M6+, TF1+: le début d'une nouvelle ère pour les diffuseurs
À l’heure où les services de vidéo à la demande - gratuits ou payants - se multiplient, la bataille entre ces différents acteurs pour capter l’attention des utilisateurs s’accélère. Pour assurer leur pérennité dans ce paysage foisonnant et très concurrentiel, les diffuseurs traditionnels comme TF1 ou M6 ont dû repenser le modèle économique et éditorial de leurs plateformes numériques.
L'Ascension du visionnage vidéo en ligne
Alors qu’en 2023 les Français ont consommé en moyenne 4h37 de vidéos par jour sur internet, la durée d’écoute individuelle de la télévision (DEI), elle, a plongé à 3h12 par jour (soit -14 mins par rapport à 2022). Une alerte supplémentaire incitant les acteurs traditionnels à accroître au plus vite leur attractivité sur le numérique.
L’illustration est probante chez TF1 et M6: exit MyTF1 et 6Play qui proposaient principalement du replay des programmes diffusés en linéaire. Place désormais à leur nouvelle version, TF1+ et M6+, dont la proposition éditoriale n’a pas à rougir face aux géants de la SVoD comme Netflix ou Amazon.
Une concurrence naissante avec la SVoD ?
Là où les acteurs de la SVoD doivent augmenter leurs tarifs pour compenser leurs investissements massifs dans leurs productions, M6+ et TF1+ se positionnent sur le modèle de l’AVoD (Advertising video on demand). Avec ce modèle d’affaire gratuit financé par la publicité, TF1+ et M6+ souhaitent attirer les utilisateurs en s’inspirant des modèles éditoriaux des plateformes SVoD.
En effet TF1+ (lancé en janvier 2024), propose près de 15 000 heures de programmes, soit autant que Prime Vidéo et Disney+. M6+, qui sera lancé en mai prochain, disposera d’un catalogue de 30 000 heures, soit presque autant que Netflix (environ 36 000 heures). Les chaînes ont également refondé leurs accords de diffusion avec les distributeurs, afin d'offrir un délai de replay plus long, passant ainsi de J+7 jours à J+30 jours après diffusion du programme.
Pour être encore plus attrayantes, les deux nouvelles plateformes produiront davantage de programmes originaux, proposeront des contenus en avant-première avant leur diffusion linéaire, et misent sur une large distribution grâce aux smart TV et aux box internet. À ce titre, TF1+ sera disponible sur 95% des TV connectées, et 60% des fournisseurs d’accès internet.
Preuve que ces groupes souhaitent concurrencer plus frontalement la SVoD, ces derniers ont massivement misé sur des algorithmes de recommandation puissants pour permettre une expérience toujours plus personnalisée. Une méthode très similaire à la stratégie à succès de Netflix. Le groupe TF1 s’est d’ailleurs vanté de proposer un algorithme inédit permettant de croiser les données des différents utilisateurs d’un foyer (parents/enfants), pour proposer des programmes familiaux. La plateforme d’M6 propose également une offre ultra-personnalisée grâce à un moteur de recherche puissant porté par une IA générative.
Attirer les utilisateurs pour espérer une meilleure rentabilité
Pour répondre à l’évolution des usages de consommation, les groupes audiovisuels tendent à long terme à consolider l’audience numérique afin que leurs plateformes deviennent une source de revenus aussi importante que les chaînes linéaires.
L’objectif du groupe TF1 est de rééquilibrer la balance de ses recettes publicitaires entre le linéaire et TF1+. En effet là où ses chaînes traditionnelles rapportent 1,5 milliard d’euros par an au groupe, l’ancienne plateforme MyTF1 ne rapportait que 100 millions d'euros par an. Mais grâce au lancement en grande pompe de TF1+ et de sa forte valeur ajoutée, le bureau d’étude Oddo BBHF estime que le chiffre d'affaires du groupe sur le secteur numérique devrait être multiplié par 2,6 sur l’année 2024. Les premiers résultats sont plutôt encourageants un mois après la mise en service : au mois de février 2024, TF1+ a enregistré 4 millions de streamers quotidiens soit +25% par rapport à l’année précédente à l’ère MYTF1.
Chez son concurrent M6, la stratégie est sensiblement la même. Lors de sa conférence de présentation le 6 mars dernier, le groupe a annoncé vouloir multiplier par trois leurs revenus publicitaires avec M6+, pour que leur segment numérique représente 20% de leur chiffre d’affaires global d’ici quatre ans. Grâce à une analyse fine des comportements des utilisateurs via les datas récoltées, ainsi qu’une meilleure expérience publicitaire en délaissant le preroll au profit de deux coupures par heure sur le visionnage d’un programme, M6+ espère garder l'utilisateur le plus longtemps possible sur sa plateforme.
La combat entre l’AVoD et la SVoD ne fait que commencer…
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