La Govtech : un levier pour moderniser les services publics ?
Qui n’a jamais perdu son sang-froid face à des démarches administratives plus chronophages les unes et que les autres, passé des dizaines d’appels avant d’être reçu par le bon interlocuteur ou attendu un papier pendant plusieurs mois ? Ces frustrations face à la lenteur de certains services publics parfois dépeints comme vieillots pourraient toutefois devenir un lointain souvenir.
Depuis quelques années, un concept revient désormais de plus en plus régulièrement à la bouche : la Govtech.
Avec deux sommets à son actif et présentée comme une opportunité pour repenser les services publics, la Govtech semble bel et bien avoir un rôle à jouer dans la stratégie numérique du gouvernement.
Mais alors en quoi consiste-elle et par quels moyens celle-ci pourrait apporter de nouveaux usages aux services publics ?
La Govtech c’est quoi ?
Par Govtech, on entend l’utilisation et l’achat de solutions technologiques innovantes par un acteur public, afin d’améliorer soit son organisation interne, soit les services qu’il fournit. (Définition de l’incubateur et fonds d’investissement Public).
Plutôt que de tout dématérialiser, la Govtech est un levier pour optimiser et faciliter le fonctionnement de l’État afin d’offrir des services publics plus efficaces et adaptés aux besoins des citoyens.
Bien loin d’être cloisonnée à un service en particulier, la Govtech se déploie à l’ensemble des services publics, de l’éducation et de la formation professionnelle par le biais de Moocs, de la santé au travers de téléconsultations, en passant par la démocratie avec des plateformes de consultation citoyenne ou au niveau de la sécurité avec des applications permettant aux citoyens d’apprendre les gestes de premier secours, d’optimiser la gestion opérationnelle des services de secours, sans compter l’amélioration de la consommation énergétique en zone urbaine.
La Govtech contribue ainsi à orienter l’innovation au service des citoyens. Elle transforme le secteur public et introduit de nouveaux usages. Ces mêmes usages, répondant à l’évolution des besoins de la population, permettent une gestion de la relation citoyenne efficace et personnalisée pour chaque individu.
À terme, la Govtech doit mener à la mise en place de services publics novateurs, tout en réinventant la structure de l’action publique, à l’ère du numérique.
La possibilité de créer de nouveaux services publics
Les partenariats public / privé, entre startups de la Govtech et le gouvernement, se multiplient depuis quelques années.
L’exemple de réussite le plus parlant est certainement celui de la startup Doctolib. Elle a signé en juillet 2016 un partenariat avec l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), pour gérer en ligne, la prise de rendez-vous. D’après l’AP-HP, cette collaboration a permis d’accroître l’attractivité de l’hôpital, d’augmenter la prise de rendez-vous et partant de là leur chiffre d’affaire, tout en réduisant de 8% le nombre de rendez-vous non honorés par les patients (La Tribune).
Dans un plus ou moins court terme, la Govtech aura également une place centrale dans le déploiement des villes intelligentes. Elle permettra en effet d’optimiser la gestion des données et de les exploiter afin de proposer des services innovants répondant aux nouveaux besoins des citoyens (mobilité durable, énergie, sécurité).
Nous pourrions alors imaginer des services, pour certains déjà existants, nous permettant de mesurer la pollution de l’air en temps réel, d’avoir une meilleure gestion de nos déchets grâce à des applications, de communiquer directement avec les collectivités et les élus locaux, de signaler des dysfonctionnements concernant des services défaillants, des infrastructures inadaptées ou du mobilier défectueux, de trouver des places de parking libres et s'y rendre avec son GPS, de mettre à disposition des navettes autonomes et électriques pour favoriser les déplacements urbains ….
Une complexité de l’action publique qui freine l’expansion de la Govtech
Malgré les réelles promesses que la Govtech peut offrir aux services publics, ce secteur émergent rencontre encore des difficultés à collaborer avec le gouvernement.
Les initiatives pour rendre la commande publique plus accessible aux investisseurs autres que les entreprises du CAC 40 sont récentes et il va de soi que le secteur de la Govtech est à conquérir par l’action publique.
Le secteur public reste à ce jour un marché opaque, avec une réglementation complexe, qui limite les startups à créer, en partenariat avec l’État, des services publics mieux adaptés aux attentes des citoyens. Les stéréotypes d’une administration archaïque, avec des circuits de décisions tortueux, des doublons entre services publics et des normes toujours plus nombreuses ont la vie dure et ne jouent pas en la faveur de l’État pour attirer de nouveaux acteurs.
L’État doit ainsi s’ouvrir et attirer de nouveaux acteurs de la commande publique et ce, en montrant sa volonté de moderniser son action publique et en mettant en place les structures pour ce faire.
« Promouvoir la GovTech, c’est s’assurer que la sphère publique a à sa disposition les technologies les plus innovantes pour rendre nos services publics plus efficaces, plus proches, plus personnalisés. » (Rolland-Berger )