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La gestion des déchets plastiques, parlons-en

déchets tri selectif
25 janvier 2022
Energie et utilities

Le problème des déchets n’est apparu que très récemment au XXe siècle lors de la deuxième révolution industrielle. En effet, c’est à cette période qu'apparaissent des produits dérivés issus du pétrole et de la chimie. Avant, il y avait peu de déchets et la nature se chargeait de les décomposer en quelques semaines voire quelques mois pour des pelures de fruits. Aujourd’hui il faut entre 100 et 1000 ans pour que les plastiques se décomposent.

Comment en sommes-nous arrivé là ? 

Eh bien, en se regroupant dans les villes, en consommant de plus en plus, les déchets n'ont cessé d'augmenter. Nous cherchons alors des solutions pour ne pas être envahis par nos déchets, c’est là qu’apparaissent les usines de broyage et d’incinération. La collecte municipale des déchets ménagers se développe peu à peu dans les grandes villes mais reste inexistante dans les communes rurales. La gestion des déchets ne faisant pas l'objet d'une réglementation nationale, chaque commune s'organise comme elle l'entend. 

En 1975 la première grande loi sur la gestion des déchets voit le jour. Elle oblige les communes à collecter et éliminer les déchets des ménages. Puis, en 1992 une deuxième loi, loi Royale, voit le jour pour valoriser les déchets et interdire la mise en décharge. C’est le début du recyclage avec les bacs de tri que nous connaissons aujourd’hui. Enfin, en 2015 de nouvelles mesures sont prises au niveau mondial car la planète se réchauffe trop vite dû à nos modes de vie. Une loi relative à la transition énergétique pour la croissance a été votée pour limiter le réchauffement climatique et éviter les émissions de gaz à effet de serre.

Comment sont gérés les déchets et que deviennent-ils ?

La gestion des déchets englobe à la fois leur collecte, leur transport et les étapes de traitement jusqu’à leur élimination ou leur valorisation. 

Les déchets que nous jetons à la poubelle sont collectés par les services de gestion des ordures, 26 % sont acheminés dans des centres de stockage, ou décharges. Là, ils sont compactés puis enfouis ou laissés à ciel ouvert pour se décomposer progressivement au fil du temps. Leur dégradation libère du méthane dans l’air, considéré comme hautement toxique et reconnu pour être un important gaz à effet de serre. C’est la solution de facilité car la moins coûteuse et la plus polluante aujourd’hui.

L’incinération de nos déchets compte 32 % du volume total collecté. C’est mieux que l’enfouissement car ces déchets disparaissent et libèrent de l’énergie souvent valorisée pour un chauffage urbain, ou pour de la production d’électricité. Les résidus solides obtenus après incinération permettent aussi d’obtenir du mâchefer, un béton utilisé comme matériau de construction. Le déchet est valorisé mais malheureusement, cette méthode libère des fumées toxiques qui doivent ensuite être traitées pour ne pas  polluer les sols, l’air et les eaux.

26% des déchets collectés sont recyclés en France. Nos poubelles contiennent une part de produits recyclables qui mériteraient d’être réintroduits dans de nouvelles chaînes de production. Cela permettrait à la fois de réduire la quantité de déchets produits mais aussi d’économiser des matières premières et d’éviter l’émission de près de 20 millions de tonnes de CO2 par an.

Enfin, les  déchets organiques issus de la cuisine ou du jardin représentent 29 % du volume total de nos poubelles recyclées. Dommage lorsque l’on sait que ce type de déchet peut être facilement transformé pour servir à d’autres usages comme le compostage ou encore la méthanisation.

Le rôle de la technologie dans la gestion des déchets

Le sujet de la gestion des déchets n’est pas nouveau, pourtant il est toujours autant au cœur des préoccupations, d’autant plus depuis la prise de conscience écologique grandissante. Depuis 2003, la goélette française Tara étudie les océans avec l’aide de scientifiques du monde entier. Le constat est sans appel, l’activité terrestre en termes de déchets, notamment plastiques, contribue à détériorer la biodiversité marine, puis de nouveau terrestre. Constat alarmant, 75% des déchets plastiques se retrouvent dans la mer.

