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Un métaverse éthique est-il possible ?

metaverse réalité virtuelle
30 décembre 2021
Média et télécoms

Steven Spielberg l’imaginait dans Ready Player One. Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, veut en faire une réalité. Véritable tournant stratégique pour la firme américaine, la création d’un univers entièrement digital nommé « métaverse » permettrait d’étendre la réalité telle que nous la connaissons, et ce, bien au-delà des frontières physiques et imaginaires. 

Dans cette newsletter, nous tenterons de décrypter ce projet futuriste et ses enjeux mais également d’identifier les potentiels risques pour la protection de notre vie privée ainsi que les moyens légaux pour y répondre.

Facebook est mort, vive Meta

Meta is the new Facebook. Début novembre, Mark Zuckerberg annonce le changement de nom de Facebook en Meta et dévoile l’ambition du groupe. L’internet de demain sera virtuel et offrira une infinité de possibilités. Pour y répondre, la création d’un projet pharaonique d’un budget 2021 de près de 10 milliards de dollars : le métaverse. Méta ne sera plus seulement une entreprise de réseaux sociaux mais une « entreprise de technologie sociale ».

Le métaverse : une infinité de possibilités virtuelles mais des enjeux bien réels

Inspiré de la science-fiction, le métaverse se définit comme un monde virtuel et immersif. Sous la forme d’un avatar, les utilisateurs peuvent par le biais de casques de réalité virtuelle interagir dans des environnements infinis où la seule limite est celle de l’imagination. Le métaverse se fonde ainsi sur trois mécanismes : la datafication de l’immatériel, la marchandisation des émotions & la curation de l’influence.

Outre l’intérêt vidéoludique qu’elle représente aujourd’hui, la réalité virtuelle permettra d’étendre le spectre des possibilités dans tous les domaines : professionnels, éducatifs, sportifs, artistiques, etc. Il sera bientôt possible d’assister de chez soi à des réunions de travail, des cours de fitness, des sessions de formation ou encore des concerts.

Le métaverse veut transformer notre rapport à la réalité et aux relations sociales, mais également proposer un nouvel écosystème économique où les crypto-monnaies pourraient servir de monnaie d’échange.

Meta peut-il regagner la confiance perdue de Facebook ?

Ces annonces arrivent à l’heure où Facebook ne cesse de crouler sous les pressions médiatiques liées aux problèmes de modération, de protection des données et de manipulation d’opinion avec Cambridge Analytica. Plus récemment, Frances Haugen, ancienne cheffe de produit chez Facebook, indiquait la mise en avant des contenus polémiques pour créer de l’engagement à l’instar de la santé mentale des adolescents et évoquait l’absence de contre-mesures pour lutter contre la désinformation suite aux événements du Capitole.

Des limites technologiques et sociales : le cauchemar de l’ultra-connexion

Cette annonce du Métaverse relance la question de la confiance envers la plateforme américaine. Est-il possible d’avoir confiance dans un projet où sont embauchés 10 000 ingénieurs concepteurs mais où si peu de moyens sont alloués à la sécurité ?

Pour faire du meta, il faut s’exposer et remplir nos bureaux et maisons de capteurs partout, en l’absence totale de transparence. »

Frances Haugen

Dans un monde de plus en plus connecté, ne risquons-nous pas avec le métaverse, l’amplification de « notre exposition virtuelle » ? A long terme, ne risquons-nous pas un changement de notre rapport à la réalité, au profit d’un monde virtuel plus attrayant ? Si oui, doit-on céder notre vie privée à Facebook pour en bénéficier ?

D’un métaverse dystopique à un univers utopique ?

Suite aux différents scandales, il est normal de s’interroger quant au futur métaverse et sur les risques qu’il implique. Le métaverse peut-il en réalité offrir l’opportunité d’un retour à une dimension humaine ou est-ce que la proximité et la collaboration tant professionnelles que sociales primeront sur l’individualisme ?

La nécessité d’un cadre légal adapté : offrir le contrôle de la donnée aux utilisateurs

Le RGPD a démontré le besoin de contrôle des données et de leurs usages. Le métaverse induit un nouveau monde avec de nouvelles frontières. Définir des règles inclusives applicables dans un environnement constamment changeant peut s’avérer complexe, bien que nécessaire. Plus que jamais il est essentiel de renverser le rapport de force et offrir un contrôle universel, soutenu légalement, à l’utilisateur sur ses données personnelles.

Un métaverse éthique semble difficilement envisageable

Le métaverse va créer une extension virtuelle de soi où le virtuel utopique pourrait prendre le dessus sur le réel. Il est nécessaire d’enjoindre légalement les géants de la technologie à fournir la transparence nécessaire en termes de protection et de respect de la vie privée, quitte à en faire une condition de lancement. Il est déjà complexe de légiférer Facebook aujourd’hui, alors tenter de contrôler l’univers extensible de demain semble être un véritable défi. 

Ainsi, le métaverse offre une infinité de possibilités mais de nombreux enjeux sont à venir, qu’ils soient légaux, technologiques ou sociaux et la bataille des GAFAM de demain sera, très probablement, celle de l’imaginaire.

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Paul Rebeyrotte
Senior Partner - Directeur de l'Offre Médias et Télécoms

Accélérée par la crise sanitaire, la révolution numérique du secteur se poursuit. Portées par les nouvelles technologies, les entreprises du secteur continuent à se diversifier en digitalisant leur contenu sur de multiples canaux. mc2i accompagne ses clients grands comptes des médias et des télécoms pour faire face à ces nouveaux défis.

Olivier RIGOLET
Consultant SIRH