La nouvelle révolution de l’industrie textile sera numérique
Originellement présente dans les univers de la mode et de l’habitat, l’industrie textile a évolué au cours des siècles. Elle est aujourd’hui présente dans des secteurs plus techniques tels que les domaines de l’industrie aéronautique, le militaire, le médical ou encore l’agriculture. Pouvant aller des gilets pare-balles aux canaux de sauvetage en passant par les ailes et moteurs d’avion ou les prothèses de reconstruction mammaire, les produits sont de plus en plus diversifiés.
Cette industrie méconnue a ainsi acquis une place omniprésente dans notre vie quotidienne mais soulève cependant de nombreuses interrogations sur la pollution, la délocalisation et les 4 milliards de tonnes de déchets qu’elle produit par an en Europe.
Par quels biais de la digitalisation, l’industrie textile pourrait-elle revenir sur le devant de la scène au XXIe siècle ?
Entre Manchester et Roubaix, une industrie empreinte d’histoire
L’industrie textile est l’une des plus anciennes industries. Elle a commencé à se développer à grande échelle dans les années 1800 à Manchester avec l’industrie du coton. Cette ville d’Angleterre surnommée « Cottonopolis » fut ainsi la première ville industrielle au monde. Les Etats-Unis envoyaient la matière première pour la transformer en produit fini. Les fibres de coton étaient ainsi préparées, filées, teintes, puis tissées ou tricotées avant d’être confectionnées.
Les machines industrielles anglaises furent ensuite importées en France, notamment dans la ville de Roubaix, lui valant le nom de « Ville aux mille cheminées ». Dès 1814, Roubaix comptait plus de 267 usines textiles pour la filature du coton et de la laine, lui permettant d’augmenter sa population de 1380%. Les régions Rhône-Alpes et des Vosges furent également des villes pionnières dans l’industrie de la soie, du lin, du coton et du chanvre.
Cette apogée économique déclina cependant sous l’occupation allemande et dès 1945, le développement des fibres synthétiques fit basculer l’industrie textile. Manchester n’accueillit plus de travailleurs dès 1980 et en France l’industrie textile perdit 2/3 de ses effectifs entre 1986 et 2004. L’âge d’or prit fin et une délocalisation massive des productions fut inévitable.
Du numérique dans la chaîne de valeur textile pour se réinventer
Marquées par l’histoire, ces villes entièrement tournées vers le textile ont dû se renouveler pour prospérer. Une seule solution, agir sur la chaîne de valeur.
La fashion-tech a ainsi émergé et a permis d’allier industrie textile et nouvelles technologies. La chaîne de valeur textile a ainsi été repensée dans son ensemble avec pour exemples la CAO - Conception Assistée par Ordinateur pour le design, les ERP - Enterprise Resource Planning pour les achats, les MES - Manufacturing Execution System pour la production et les CRM - Customer Relationship Management pour le marketing. La stratégie RFID est également utilisée pour la commercialisation et les Warehouses 4.0 deviennent l’avenir de la distribution.
Parmi cette chaîne de valeur, le plus difficile à maîtriser reste cependant la chaîne de production avec une Supply chain longue, peu maîtrisée et sans interactions entre tous les acteurs. Pour répondre à cette problématique, des méthodes de découpe connectées 4.0 ont notamment vu le jour permettant plus d’agilité, de transparence, de durabilité et de rentabilité. Ces nouveaux business model sont basés sur la production textile à la demande avec des réassorts en flux tendu.
Les pièces textiles sont ainsi découpées en fonction des quantités, tailles et combinaisons formes/couleurs vendues la semaine précédente puis envoyées dans des ateliers de confection. Les stocks, calculs de quantités, statuts de production, estimations de consommations matière et échanges avec les marques se font par l’intermédiaire d’une plateforme digitale. Repenser la chaîne de valeur de manière collaborative avec le client au centre, permet ainsi de rationaliser les workflows et de travailler en temps réel. Cette stratégie permet également aux marques de relocaliser leurs étapes de production, de mettre fin aux minimas de production ou stocks invendus et de ne plus être dépendant des tendances à venir.
Vers de nouveaux produits alliant textile et numérique
La transformation digitale de l’industrie textile a également dû passer par l’implémentation de technologies numériques telles que l’IoT - Internet of Things, l’impression 3D, la réalité augmentée ou encore l’IA - Intelligence Artificielle. Les produits sont alors plus innovants et apportent une valeur ajoutée à l’industrie textile.
L’IoT est ainsi utilisée dans les « smart textiles », textiles capables de répondre à des stimulis provenant de leur environnement ou d’un signal reçu. De nombreux projets de recherche consistent par cet intermédiaire à créer des antennes textiles via des broderies, des capteurs, des électrodes et la technologie NFC. Des textiles peuvent alors permettre d’anticiper les incontinences urinaires ou surveiller des mouvements fœtaux. Les données enregistrées par le vêtement seraient stockées sur le cloud et un parent pourrait réveiller un enfant à temps ou un médecin pourrait contrôler à distance l’évolution de la grossesse.
L’impression 3D peut quant à elle être utilisée pour des matériaux innovants ou délaissés dans le milieu de la mode comme le plastique. Des prothèses médicales pour remplacer des artères ou aider à la reconstruction tissulaire peuvent également être imprimées, tout comme des études prévoient l’impression 3D de composites ou de batteries.
Enfin, un autre exemple significatif de la digitalisation de l’industrie textile pourrait être l’utilisation de la réalité augmentée avec les cabines d’essayages connectées. Ces cabines 4.0 permettent aux utilisateurs de numériser leur morphologie à l’aide d’un scanner 3D. Des données sur la surface du corps humain sont ainsi acquises et l’essayage virtuel permet au consommateur d’observer le tombé du vêtement sur le corps.
Bien qu’elle soit très vieille, l’industrie textile commence ainsi à répondre aux promesses de l’industrie 4.0 avec un écosystème de fabrication, de logistique et d’expérience client plus innovant tout au long de la chaîne de valeur textile. La digitalisation permet ainsi à l’industrie textile de revenir sur le devant de la scène et à la France d’être la deuxième puissance européenne en termes de textiles techniques derrière l’Allemagne. Cette transformation permet également de répondre aux attentes environnementales, économiques et sociales actuelles mais nécessite de changer les modes de consommation. En effet, la collaboration entre la mode et la tech reste un défi majeur pour cette industrie empreinte d’histoire, de tradition et de savoir-faire notamment dans la haute couture. D’autre part, ces projets très ambitieux construits sur le Big Data restent pour le moment limités par la loi informatique interdisant la collecte de données à caractère personnel, sensible ou médical.
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