 avec Smile (en Bretagne), You&Grid (en Hauts-de-France) et FlexGrid (en PACA). Pour la mise en place d’un réseau national intelligent, cela implique de continuer et d’accentuer les efforts de modernisation du réseau. RTE et Enedis prévoient d’investir respectivement 33 et 69 milliards d’ici 2035 dans leurs réseaux et le développement de nouveaux services.
En parallèle, près de mille projets Smart Grids sont déjà en cours en Europe, dont environ un tiers sont transnationaux. En moyenne, il faut compter 4,7 millions d’euros pour un projet smart grid national, et 7,5 millions d’euros pour un projet international comme le projet Interflex. Doté d’un budget de 23 millions d’euros, il rassemble cinq pays (Allemagne, France, Suède, Pays-Bas et République Tchèque) autour de thèmes centraux propres aux Smart Grids tels que la flexibilité de la demande, l’efficacité énergétique et le stockage de l’énergie.
L’ambition est de construire des « Super Grids ». Autrement dit, des réseaux transeuropéens intelligents permettant de lisser la production d’électricité, en prenant en compte une production décentralisée avec une répartition des flux et du stockage optimisée.
Un besoin de coordination et de sécurité
L’industrialisation de solutions Smart Grids représente un fort besoin de coordination entre les différents acteurs. En France, un certain nombre d’institutions publiques (MEDDE, ADEME, ANCRE) fédèrent l’écosystème français des Smart Grids en réunissant ses parties prenantes au niveau national (collectivités, fournisseurs, entreprises technologiques, centres R&D). Le passage à une échelle européenne nécessite de disposer d’une gouvernance “transparente et dynamique” fait partie des principaux points d’attention du cadre de travail européen pour le climat et l’énergie à l’horizon 2030 (EU’s 2030 Climate & Energy Framework).
De par leur usage des NTIC et le nombre d’acteurs qu’ils engagent, les Smart Grids présentent un autre enjeu de taille : la cybersécurité. En 2018, 4 300 attaques ont été relevées sur le réseau français. La sécurité des données relatives au réseau doit s’inscrire au cœur des préoccupations et surtout au sein de toutes les nouvelles solutions industrialisées (cybersécurité dite by design). En ce sens, l’arrivée de standards européens en la matière est un bon premier pas (IEC 62351).
Les Smart Grids ont donc de beaux jours devant eux. De nombreuses solutions, projets et services Smart Grids voient le jour et s’inscrivent durablement dans le paysage français et européen grâce aux synergies entre les différents acteurs qui investissent et innovent dans ce domaine. Afin de réussir avec succès le stade d’industrialisation et passage à grande échelle de ces réseaux intelligents, les stratégies d’investissement doivent continuer dans ce sens et prendre en compte les enjeux fondamentaux de coordination et de cybersécurité.
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