Les promesses du New Space pour la Data
Entre le 10 et le 21 décembre 2020, la Terra aura vu décoller 11 fusées. Parmi les propriétaires de ces lanceurs on peut trouver des agences spatiales gouvernementales : la Russe Roscosmos, l’Indian Space Research Organization (ISRO) ou encore la NASA. A celles-ci s’ajoutent des entreprises privées comme SpaceX, Astra ou Rocket Lab.
Cette ébullition marque l’entrée du secteur dans l’ère du New Space. Ce concept désigne les innovations mises en œuvre sur toute la chaîne de valeur afin de répondre principalement à des besoins du secteur privé. Ces innovations reposent concernent notamment la miniaturisation des composants et l’industrialisation des procédés. Une des grandes conséquences est notamment la baisse des coûts de lancement.
Une multiplication du volume de données
La baisse des coûts et l’industrialisation des lancements permettent la multiplication des satellites en service. Cela conduit à une diversification des données mais également à une augmentation des fréquences de rafraîchissement de celles-ci. Prenons l’exemple de la surveillance maritime : aujourd’hui, des satellites d’observations enregistrent des images des océans. Ces images sont utilisées par les compagnies d’assurance pour évaluer la responsabilité des équipages lors d’une collision entre bateaux. Si ils ne sont pas géostationnaires, ces satellites ont une fréquence de rafraichissement des images de seulement 6h. Cette fréquence basse n’est pas satisfaisante pour fournir des informations sur le déroulé d’une collision. La multiplication des satellites d’observation en orbite permettrait un rafraîchissement plus fréquent des images et de répondre davantage aux besoins des sociétés d’assurance.
Rendre la donnée exploitable
Bien qu’attirés par ces données, les acteurs publics et privés manquent parfois de compétences pour traiter ces données et en tirer profit. Des intermédiaires se positionnent alors pour prendre en charge les opérations de collecte, d’agrégation, de traitement et d’exploitation de ces données. Leur enjeu est de mettre à disposition des ARD (Analysis Ready Data), des données prêtes à emploi.
Certains pays, où les profils nécessaires au traitement de la donnée sont rares, lancent des initiatives internationales pour prendre en charge ces opérations. C’est notamment le cas de The Common Sensing. Dans le cadre de la résilience face aux risques climatique, ce projet vise à mettre à disposition des données ARD aux gouvernements des îles Fidji, Vanuatu et Salomon. Ces données, collectées via un ensemble de satellites (Sentinel-1, Sentinel-2, Landsat-5, Landsat-7, Landsat-8 and SPOT 1-5) sont mises à disposition via l’application Open Data Cube. Il s’agit d’une solution en open-source configurée pour stocker, traiter, exploiter et partager via API une grande quantité de données spatiales.
Une multiplication des cas d’usages
Parmi ces nouveaux intermédiaires on trouve des entreprises privées qui vont produire ces données ARD afin de couvrir les nombreux cas d’usage qui apparaissent. Parmi ces cas d'usage on trouve la surveillance environnementale (lutte contre la déforestation) et climatique (surveillance des températures), l'agriculture (étude de la qualité des sols), le transport (suivie de la congrestion des axes de transport)...
La société Spire met ainsi à disposition d’opérateurs maritimes des données de surveillance et de prédiction d’amarrage de leurs navires par Web API. Pour cela, les équipes de Spire consolident des données issues de satellites d’observations, de système d’identification automatique (AIS) et d’autres données de surveillance. Elles sont ensuite corrigées et traitées pour être utilisées par un algorithme de prédiction.
Autre initiative à destination d’acteurs privés, la société Building radar propose à ses clients de détecter les nouvelles constructions et de surveiller leur avancement. Pour réaliser cela, Building s’appuie sur une IA et des images satellites. L’IA déduit l’état d’avancement des infrastructures photographiées par satellite.
La donnée plus facilement partagée
Même si le cœur de leur business model est terrestre, les GAFAM savent également tirer profit du New Space.
Afin de collecter et de partager des données depuis des endroits isolés, Microsoft et SpaceX projettent un partenariat reposant sur le centre de données modulaire Azure de Microsoft et Starlink. Le premier est une sorte de data center mobile suffisamment robuste pour être déployé dans tout type de conditions climatiques. Il sera en mesure de partager et de télécharger des données sur le web via une connexion satellite avec la constellation Starlink. Cette infrastructure s’adresse en premier lieu aux organisations humanitaires et militaires.
En plus de mettre à disposition des données d’observations terrestre via AWS, Amazon inventé le concept du Ground Station as a Service. Les opérateurs ne peuvent échanger des données avec leurs satellites que les seules fois où ceux-ci passent grossièrement dans l’axe de leurs stations terrestres. Amazon propose d’augmenter cette fréquence d’échange en louant le temps d’utilisation d’une de leurs stations réparties sur la surface du globe.