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Pandémie du Coronavirus : Une crise sans précédent sur les marchés financiers ?

03 février 2021
Banque et finance
Santé

Cet article abordant un sujet au cœur de l’actualité, certaines informations exprimées en son sein peuvent avoir été contredites ou modifiées depuis leur date de parution. Elles ont été recueillies entre le 12 Mars et le 3 Avril.

Economie gelée et krach boursier

Des mesures drastiques ont été prises pour contenir la pandémie de Coronavirus, avec pour point d’orgue le confinement. Les gouvernements n’ont d’ailleurs pas eu d’autres choix que de fermer de vastes pans de leurs économies. Ces décisions inévitables allaient avoir d’énormes répercussions sur les indices boursiers européens. En effet, de nombreuses baisses se sont fait ressentir depuis le début de la crise du COVID-19. À Paris, la déroute du CAC 40 s’est même terminée avec une chute de l’indice de plus de 12% le jeudi 12 Mars. Cette chute constitue d’ailleurs un record sur une journée depuis la création de l’indice parisien en 1987.

Une réaction inégale des différentes Banques centrales mondiales

Les premiers mouvements des institutions bancaires internationales étaient attendus, ils n’ont pour le moment pas rassurés.

La première mesure espérée était la baisse de leur principal taux directeur, le taux de refinancement. Cela, afin de fournir des liquidités aux banques et stimuler l'activité économique en leur permettant de proposer des crédits à taux réduit. Etonnement, il n’y a pas eu de coordination à ce sujet : La Banque d’Angleterre et la Réserve fédérale américaine (FED) l’ont fait, la Banque Centrale Européenne (BCE) s’est abstenue.

Elle a de son côté annoncer la mise en place d'autres mesures afin de soutenir les banques. C’est le cas par exemple avec sa décision d’accroître ses rachats d’actifs obligataires de 750 milliards sur les marchés cette année, soit une augmentation plus de deux fois supérieure au montant initialement prévu en début d’année. L’objectif est en tout cas clair : assurer la liquidité du marché interbancaire et garantir le refinancement des entreprises.

La FED a, quant à elle, décidé de prendre le taureau par les cornes. Dans un communiqué, elle s'est engagée à «utiliser sa gamme complète d'outils pour soutenir les ménages, les entreprises et l'économie américaine dans son ensemble en cette période difficile». Elle a ainsi annoncé le lancement d'un nouveau programme pris en charge par le Federal Open Market Committee (FOMC). Il permettra « aux banques centrales étrangères des échanges facilités d’avoir en bons du Trésor américain contre des prêts de dollars ». Cette décision était très attendue par de nombreux experts économistes, notamment pour éviter l’apparition de tensions en cas d’accès trop restreint à cette monnaie. En effet, il ne faut pas oublier que le dollar détient un statut reconnu de valeur refuge, ce qui fait de lui une monnaie très prisée en tant de crise, comme ce fut le cas en 2009 suite à la faillite de Lehman Brothers.

Ce nouveau programme témoigne de l’importance des Etats-Unis et de la FED dans la gestion de crise financière. Sa position implique une grande responsabilité en matière de fourniture internationales de liquidités, et ce n’est pas avec les récentes lignes de swaps mises en place avec les autres banques centrales qu’elle risque de s’amoindrir.

Ces décisions peuvent-elles nous permettre d’apercevoir une embellie dans ce brouillard ? Seul l’avenir nous le dira.

Néanmoins, malgré ces actions et autres effets d’annonce, un constat ne peut être ignoré :  Nous avons été témoin d’une énorme chute de l’activité du secteur privé dans la zone euro en Mars. Durant cette période, l’activité a atteint « son plus bas niveau historique » selon une estimation de l’indice PMI composite publiée le vendredi 3 Avril par le cabinet Markit. En effet, l'indice s’affiche désormais à 29,7 points contre 51,6 points en février. D’après le cabinet, il s’agit du « plus bas niveau de l’histoire de l’enquête ».

Une crise avec des conséquences sur l’économie encore floues

Avec désormais plus de 3 Milliards de personne concernées par le confinement dans le monde, l’heure est donc à la crainte. Cette crise aura-t-elle raison du système économique tel que nous le connaissons actuellement ?

Cela parait peu probable ! Il est vrai qu'une pandémie foudroyante avec de telles mesures prises pour protéger la population n’est pas fréquente. Cette citation de Lénine résume d’ailleurs bien la situation « Il y a des décennies où rien ne se passe et des semaines où des décennies se produisent ».Il est alors tout à fait normal de se questionner sur ses conséquences à moyen et long terme. Malheureusement, sa durée et son ampleur sont encore trop méconnus pour pouvoir prédire avec exactitude l’impact économique réel qui en découlera. Pourtant, certains organismes comme DWS, un gestionnaire d'actifs coté appartenant à Deutsche Bank, prennent les paris. Dans son scénario, DWS se veut confiant et table donc sur une récession mondiale de courte durée. Dans la zone Euro et aux Etats-Unis, il s’attend à ce que l’économie se contracte d’environ 4% avec une baisse moyenne du cours des actions de 20% sur l’année. Par ailleurs, en 2021, il affirme que ces indices boursiers devraient se négocier nettement au-dessus de leur niveau actuel. N’hésitez plus, il est l’heure d’investir !

La crise peut-elle ne pas être aussi dramatique que son apparition soudaine et brutale pourrait laisser l’imaginer ? La question primordiale que l‘on devrait tous se poser est autre : était-elle vraiment inévitable ?

Une crise boursière prévisible et inéluctable ?

Cette question parait pertinente après analyse du contexte dans lequel nous étions à l’aube de 2020. Si l’on se permet une légère rétrospective, cette chute des marchés financiers paraissait bien prévisible avant même que le mot pandémie soit au cœur de toutes les pensées.

En effet, jetons un premier regard sur les performances boursières à fin 2019 : +32 % pour le Nasdaq, +26 % pour le CAC 40.

Une explosion des cours, dans une conjoncture économique et sociale pourtant diamétralement opposée en termes de dynamique. En effet, en 2019 nous avons connu pêle-mêle : les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, d’autres géopolitiques entre L’Iran et les Etats-Unis, la baisse de vitesse de la croissance des pays émergents, le Brexit et les questionnements qui en découle sur l’avenir de l’Union Européenne… et même un mouvement d’ampleur comme celui des « gilets jaunes » sur notre propre sol.

Avec le recul, n’ayons pas peur des mots, ne pouvons-nous donc pas parler de bulle financière ? D’une certaine euphorie spéculative injustifiée? 

Alors certes, le COVID-19 affecte notre économie et les marchés financiers, mais au vu de ces éléments probants, il nous faut admettre que cette crise boursière nous pendait déjà au nez avant cette tragédie. Et ainsi, dans un élan d’optimisme et de relativisme, nous pouvons même légitimement penser que celle-ci, tapie dans l’ombre, a simplement profité de la pandémie pour nous rappeler qu’elle était belle et bien au goût du jour.