L'ampleur de la pollution numérique
L’ère du numérique a considérablement changé nos façons d'interagir et de travailler. Il est omniprésent dans notre quotidien et son utilisation ne fait qu'accroître, au point qu’il est devenu essentiel de se pencher sur les répercussions que celui-ci peut avoir.
Son impact environnemental est souvent sous-estimé et la conciliation entre numérique et écologie soulève des questions cruciales sur la gestion des déchets, la consommation énergétique, la durabilité et l’impact social.
Le numérique : un facteur majeur du réchauffement climatique
Le numérique représente 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 2,5% des émissions à l’échelle de la France. 10% de la consommation électrique est utilisée par le numérique.
Si nous ne changeons pas nos habitudes, les émissions de GES du numérique pourraient augmenter de +60% d’ici 2040.
Bien trop souvent pointés du doigt, les data centers représentent 16 % des impacts du numérique français, contre 79% pour les terminaux utilisateurs.
Cependant, l’impact du numérique ne concerne pas seulement l’émission de gaz à effet de serre ou la consommation énergétique. Il est nécessaire d’avoir une vision globale qui s’étend à l’ensemble de son cycle de vie : de la fabrication à l’utilisation jusqu’au recyclage.
Les DEEE : impact négatif et gestion des déchets
Les DEEE (Déchets d’équipements et électroniques) représentent la première source de déchets au monde, soit environ 57,4 millions de tonnes de déchets en 2021. Souvent, ces déchets sont exportés de façon illégale à l’étranger et 70% d’entre eux alimentent un trafic d’exportation vers les pays d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est. On parle de décharge à ciel ouvert et l’une des plus connue se trouve à Agbogbloshie, au Ghana où des enfants sont envoyés brûler le matériel pour en récupérer les matières premières.
Seulement 17,4% des déchets électroniques sont recyclés. Cette mauvaise gestion des déchets à un impact négatif sur les populations et l’environnement car la plupart sont toxiques voire radioactifs. Les populations qui vivent et travaillent à proximité des décharges sont soumises à des risques pour leur santé et l’accumulation des métaux lourds qui y sont présents menace l'écosystème. Pour limiter ces effets, en 1992 la convention de Bâle a été établie pour améliorer la gestion des déchets dangereux européens au sein de l’Europe. Néanmoins, les exportations illégales perdurent. Certaines entreprises détournent l'exportation “légale” de DEEE en utilisant le motif du “réemploi” des appareils afin d’avoir une seconde vie.
L'impact de l'extraction pour le numérique
La fabrication d'objets numériques a un sac à dos écologique (poids des ressources naturelles nécessaires pour la fabrication d’un produit fini) important. En effet, elle requiert beaucoup de métaux ( 2⁄3 des métaux connus sur Terre sont utilisés dans leur fabrication) provenant du monde entier et dans des zones en conflit géopolitique comme la Chine ou l'Afrique. L'extraction de ces métaux n'est pas sans conséquence sur les populations et sur l'environnement. Tant ces activités ont des impacts sur les Hommes, on parle de “minerais du sang”, pour qualifier les mines de République démocratique du Congo, car leur extraction finance la guerre civile.
Mais ce n’est pas tout, les conditions de travail sont souvent illégales et barbares. De plus,certains matériaux tels que les terres rares sont à l’origine de pollutions des sols et de l'eau, les rendant inexploitables et ayant des répercussions sur la santé de la population, souvent contrainte de partir afin de survivre.
De plus, l’extraction des métaux nécessite une grande quantité d'énergie fossile qui est la première source d'émission de gaz à effet de serre ainsi qu’une grande quantité d’eau. Pour rappel les GES sont à l’origine de la perte de la biodiversité et de l'acidification des océans. L'extraction des minerais entraîne également une pollution des rivières et des fleuves
Le numérique responsable comme alliée de la transition écologique
Toutefois, le numérique responsable peut être notre alliée vers la transition écologique mais aussi vers la réduction de l’impact social. En effet, il permet d’optimiser la consommation énergétique et de réduire l’empreinte écologique. Il est primordial d’inclure la durabilité à chaque étape du cycle de vie et d’adopter des stratégies de recyclage. L’enjeu majeur reste d’éviter l’effet rebond que peut induire le numérique.
Pour mieux comprendre et en savoir plus sur l’impact du numérique vous pouvez suivre le mooc de l’INR ou bien la Fresque du numérique.
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L’avenir du numérique et la digitalisation de notre société dépendent fortement de notre capacité à mettre en œuvre des services numériques durables, inclusifs et éthiques.