Conférence VRT : quelles actions et quels équipements en France pour booster la mobilité électrique ?
Le Centre d'expertise Transport & Mobilités était présent au 31ème Palmarès des mobilités organisé par le magazine Ville, Rail et Transports (VRT). Comme à chaque édition une conférence débat entre des acteurs clés du transport de voyageurs a été organisée. Cette année, cette dernière était centrée sur le thème de la mobilité électrique.
Avec la participation de :
Thierry GUINARD : Technical Director Center of Excellence Bus & Energy Transition chez Keolis
Luc LAROCHE : Directeur des Programmes Innovation Système Ferroviaire chez SNCF
François Warnier de Wailly : Directeur du programme Bus2025 chez Groupe RATP
Jean-François IRIGOYEN : Président du Syndicat des Mobilités Pays Basque-Adour
Tanguy BOTON : Directeur Flotte chez Groupe Transdev
Panorama de l'état du parc électrique actuel et objectif d'électrification :
Keolis opère plus de 25000 véhicules routiers dans le monde dont 20% utilisent des énergies alternatives. Le parc électrique est cependant encore faible en proportion puisqu'il est composé d'à peu près 1000 véhicules. L'objectif à l'horizon 2024 est de multiplier ce nombre par 2,5x sur l'urbain.
La RATP compte 800 bus électriques sur un total de 4500 bus pour le compte de IDFM. Au total 6 dépôts exploités par le groupe ont été transformés pour permettre le rechargement de ces véhicules.
Sur l'agglomération de communes du Pays basque, l'électrification a démarré en 2019 avec deux lignes de bus à haut niveau de service. Le service compte aujourd'hui 19 véhicules 100% électriques. L'AOM compte sur les nouvelles Délégations de Service Public (DSP) pour continuer à développer ce réseau.
Pour la SNCF les objectifs vont au-delà de l'électrification : l'acteur majeur du ferroviaire en France s'appuie aussi sûr :
- Les projets de train à hydrogène, alternative présentant une puissance et autonomie adaptée au fret et au transport longue distance ou alors le train à la batterie pour les trains régionaux (autonomie de 80 km).
- L'augmentation de la part du marché du ferroviaire qui est aujourd'hui de 10%, avec le report modal de la voiture vers le train.
- L'économie d’énergie avec, entre autres, l'application de l'éco conduite. Des expérimentations réalisées par le groupe ont montré que l'envoi des bonnes vitesses au conducteur permet de réduire de 20 à 25% la consommation par voyageur.
- La production d'énergie verte via notamment l'investissement dans les panneaux photovoltaïques sur les nombreux fonciers ferroviaires possédés par le groupe.
Pour Transdev l'objectif de décarbonation de la flotte passe par la décarbonation des véhicules mais aussi par la source d'énergie pour les véhicules thermiques. L'opérateur vise à réduire de 30% les émissions de CO2 dans les prochaines années.
Principaux challenges rencontrés :
Afin de pouvoir opérer des véhicules électriques, il faut réfléchir au système au global, du rechargement des véhicules jusqu’à la gestion de la flotte (tenant compte de l'autonomie des véhicules) en passant par la maintenance due à la durabilité des batteries. Ces points créent des défis d'organisation et d'investissement pour les opérateurs notamment pour le transport interurbain.
La planification de la recharge est aussi un point clé dans le système du véhicule électrique et soulève des enjeux sur le stockage de l'énergie et sur l'optimisation de son usage.
La formation des équipes est également un aspect à la fois nécessaire et challengeant pour les transporteurs, surtout dans un contexte de manque de personnel.
La loi de roulage, prévue dans les DSP et qui limite le nombre de km parcourus par un véhicule, est relativement contraignante en France par rapport à d’autres pays. La moyenne de roulage est de 50 à 70 km dans l’hexagone tandis que sur les pays du nord de l'Europe elle varie de 80 à 120 km. Pour minimiser les coûts d’exploitation des véhicules au km, il faudrait donc revoir cette norme.
Comment faire face à la hausse du prix de l'énergie ?
Les participants ont été unanimes sur le fait qu'il est important de garder un mix énergétique, la hausse du biogaz récemment renforce encore plus cette théorie : "la vraie question est de savoir comment consommer mieux plutôt que consommer moins. Il faut également adapter l'offre de transport au type d'énergie dont la région dispose.”
Des sources d'énergies alternatives se montrent prometteuses comme les panneaux photovoltaïques mais d'après la RATP implémenter des panneaux sur les dépôts ne sera pas suffisant : "Les panneaux photovoltaïques sur les dépôts en IDF permettent de prendre en compte 50% de l'énergie exploitation du dépôt, donc cela ne couvre même pas la consommation des véhicules. Il faut trouver des partenaires exploitant des fermes photovoltaïques pour pouvoir couvrir notre consommation".
D'après la SNCF, trouver le bon équilibre entre diminuer la consommation électrique et assurer l'offre de transport est fondamental. La revue du plan de transport serait une action à prendre en compte.
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