Malgré cet historique et nos connaissances sur le sujet, la problématique est toujours présente. Même le COVID-19 a un fort impact, il a été retrouvé dans les écosystèmes marins des masques, flacons de gel, gants ou lingettes désinfectantes, produits dans lesquels nous retrouvons des matières plastiques.

Du contenant lui-même au transport des déchets, les opportunités sont nombreuses pour modifier la gestion des déchets telle que nous la connaissons aujourd’hui. Les poubelles connectées du futur pourront contenir des composants informatiques et seront construites afin de leur permettre de restituer un certain nombre d'informations pour une gestion optimisée. L’utilisateur pourra ainsi jeter ses déchets dans une poubelle dotée de caméras et capteurs capables de reconnaître le type de déchet et de le placer dans la bonne benne souterraine. Finies donc les poubelles de tri sélectifs ? De telles solutions gérées par la machine ne permettent pas aux populations d’être informées et sensibilisées sur le sujet.

Que les déchets soient triés par l’humain ou la machine, le taux de remplissage des bennes pourra ensuite être relevé grâce à une puce qui envoie l’information au camion poubelle dédié au type de déchet en particulier. Cela a pour effet de limiter les transports de déchets, d’améliorer le circuit de collecte et d'éviter les déplacements inutiles ou non optimisés en fonction du taux de remplissage des bennes. Idéal pour réduire toute forme de pollution dans les villes.

Selon un cabinet d’études de marché spécialisé dans le machine to machine l’IoT , nous compterons 1,5 million de points de collecte connectés dans le monde d’ici 2023. Reste à savoir si cette connectivité oeuvrera au service des populations et des villes tout en poursuivant une sensibilisation visant vers la réduction et la réutilisation des déchets avant leur potentiel recyclage (les 3R).

Les systèmes d’information… Mais pas que 

Pour permettre une gestion optimisée et performante, les systèmes d’information sont une force. Accolés à ces derniers, les infrastructures sont également nécessaires pour arriver à un but optimal. Pour permettre une ville intelligente et optimisée (Smart City) mais peu énergivore (Wise City), le souterrain est une des solutions. L’éco-quartier de Clichy-Batignolles propose depuis 2014 une collecte via un réseau pneumatique souterrain. Cette idée est née en Suède, connue pour sa forte dimension écologique et sa bonne maîtrise du recyclage, et est disponible dans plusieurs villes, à travers plus de 750 installations. Cependant cela implique des travaux et des infrastructures personnalisés et adaptés à chaque ville, toutes au profil différent.

Le compostage est également une solution qui existe depuis toujours, mais qui n’est pas nécessairement adaptée à la vie urbaine, certaines villes proposent donc le compost à l’échelle de la ville, permettant à chacun de mieux gérer ses déchets et contribuer au collectif.

Au-delà de la gestion du déchet en lui-même, il serait pertinent de revenir à la source, à savoir la production ou la mise à disposition. Après la fin des couverts et pailles en plastique à usage unique en 2021, la France a mis fin aux emballages plastiques dès le 1er Janvier 2022 sur les fruits et légumes. Jusqu’à cette date, il a été possible de voir en magasin des bananes (ou autres fruits ou légumes déjà protégés par leur peau naturelle) dans du cellophane, ce qui peut sembler absurde… Lorsque cela est possible, simplement faire preuve de bon sens peut participer à la diminution des déchets et de la pollution.

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Emmylou ROSZAK
Emmylou ROSZAK
Senior Partner - Directrice de l'Offre Energies & Utilities

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Maëva SOPHIE
Maëva SOPHIE
Consultante confirmée
Martin SALEMBIER
Martin SALEMBIER
Consultant Expert Energies et Utilities