Le cloud dans les médias, un peu, beaucoup, passionnément ?

Le cloud, c'est quoi ?

Avant d'aller plus loin, il convient de définir ce qu'est le cloud. Il se définit par le stockage de données non plus sur ordinateur ou sur un serveur local mais sur des serveurs hébergés sur internet. Ainsi, il offre l’opportunité de centraliser et de mutualiser des fichiers, logiciels et bases de données.

Le cloud permet donc d'accéder aux mêmes données, aussi bien sur ordinateur, tablette ou téléphone sans contrainte géographique. On parle également de cloud computing, terme qui englobe les notions de cloud public (destiné à un public large et en libre accès) et de cloud privé (cloud interne d’une entreprise). Ce service, souvent externalisé, permet de réduire les coûts et bénéficier d’expertises notamment en termes de protection des données.

Selon le Journal du Net (JNT), le marché mondial de la télévision connectée devrait ainsi croître de 10,8% chaque année jusqu’en 2028. Le cloud est à l’origine d’une révolution numérique impactant de nombreux secteurs d’activité. L’industrie des médias a été fortement touchée par cette transformation. Étant donné ses importants besoins en stockage, le secteur des médias dépend aujourd’hui du cloud aussi bien pour la diffusion de l’ensemble de ses contenus à travers le monde que pour l’archivage de ces derniers. Le cloud révolutionne ainsi la manière dont les contenus sont diffusés mais aussi la façon dont ils sont consommés.

Grâce à la puissance du cloud, les éditeurs de contenus peuvent gérer, stocker et diffuser leurs programmes avec une plus grande agilité. Le groupe média A+E Networks illustre parfaitement cette tendance. En effet, ce dernier s’est appuyé sur une solution de playout cloud couplée à Amazon Web Services pour migrer 22 chaînes de télévision sur 3 continents en à peine un mois, sans impacter l’expérience utilisateur. Autrement dit, Amagi, une société de technologies et de services multimédias, partenaire du groupe A+E Networks, a construit une infrastructure vidéo en direct et à la demande pour la télévision et les médias OTT (over-the-top), un service multimédia offert aux téléspectateurs via Internet.

Les progrès du cloud ont permis d'automatiser et de contrôler entièrement les workflows liés à la diffusion, la préparation et la programmation du contenu mais également ceux liés à la distribution, et même à la monétisation.

À l'avenir, de plus en plus de broadcasters remplaceront le stockage sur serveur local par le cloud, conduisant à une véritable virtualisation de l'ensemble de l'écosystème des médias traditionnels.

Au travers de la filière audiovisuelle, les usages du cloud public se généralisent. Jusqu’à aujourd’hui, le cloud était utilisé exclusivement pour le stockage, l’encodage et la multidistribution des contenus sur des plateformes OTT, dites de streaming. Les architectures évolutives du cloud ont facilité la création d’un nouveau service SVOD et la multiplication des plateformes de publication de vidéos à la demande.

Depuis un an, le phénomène de cloudification du secteur audiovisuel touche également les chaînes de TV linéaires. Le cloud computing s'infiltre au cœur même des tâches liées à la fabrication et à la diffusion d’une chaîne TV broadcast.

Les acteurs du Broadcast entrent dans la danse !

Au cœur du secteur de la TV linéaire, les éditeurs de solutions de “clipping” deviennent eux-aussi pionniers dans l’usage du cloud public. L’utilité de ces applications est d’alimenter en vidéos live les sites web d’une chaîne ou les réseaux sociaux. C’est notamment le cas de la start-up française Wildmoka. Depuis la signature d’un partenariat en 2016 avec France Télévisions, Wildmoka s’affirme petit à petit comme un partenaire clé de la stratégie cloud en termes d’architecture IP live adressée à la TV linéaire.

Voyant une partie du monde du broadcast se pencher sur la production dans le cloud, Sony s’est récemment positionné sur ce créneau à l'été 2018 (magazine Mediakwest), en annonçant la création d’un mixeur logiciel appelé Virtual Production Service, hébergé sur AWS.

Ce mixeur virtuel de Sony peut gérer jusqu'à 6 caméras et 2 lecteurs de clips où les signaux sont enregistrés en temps réel sur AWS. Le géant japonais de la tech et du divertissement a expérimenté son dispositif pour la première fois lors de la retransmission en direct sur le web de la course à mobylettes Red Bull Switzerland Alpenbrevet. Le terrain montagneux rendait difficile le déploiement des infrastructures de production live classiques proposées par les régies de production.

Compte tenu des progrès de la télévision connectée et du streaming, le cloud devient la seule option pour les diffuseurs et les éditeurs de soutenir leurs stratégies de croissance dans un marché concurrentiel. Selon une étude, 50% des dirigeants du secteur du divertissement et des médias déclarent ne plus pouvoir s'appuyer sur les modèles économiques traditionnels pour assurer leur croissance.

Avec le cloud, de nouveaux canaux peuvent être lancés en quelques jours au lieu de plusieurs mois. La programmation linéaire en direct est désormais disponible immédiatement sur demande en à peine 30 minutes, non seulement après l'événement, mais également pendant les segments de programmation en direct.

Le cloud transforme la manière dont le contenu numérique est diffusé, le rendant plus rapide, plus fiable et plus rentable. La transition vers la télévision du futur est en marche.