La fin du réseau cuivre d’Orange s’accélère

La dernière phase de ce vaste chantier est entrée en jeu le 31 janvier 2025, avec une bascule sur un réseau 100% fibre pour 162 premières communes. À terme, Orange a pour objectif de couper 42 millions de lignes ADSL.

Fonctionnement technique de la fibre optique

La fibre optique est un fil de verre recouvert par un coffrage en plastique fonctionnant grâce à un laser envoyant des signaux lumineux.

Schéma du fonctionnement de la fibre optique, Arcep

Actuellement, la fibre est installée en deux étapes: le réseau est d’abord déployé dans les immeubles, afin de rendre le lieu techniquement raccordable. Ensuite, lorsqu'un foyer souscrit à un abonnement à la fibre, un raccordement est fait entre le boîtier de l’immeuble où arrive la fibre, jusqu’à la prise fibre située à l'intérieur de l’appartement du foyer.

Exemple de l’installation de la fibre optique par SFR

Une bascule alignée avec les usages des Français

La fibre présente de nombreux avantages par rapport au cuivre. Contrairement à ce dernier, fragile et sensible aux intempéries, la fibre est plus résistante et nécessite moins de maintenance. À ce titre, Orange compte économiser 540 millions d’euros liés aux coûts de maintenance de l'infrastructure.

La fibre possède également un débit beaucoup plus rapide que le cuivre, permettant une qualité de service optimale pour les usages des Français comme les plateformes de streaming, les jeux vidéos en ligne, ou les objets connectés. De plus, la fibre est aussi plus stable, car elle est en capacité de supporter de nombreux utilisateurs simultanément, sans dégradation du service.

Par ailleurs, cette technologie consomme trois fois moins d’énergie que le cuivre, permettant de s’inscrire dans une énergie plus durable.

Un déploiement avancé

La France a déjà bien avancé sur son plan de déploiement, comme en témoigne la carte de l’Arcep (l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques, des Postes et de la Distribution de la Presse) au troisième trimestre  2024. La grande majorité des territoires sont raccordés au réseau fibre optique à plus de 80 %. Cependant, certaines régions sont moins développées comme la Bretagne, l’Auvergne, ou le Poitou. On note notamment une concentration assez importante de zones non couvertes en Auvergne (en blanc sur la carte), et quelques unes en Occitanie.
 

Carte du déploiement de la fibre optique en France au T3 2024, Arcep

À noter que, selon un rapport de 2024 du FTTH Council, la France et l’Espagne sont les pays dans lesquels le taux d’adoption de la fibre est le plus important: 78 % pour la France, contre seulement 25 % pour l’Allemagne. Au même titre que le Royaume Uni, l’Allemagne a commencé son plan de transformation tardivement mais œuvre pour rattraper les pays les plus avancés.

Un risque pour les foyers les plus isolés

L’Arcep précise toutefois qu’il n’est pas envisageable de fermer l’ensemble du réseau de cuivre sans l’assurance d’avoir un raccordement à la fibre optique 100 % stable et fonctionnel, sans quoi le risque pour certains foyers de se retrouver sans connexion internet serait accru.
Le régulateur craint donc que des Français soient lésés, car il reste encore à date plus de 6 millions de foyers raccordés uniquement au cuivre (avec l’ADSL), dont certains dans des zones difficilement accessibles, où le raccordement à la fibre s’avère plus complexe.

Pourtant, le plan prévoit une fermeture commerciale de l’ADSL dès janvier 2026 : à cette date, il ne sera plus possible de souscrire à un abonnement ADSL utilisant le réseau cuivre. Mais pour s’aligner sur les recommandations de l’Arcep, Orange décalerait localement cette deadline pour les zones les plus reculées.

D’un autre côté, les opérateurs concurrents (Bouygues, SFR, Free) poussent Orange à déployer son réseau fibre le plus rapidement possible car ces derniers visent à faire des économies sur ce que leur facture Orange pour les frais de maintien de l’ancien réseau.

De plus, ils soulignent selon eux le manque de politique commerciale d’Orange pour inciter les utilisateurs à s’abonner à la fibre. En effet, même si la fibre est déployée dans un territoire (par exemple un immeuble), cela n'entraîne pas automatiquement un abonnement à la fibre. Cela signifie donc que les chiffres de déploiement du nouveau réseau ne sont pas nécessairement en adéquation avec le nombre de personnes abonnées.

Ainsi, la transition d’Orange vers un réseau 100 % fibre optique marque une étape clé dans la modernisation des infrastructures numériques en France. Cette initiative portée par l’Etat répond aux nouveaux usages numériques et offre des avantages techniques, économiques et environnementaux significatifs par rapport au réseau cuivre vieillissant.

Cette transition doit néanmoins s'accompagner d'une couverture uniforme sur l'ensemble du territoire. Si Orange échoue à déployer efficacement son réseau - notamment dans les zones les plus isolées - elle pourrait aller à l'encontre de son objectif de réduire la fracture numérique, aggravant ainsi les inégalités d'accès au numérique.
La collaboration entre les acteurs du secteur et la supervision du régulateur seront cruciales pour faire de cette mutation technologique un succès, tout en veillant à ce qu’aucun foyer ne soit laissé-pour-compte.