L’appel à l’aide des opérateurs télécoms européens
L’ambiance était déjà tendue depuis quelque temps dans le secteur des télécoms et cela s’est accentué récemment avec l’inflation. Les opérateurs européens lancent un appel à l’aide à la Commission Européenne et demandent que le sujet de la contribution financière des réseaux télécoms par les GAFAM soit traité rapidement.
Pour rappel, les télécommunications sont définies comme la transmission d’informations à distance en utilisant des technologies électroniques, informatiques, de transmission filaire, optique et électromagnétique.
À l’origine, les moyens techniques mis en place par les opérateurs étaient neutres par rapport au contenu émis et n’étaient là que pour assurer la structure. Pourtant, ils sont confrontés à de nouveaux challenges pour résister aux pressions économiques, concurrentielles et politiques.
Une nouvelle consommation des utilisateurs lourde en investissement
La consommation des utilisateurs a changé et les opérateurs sont obligés de s’adapter pour les garder en leur proposant plus de services, de nouveaux terminaux et une meilleure qualité de réception.
Pour cela, ils ont dû réfléchir à une nouvelle organisation afin que leurs infrastructures puissent supporter et acheminer au plus large, un contenu toujours plus volumineux. Au-delà de ce transport qui nécessite une réelle surveillance des installations réseaux, il y a aussi le volume de données générées par les utilisateurs que les opérateurs se doivent d’encadrer et protéger.
Dans un article de “la Tribune” paru en septembre 2022, il est communiqué que les investissements mis en place par les opérateurs télécoms européens pour répondre à ce besoin de très haut débit sont d’environ 50 milliards d’euros par an pour entretenir les réseaux 4G, 5G ainsi que la fibre. Réseaux utilisés par les géants américains tels que Facebook, Google, etc pour diffuser leur contenu.
En mai dernier l’ETNO”, l’association regroupant les opérateurs européens, annonçait qu’aux heures de pointe les GAFAM monopolisent plus de 56% du trafic internet en proposant des programmes exclusifs. Cette utilisation massive surcharge la bande passante des télécoms sans prendre en compte le coût de l’infrastructure permettant de supporter ce volume de données.
Actuellement, les opérateurs n’ont plus le pouvoir de contrer ces géants en proposant du contenu exclusif car le marché est trop concurrentiel et cela nécessiterait d’autres investissements qu’ils ne peuvent pas se permettre.
Ils sont donc dépendants des géants américains pour pouvoir fidéliser leurs abonnements et avoir une bonne rentabilité auprès des utilisateurs. Cependant, depuis l’inflation, l’entretien des infrastructures pour les maintenir aux normes et le renouvellement annuel des réseaux deviennent trop chers.
Pour assurer leur survie, les opérateurs appellent depuis longtemps Bruxelles à changer la régulation du numérique et à instaurer une taxe télécoms aux GAFAM afin d’avoir un partage équitable sur l’utilisation des réseaux. Un sujet souvent écarté car trop délicat face à la régulation d’un monopole.
Un monopole difficile à réguler
Du fait de leur omniprésence, les GAFAM ont longtemps été difficiles à encadrer. Pourtant, face à leur montée en puissance, il a été nécessaire pour la Commission Européenne de rédiger plusieurs règlements en 2020 : le « Digital Markets Act » (DMA) et le « Règlement des services numériques » (DSA) afin de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des géants d’internet et corriger les déséquilibres de leur domination sur le marché Européen.
Aujourd’hui, leur modèle économique repose sur la combinaison de données utilisateurs et d’algorithmes puissants. À eux seuls, ils représentent un chiffre d’affaires équivalent aux recettes fiscales de la France.
Télécoms et GAFAM : vers un avenir commun ?
La rédaction de ces règlements a été une opportunité pour demander à la commission européenne de voter une loi « garantissant que tous les acteurs du marché contribuent aux coûts des infrastructures numériques » via une taxe à payer sur les télécoms. Cette taxe serait bénéfique pour l’économie européenne car elle pourrait rapporter presque 72 milliards d’euros.
Les GAFAM refusent jusqu’à présent cette loi, clamant que l’introduction d’une obligation de financement porte atteinte au principe de “neutralité du réseau” mis en place dans les années 2000. Cela implique que les fournisseurs de services internet doivent permettre l’accès à tous les contenus et applications, quelle que soit leur source. Ce principe a pour but d’éviter que les fournisseurs d’accès à internet (FAI) défavorisent des sites ou des services et de réguler ce que les utilisateurs peuvent ou ne peuvent pas voir.
Si à la base, ce principe tendait à protéger les petites entreprises, c’était sans prendre en compte que leur croissance pourrait mettre en péril un secteur dont ils sont dépendants. La commission européenne l’a bien compris et a décidé de ne plus exclure ce sujet en ouvrant une consultation à partir du premier trimestre 2023, afin d’élargir le débat sur la régulation des réseaux télécoms.
Le mécontentement des opérateurs a été entendu mais cela reste pour l’instant, un pari loin d’être gagné car il reste encore l’exécutif à convaincre.
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