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La télévision à l’heure des présidentielles

La télévision à l’heure des présidentielles débat
23 mars 2022
Média et télécoms

À l’heure où les élections présidentielles occupent toutes les discussions, le mois d’avril représente la fin d’un rythme effréné de campagnes électorales, sondages ou débats télévisés. 

En effet, chacun des candidats travaille sur sa stratégie de communication pour faire passer ses idées tout en se créant une image avec l’objectif bien précis de fédérer les électeurs autour de son programme et de sa personnalité.

Depuis toujours, les politiques et les médias fonctionnent ensemble avec le besoin de visibilité jusqu’aux élections pour l'un, et l’envie de contenu et d’audience pour l'autre.

Cependant, il est intéressant de se demander quelle est l’influence de la télévision sur la politique et si ce n’est pas elle qui fait les élections à la place des candidats ?

Une arrivée bouleversante de la télévision dans la politique

La question semble insolite et pourtant, elle intéresse les chercheurs depuis longtemps, car l’action des médias dans la politique a évolué au fil des années.

En 1958, alors qu’elle est un monopole d’Etat, la télévision avec son unique chaîne arrive dans certains foyers et permet de commenter les résultats des premières élections.

Dix ans plus tard, elle intervient différemment, car avec la mise en place du vote au suffrage universel, l'élection présidentielle devient déterminante et l’élu est directement lié au vote du peuple. Elles prennent une dimension médiatique et chacun des candidats mène une campagne de communication élaborée pour attirer le plus grand nombre d’électeurs dans son parti.

Les médias viennent apporter des éléments d’information et des arguments qui peuvent enrichir la réflexion du peuple, mais si on se concentre sur la télévision, elle apporte cette proximité avec les électeurs qui n'existait pas auparavant dans le monde politique. Un bouleversement dans la coutume qui permet, au candidat de diffuser son message plus largement, mais surtout de s'inviter chez les téléspectateurs, le rendant plus accessible, plus humain. Ce n'est plus l'électeur qui se déplace, mais la figure politique qui vient à lui.

Le traitement de l'information ou la mise en exergue d'un point de vue ?

Cependant, la sélection de l’information par les médias est envisageable, et peut avoir un impact considérable sur les campagnes électorales. Il est très facile pour eux d’accorder de l’importance à un événement qui peut faire basculer l'image du futur président de la République.

Et c’est dans les années 70 que cette notion de sélection s’accentue, car avec l’ouverture à la concurrence des marchés audiovisuels, de nombreux supports arrivent avec des modèles économiques différents. La privatisation des chaînes de télévision fait naître de nouvelles pratiques de consommation médiatique et c’est le début d’une compétition commerciale pour proposer le meilleur contenu et attirer les meilleurs publicitaires sur leur antenne.

Pour se démarquer, les chaînes vont se construire une ligne éditoriale afin d’attirer et de fidéliser un audimat ciblé. Selon les programmes passés à l'antenne ou même la façon de traiter l’actualité, une orientation politique peut être visible, ce qui peut rentrer en conflit avec le principe de neutralité des médias, qui n'est pas obligatoire mais fortement recommandé dans le monde du journalisme.

On va voir apparaître  une évolution sur la relation média/candidat avec la notion de « peopolisation » des hommes politiques en faisant rentrer l’électeur dès le début de sa campagne, et même parfois dans sa vie privée. Une mise en scène orchestrée afin de se rendre le plus visible et accessible possible et de ce fait gagner en influence. 

Ce qui n'en déplaît pas aux médias qui vont rentrer dans ce jeu en axant parfois sur des sujets susceptibles de provoquer des pics d’audiences ou en donnant un climat favorable à la campagne par l’apparition répétée de certaines personnalités au désavantage d’autres. 

Un jeu dangereux pour les deux car, d’une part, la crédibilité du média peut être remise en question et desservir les candidats qui ont besoin de cette visibilité pour avancer. D’un autre côté, par la sélection d’information, les médias influent indirectement sur les élections.

Néanmoins, la puissance supposée de l'information n’a-t-elle pas donné lieu à la controverse ?

Aujourd'hui, l'accès à l'information est possible via différents canaux et pratiquement en temps réel. Un défi supplémentaire pour les diffuseurs qui les mets dans une véritable compétition entre eux et qui a poussé à faire évoluer les mœurs de consommation.

On se rend compte que ce n'est plus la chaîne qui attire ses téléspectateurs, mais le programme.  La stratégie change dans le but de proposer la dernière actualité et faire en sorte qu'elle soit attrayante. Un pari risqué qui a fait naître une course au contenu avec comme médaille la primeur de l'information au détriment parfois, de l'interprétation.

C’est la vision adoptée par les chaînes d’informations continues qui vont temporaliser les événements et nourrir cette "culture du buzz" avec la répétition sous différentes formes des thèmes les plus accrocheurs.

Egalement, le numérique et ses multiples supports tels qu’Instagram, Tik Tok ou Twitch vont révolutionner le monde politique et concurrencer les médias classiques. En effet, par ces plateformes, les candidats peuvent toucher la nouvelle génération et se rendre encore plus accessibles en se façonnant une autre image, plus moderne. Le candidat devient acteur de sa vie en montrant ce qu'il a envie de montrer, au risque encore une fois d'être repris par les médias et alimenter des polémiques.

Cependant, ses réseaux sociaux sont sa propriété et la cadence de ses interventions sur ceux-ci n'est pas régulée. A contrario des médias qui sont soumis depuis le 1er janvier 2022 par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), à des règles de temps de paroles et d'antennes pour chacun des candidats afin de respecter un souci d’équité durant cette campagne.

Suite à la surexposition médiatique de certains candidats cette année, les chaînes de télévision et de radio doivent fournir à l'ARCOM, le décompte de ces temps pour chacun d’eux au risque d’être sanctionnées.

Pour conclure, il est certain que les médias ne font pas les élections, mais sont une caisse de résonnance importante dans la campagne présidentielle. Certaines de leurs actions peuvent contribuer à moduler la vie politique des candidats et donc influencer le choix des électeurs

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Paul Rebeyrotte
Senior Partner - Directeur de l'Offre Médias et Télécoms

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