Les nouveaux médias remplacent-ils les médias traditionnels ?
Ces dernières années, les modes de consommation des médias ont drastiquement changé. Les consommateurs souhaitent accéder à l’information rapidement et de façon synthétique. De plus, les sujets abordés par les médias traditionnels ne sont parfois pas assez variés.
De nouveaux besoins de consommation de l’information émergent, portés par des médias innovants. Ceux-ci ont cependant des limites bien définies. Comment de nouveaux acteurs s’imposent-ils aujourd’hui dans le paysage médiatique français et qu’est-ce que cela implique pour les médias traditionnels ?
Les nouvelles figures médiatiques : l'exemple d'Hugo Decrypte
Dans ce paysage médiatique, de nouvelles figures font leur apparition. Hugo Décrypte, de son vrai nom Hugo Travers est désormais une marque à part entière.
En 2015, il crée sa chaîne Youtube « Hugo Décrypte » ayant pour vocation de rendre l’actualité plus accessible auprès d’un jeune public. Aujourd’hui, son contenu est disponible sur divers canaux : on peut notamment le retrouver sur les réseaux sociaux Snapchat, Instagram, TikTok ou encore Twitter.
Chaque jour sur une base de réseaux sociaux (Instagram, TikTok, Twitter), Hugo Décrypte présente des faits d'actualité brièvement en format vidéo. Un format qui semble parfaitement apprécié et adapté aux besoins de ses lecteurs comme en témoignent les plus de 85 000 “likes” quotidiens sur ses posts.
À l’image de certaines chaînes de télévision ou de journaux, il a également divisé la diffusion de son contenu en plusieurs « marques » cumulant plus de 3 millions d’abonnés sur Instagram (hugodecrypte.sport pour l’actualité sportive, hugodecrypte.pop pour la culture et hugodecrypte pour l’actualité nationale et internationale) afin de mieux cibler son audience.
Sa proximité avec la jeunesse lui a également permis d’interviewer plusieurs personnalités politiques, dont Emmanuel Macron. Jamais un président de la république n'était passé par des médias non traditionnels pour communiquer. Cela témoigne de la puissance de ces nouveaux médias, également de celle d’Hugo Travers qui avait commencé sa chaîne dans sa chambre il y a quelques années seulement.
Cependant, ces nouvelles figures médiatiques peuvent potentiellement avoir un impact négatif sur la jeunesse. Mcfly et Carlito, qui sont les 9èmes youtubers les plus suivis en France, avaient fait un concours d’anecdotes avec Emmanuel Macron à un an de la présidentielle. Celui-ci ayant été majoritairement vu par des jeunes (52% de l’audience de la vidéo avait -25 ans). On peut ainsi se questionner sur l’impartialité de ce choix au regard de l’influence des youtubers sur leur communauté.
Les médias traditionnels, une formule en perte de vitesse
En comparaison, les médias audiovisuels traditionnels ont peu évolué ces dernières années.
A la télévision, on retrouve principalement de l’information en continu avec des chaînes telles que BFMTV qui diffusent de courts reportages et invitent des personnalités sur des plateaux, ainsi que les autres chaînes traditionnelles comme M6 ou TF1 qui diffusent également des reportages et les journaux d’information du 13h et du 20h.
Ces formats doivent respecter un programme de diffusion bien précis, ce qui restreint considérablement le spectre des informations présentées. Par ailleurs, le format de trente minutes des journaux télévisés est peu plébiscité par les plus jeunes générations adeptes des formats plus courts, dans une logique de consommation de contenu toujours plus rapide..
C’est dans ce contexte que d'autres médias ont pu émerger progressivement sur les réseaux sociaux avec de nouvelles méthodes de transmission de l'information.
De magazines à modèles médiatiques :
D’autres médias alternatifs ont également émergé ces dernières années.
Brut et Konbini, créés initialement en tant que magazines, illustrent bien les clivages entre les médias traditionnels qui ont du mal à se réinventer et les nouveaux médias créateurs de nouveaux codes adaptés à un mode de consommation toujours plus rapide.
Là où TF1 diffuse des interviews classiques de personnalités en long format, Konbini mise sur un contenu court comme le célèbre “Fast and Curious” qui permet de générer une forte audience à travers un format original. Le principe est simple : l’interviewé se voit poser plusieurs questions avec seulement deux choix de réponses et il n’a que quelques secondes pour y répondre.
De son côté, Brut propose de petits reportages sur des sujets d’actualités, toujours en formats courts.
En octobre 2019, Brut revendiquait 250 millions de spectateurs uniques par mois dans le monde. Un chiffre élevé au regard de la diversité des médias à l’échelle mondiale. Mais quel est donc le secret pour atteindre un tel niveau d’audience ?
Ces médias tirent leur principale force dans l’adaptation. En plus de proposer des types de contenus innovants, ces derniers mettent au goût du jour des contenus plus classiques de l’actualité (articles en lignes sur un sujet donné, reportages longs sur un sujet d’actualité, etc.). En 2021, Brut a également lancé sa plateforme de streaming payante « Brut X », qui propose des documentaires exclusifs et visionnables uniquement par abonnement.
Cette offre fait écho à d’autres plateformes de SVOD telles que Salto, la plateforme de SVOD de TF1, M6 et du groupe France Télévisions, aujourd’hui à vendre, faute d’avoir pu trouver un « modèle économique stable ». Un déclin qui démontre une fois de plus le désintérêt grandissant des consommateurs envers les formats télévisuels classiques.
Nouveaux médias : Quelles sont leurs limites ?
Brut, Konbini et Hugo Décrypte ne sont cependant pas les seuls nouveaux médias à avoir réussi à émerger dans le paysage médiatique français. Plusieurs pages d’informations connaissent aujourd’hui un fort succès. On peut citer par exemple la page Twitter « Brèves de Presse » ou encore « Infos Françaises » sur ce même réseau qui ont respectivement plus de 270 000 et 90 000 abonnés.
Bien que largement suivies, ces pages relayent des informations qui ne sont pas toujours vérifiées, favorisant ainsi le risque de désinformation. C’est une des limites de ces nouveaux comptes à forte audience, qui cumulent parfois plus de vues que les médias qu’ils relaient. Ce problème est moins présent chez les médias traditionnels, bien que des erreurs soient occasionnellement commises par les équipes de la rédaction.
Pour faire face à ce problème, des outils de « fact-checking » ou de vérification de l’information ont été mis en place. Récemment, Twitter lançait son outil de fact-checking collaboratif. Des médias aussi ont pu prendre part à cette initiative pour faciliter le contrôle de la qualité de l’information. A l’Agence France-Presse, par exemple, un outil de vérification de l’information, ”AFP factuel”, a été lancé lors du début de la pandémie de Coronavirus.
Les médias traditionnels, bien que toujours bien présents dans le paysage de l’information français, peinent à se renouveler et à créer du contenu adapté aux nouveaux besoins de consommation de leurs utilisateurs. Les nouveaux médias réussissent ici à s’adapter mais également à créer de nouveaux besoins avec des types de contenus innovants tels que ceux créés par “Brut.” ou “Konbini” sur des formats de vidéos ou d’articles courts. Certains nouveaux acteurs du paysage médiatique n’ont néanmoins pas toujours de sources fiables, rendant favorable la diffusion de fake news, malgré l’utilisation de garde-fous comme les outils de fact-checking.
Une question reste en suspens : est-il trop tard pour que les médias traditionnels s’adaptent aux nouveaux usages numériques ?
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