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Les réseaux sociaux sont-ils vecteurs d'inclusion numérique ou d'exclusion ?

Numérique responsable
21 mars 2025

Depuis quelques années, les réseaux sociaux se sont imposés comme des outils incontournables de communication, d’information et de partage. En 2024, une étude révèle que 76 % des Français les utilisent activement. Pourtant, la France compte aussi près de 14,5 millions de personnes en situation de handicap, soit un habitant sur six. Dans ce contexte, une question essentielle se pose : les réseaux sociaux sont-ils vraiment accessibles à tous ou vecteur d'exclusion eux aussi ?

État des lieux et évolution de l'accessibilité numérique dans les réseaux sociaux

Selon une étude menée par Ipedis entre mai et juin 2021, la perception de l’accessibilité dans les médias sociaux reste globalement inchangée avec 16% des sondés qui considèrent que les réseaux sociaux ne sont pas accessibles, et 53% qui estiment que cela pourrait être mieux. Bien que certaines fonctionnalités soient proposées aux personnes en situation de handicap, comme en témoignent les guides mis à disposition par Facebook et Instagram, il n’existe à ce jour aucun engagements précis en matière d’évolutions ou de délais. Le même constat est fait pour la plateforme Linkedin qui explique travailler “en vue d’intégrer l’accessibilité et la conception inclusive à [leurs] principes clés [...] en adoptant les directives [...] WCAG V2.0 de niveau AA” sans donner plus de précisions.

Le bilan est donc mitigé. D’un côté, les plateformes tentent de montrer leur bonne volonté en proposant des solutions partiellement accessibles. De l’autre, ces évolutions sont jugées incomplètes au regard du handicap que subissent certains utilisateurs.

Les bonnes pratiques à adopter pour poster plus accessible

Malgré l'inefficience structurelle des plateformes, les contenus sont créés par les utilisateurs et certaines bonnes pratiques sont à connaître pour créer du contenu accessible sur les réseaux sociaux :

  1. Mettre du texte alternatif sur les images : pour permettre aux utilisateurs aveugles ou déficients visuels d’avoir une description précise et complète de l’information contenue par l’image.
  2. Adopter une utilisation modérée des emojis et des caractères spéciaux
  3. Mettre les informations importantes dans le wording d’un post : car si l’information est seulement donnée par l’image et que cette image ne possède pas d'alternative textuelle, alors une personne aveugle passera à côté d’informations importantes.
  4. Proposer du sous-titrage de façon systématique pour les contenus vidéos : D'ailleurs, le sous-titrage doit respecter lui aussi des bonnes pratiques pour être réellement utile. 
  5. Assurer un contraste de couleur suffisant en s’appuyant sur des outils dédiés à l’accessibilité numérique : pour une question de confort visuel premièrement, que vos lecteurs soient en situation de handicap, ou non. Mais surtout pour les personnes souffrant de daltonisme, soit 8% des hommes et 0,5% des femmes en France.

Le "User generated content" : un problème inhérent aux réseaux sociaux en matière d'accessibilité

Le panorama de l’accessibilité dans les réseaux sociaux étant dressé, il reste néanmoins un sujet de taille : comment crée-t-on du contenu accessible si la plupart des utilisateurs ne sont ni sensibilisés à la cause, ni formés aux bonnes pratiques en matière de numérique responsable ? En effet, si on s’attend à ce que les entreprises fassent leur part du travail pour produire du contenu accessible dans leurs communications, ce qui déjà rarement le cas, comment fait-on en revanche pour sensibiliser les millions d’utilisateurs qui en font un usage personnel ?

Le manque de formation en matière d'accessibilité numérique dans le cadre des études ou en entreprise, combiné à l'inefficience des modules de certaines plateformes, font de l’accessibilité des réseaux sociaux et du numérique en général un chemin semé d'embûches, encore en 2025.

Ainsi, tant que les posts Linkedin en faux gras, les carrousels créés sur Canva ou l’utilisation massive des emojis dans les communications resteront favorisés par les algorithmes et les utilisateurs, de nombreux utilisateurs en situation de handicap resteront exclus.

L’accessibilité numérique : entre défis, régulations et responsabilités

L’accessibilité numérique sur les réseaux sociaux reste donc un défi majeur. Si des progrès sont nécessaires du côté des plateformes – amélioration du code, utilisation de l’IA pour les transcriptions, accompagnement des utilisateurs – la sensibilisation du grand public est tout aussi essentielle. Quelles évolutions attendre d’un cadre législatif américain en recul sur l’inclusion ? L’Europe, avec l’European Accessibility Act prévu pour juin 2025, pourrait-elle imposer des normes concrètes aux géants du numérique ? L’avenir de l’accessibilité en ligne dépendra de la capacité des gouvernements et des entreprises à prendre leurs responsabilités.

Le sujet vous intéresse ? Nos experts vous répondent

Marie-Laure CODACCIONI
Senior Partner - Directrice de l'offre Numérique Responsable

L’avenir du numérique et la digitalisation de notre société dépendent fortement de notre capacité à mettre en œuvre des services numériques durables, inclusifs et éthiques.

Auteur Anne-Lise Mus
Anne-Lise Mus
Consultante confirmée