Comprendre les tensions sur le pétrole à l’échelle mondiale
Quelques pays détiennent le monopole de la production du pétrole, ces mêmes pays sont souvent économiquement dépendants de leur rente pétrolière. Les importateurs n’ont par ailleurs, pas d’autres choix que d’importer du pétrole, la production étant très localisée.
Qui sont les pays de l’OPEP ?
Les pays membres de l’OPEP sont les pays qui, historiquement, sont producteurs de pétrole, dont notamment l’Arabie saoudite. L’OPEP+ est une extension de l’alliance pour inclure 10 autres pays producteurs de pétrole, dont la Russie par exemple.
Les membres de l’OPEP font de cette industrie leur principale source de revenu. La rente pétrolière est ainsi à l’origine de 87% du budget de l’Arabie Saoudite, et 90% pour le Koweit. Ces pays ont donc intérêt a minima de maintenir un certain niveau de profit par baril.
Quid des consommateurs ?
Les plus gros importateurs sont la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, la Corée du Sud… Si on prend en considération l'UE, elle se placerait en tant que premier importateur mondial. Ces pays recourent dans bien des cas aux importations de produits pétroliers pour satisfaire jusqu’à 99% de leur consommation.
La France, par exemple, a consommé environ 67 millions de tonnes de produits pétroliers en 2021. En revanche sa production, quant à elle, n'était que de 0,7 million de tonnes en 2020. De plus, les réserves constatées sur le sol français ne pourraient même pas supporter une année de consommation.
De l’importance du pétrole :
Nous pouvons voir dans ce graphique que l’utilisation de produits pétroliers en France est majoritairement mobilisée sur un poste de consommation : le transport. Les importations de pétrole servent essentiellement à assouvir les besoins d’essence de nos véhicules.
En effet, aujourd’hui 83% du transport est du transport routier, il est donc aujourd’hui le plus grand consommateur de produits pétroliers en France. Le constat chiffré est sans appel : sur les quelque 45 millions de véhicules en circulation en France, 300000 seulement sont électriques ou hydrogène soit 0,67% du parc automobile. Si la France vient à manquer de pétrole, c’est tout le fret routier qui en pâtira.
Qu’est-ce qu’une réserve de pétrole ?
Qu’est-ce qu’une réserve ? Une réserve de pétrole peut être artificielle ou naturelle. Dans le premier cas, c'est un stock constitué artificiellement par l’Homme dans le but de suppléer à un déficit d’importation pendant un laps de temps donné : les Réserves Stratégiques de Pétrole en France.
Dans le second cas, le terme usité est « gisement » : c’est là où l’on extrait le pétrole dans la nature. Et nous allons voir qu’il existe plusieurs types de gisements, qui sont sobrement labellisés « 1P », « 2P » et « 3P » :
- 1P : « proven » : 90% de chance d’exploiter le volume identifié prouvé
- 2P : « proven and probable » : 50% de chance d’exploiter le volume identifié probable
- 3P : « proven, probable and possible » : 10% de chance d’exploiter le volume identifié possible
L’état des gisements dans le monde :
Wood Mackenzie, une agence de recherche et conseil reconnue dans le domaine énergétique, a publié le graphique suivant :
Il y est montré la décroissance des découvertes de gisements de pétrole conventionnel en volume. Cela est confirmé par une étude plus récente de Rystad (agence de recherche énergétique), indiquant que le rythme de découverte de la décennie 2010-2020 n’a pas excédé 20 milliards de barils par an, et cela en dépit d’investissements records.
Depuis quelques années c’est donc le pétrole de schiste qui permet de suppléer une partie de la consommation, notamment aux USA. Toutefois, le shale oil à un inconvénient majeur : il est nettement plus coûteux à produire que le pétrole conventionnel; il n’est donc exploitable que lorsque le cours est haut.
Selon une étude de Rystad de 2022 : la réserve totale de pétrole conventionnel est de 1572 milliards de barils, cela comprend tous les types de réserves, soit le volume 3P. Ces gisements n’étant pas tous exploitables aisément, nous pouvons comprendre que le prix sera un déterminant majeur de leur exploitation : le volume rentable (et donc pouvant être extrait) étant corrélé positivement au prix du baril.
Qu’en est-il de la consommation ?
Nous savons que nous consommons environ 96 millions de barils par jour. L’Agence Internationale de l'Énergie prévoit que la demande atteigne un plateau vers 2030 à hauteur de 105 millions de barils par jour, cette hausse de la consommation serait principalement issue de l’émergence des classes moyennes dans les pays en développement : La Chine en est le meilleur exemple (premier importateur mondial).
Conflit entre la consommation et la production
Au vu de ces données nous voyons bien qu’il y a un déficit de production pour répondre à la demande; notre capacité à maintenir notre consommation repose donc sur nos réserves.
Nous avons un stock contraint de par sa nature fossile, une production qui va être de plus en plus coûteuse : on le voit de par l’accroissement de la production de pétrole schiste pour pallier le manque de conventionnel.
D’autre part, la demande de produits pétroliers tend vers un plafonnement à horizon 2030. On parle bien ici d’un ralentissement de la croissance de la demande et non pas d’un allègement de la consommation en tant que telle. Or, il est établi que nous sommes dans un équilibre précaire qui est menacé par l’accroissement de la demande et la diminution des découvertes.
Limiter l’exposition à ces tensions
Pour prévenir d'éventuelles tensions sur les stocks et réduire l’exposition aux aléas de prix comme on a pu le voir récemment, il faut diminuer la dépendance au pétrole. Cela pourrait passer notamment par une décarbonation intensive du secteur du transport routier, qui est, on l'a vu, le principal moteur de la consommation de pétrole. Plusieurs leviers d’actions sont ainsi envisageables : augmentation des capacités de fret ferroviaire, encourager la mobilité douce, favoriser les transports en commun…
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