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L'éco-conception numérique face aux exigences de la CSRD

Numérique responsable
04 avril 2025

Avec l’essor du numérique, son impact environnemental devient une préoccupation majeure. Les services numériques représentent aujourd’hui environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et plus de 5 % de la consommation mondiale d'électricité. Ces ordres de grandeur peuvent paraître faibles, mais si le numérique était un pays, il aurait environ 2 à 3 fois l’empreinte de la France.

La CSRD, obligations et enjeux pour les entreprises

La CSRD, Corporate Sustainability Reporting Directive, entrée en vigueur en janvier 2024, renforce les obligations des entreprises en matière de transparence et de durabilité. Elle impose un reporting extra-financier aligné sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), et accorde une attention particulière aux impacts liés aux émissions de GES, à la consommation de ressources et à la gestion des déchets.

Objectifs de la CSRD

La CSRD soutient la transition vers une économie durable alignée sur l’Accord de Paris, et répond aux attentes des parties prenantes (investisseurs, régulateurs, consommateurs). Enfin, elle garantit la fiabilité des informations grâce à des audits externes obligatoires.

Contraintes spécifiques au secteur numérique

Le secteur numérique fait face à des contraintes environnementales majeures. Il consomme une quantité d'énergie importante, dont les centres de données représentant environ 1 % de la consommation énergétique mondiale. La fabrication des équipements électroniques nécessite des ressources rares (cobalt, lithium, terres rares), ce qui entraîne une pression sur l’extraction minière. Enfin, la gestion des Déchets d'Équipements Électriques et Électroniques (DEEE) reste un défi, avec des taux de recyclage encore faibles.

La CSRD ne mentionne pas spécifiquement les DEEE en tant que catégorie distincte ou priorité explicite. Cependant, elle s’inscrit dans un cadre plus large d’objectifs de durabilité qui incluent la gestion responsable des ressources et des déchets, ce qui peut indirectement concerner les DEEE pour les entreprises impliquées dans la production ou l’utilisation de matériel électronique.
Aujourd’hui, les investisseurs, consommateurs et régulateurs exigent des engagements concrets, renforçant la nécessité de solutions comme l’éco-conception.

L’éco-conception, une réponse aux exigences de la CSRD

Qu’est-ce que l’éco-conception des services numériques ?

L’éco-conception consiste à intégrer des considérations environnementales dès la phase de conception des services numériques. Elle vise à minimiser leur empreinte écologique en réduisant leur consommation énergétique, leur obsolescence et leur impact sur les ressources.

Actions clés pour optimiser les services numériques

Pour optimiser les services numériques dans une démarche d’éco-conception, plusieurs actions concrètes peuvent être mises en œuvre :

  • Améliorer la performance énergétique : rationaliser le code des logiciels pour diminuer leur consommation d’énergie. Par exemple, limiter les fonctionnalités inutiles ou inefficaces.
  • Éviter le surdimensionnement des infrastructures : encourager des pratiques comme le recyclage des données inutilisées (sobriété numérique).
  • Limiter l’obsolescence logicielle : prolonger la durée de vie des logiciels pour éviter les mises à jour énergivores en ressources.

Un levier stratégique pour la CSRD

L’éco-conception offre aux entreprises numériques une réponse stratégique aux exigences de la CSRD tout en renforçant leur compétitivité. En réduisant les émissions de GES et en optimisant les ressources, elle s’inscrit dans une dynamique de développement durable. Cette démarche améliore la confiance des parties prenantes (investisseurs, clients, régulateurs) et valorise la notoriété des entreprises. Elle contribue également à réduire les coûts opérationnels, notamment grâce à une baisse des dépenses énergétiques et à l’optimisation des infrastructures. Enfin, en anticipant les futures régulations, l’éco-conception limite les risques réglementaires. Elle garantit ainsi une double performance : économique et environnementale.

L’éco-conception, un levier essentiel mais insuffisant

Malgré ses nombreux avantages, l’éco-conception ne peut à elle seule garantir la conformité aux exigences de la CSRD. En effet, elle fait face à des obstacles importants tels que les coûts initiaux élevés, le manque de compétences spécialisées et l’absence d’un cadre réglementaire harmonisé à l’international. Pour surmonter ces freins, il est essentiel de mettre en place un cadre global cohérent, favorisant l’harmonisation des régulations entre pays et renforçant la collaboration entre acteurs publics et privés. Des initiatives comme la standardisation des outils, des méthodologies et des formations adaptées permettront d’accélérer son adoption et de maximiser son impact.

Pour conclure, l’éco-conception est un levier stratégique pour répondre aux exigences de la CSRD, mais nécessite des efforts supplémentaires, notamment en matière de formation et d’harmonisation réglementaire, pour maximiser son impact.

 

Le sujet vous intéresse ? Nos experts vous répondent

Marie-Laure CODACCIONI
Senior Partner - Directrice de l'offre Numérique Responsable

L’avenir du numérique et la digitalisation de notre société dépendent fortement de notre capacité à mettre en œuvre des services numériques durables, inclusifs et éthiques.

Auteur Lyna Boussena
Lyna Boussena
Consultante confirmée