L’IT durable, nouvelle opportunité ou nouvelle responsabilité ?
Alors que le réchauffement climatique devient de plus en plus visible, que les températures battent des records, on observe une réelle prise de conscience écologique des citoyens et politiques en France. Au sein des entreprises, la direction des systèmes d’informations n’est pas sans responsabilités et pour cause : à l’échelle mondiale, la consommation du web représente 40 centrales nucléaires, 608 millions de tonnes de gaz à effet de serre, et de 8,7 milliards de m3 d’eau.
Green-by-design
Beaucoup d’entreprises utilisent la technologie pour réduire leur empreinte écologique et sociale de manière massive ce que l’on appelle l’IT for Green. Pourtant, se digitaliser peut autant contribuer à augmenter l’empreinte carbone d’une entreprise, qu’à lui fournir des opportunités pour la réduire. Pour éviter cela, il est nécessaire de penser dès la conception ses nouveaux processus et son parc de matériel en prenant l’ensemble de leur cycle de vie et intégrer une démarche éco-responsable dans les processus IT. C’est ce que l’on appelle le Green IT. Les entreprises étant peu habituées à toutes ces démarches, les sociétés de conseils ont un devoir d’accompagnement dans ce nouveau procédé qu’est l’IT durable.
Les acteurs à l’heure du durable
Les cabinets de conseil ont grand intérêt à s’intéresser, à sensibiliser et à anticiper au mieux l’impact des systèmes d’informations de leur client. Si aujourd’hui, l’aspect développement durable n’est présent que dans un appel d’offre sur cinq, les annonces gouvernementales et européennes sur ce sujet, amènent à penser que les états s’apprêtent à légiférer et/ou mieux réglementer les entreprises.
L’IT durable est donc un virage à prendre dans les offres commerciales proposées, en misant notamment sur des processus et une offre d’accompagnement plus éco-responsable. Les catalogues de prestations pourraient s’enrichir avec des audits de performances, de l’accompagnement à de l’optimisation d’applications, du pilotage de ressources/énergie dès la phase de conception puis dans les phases d’évolutions, de la formation ou encore de la sensibilisation aux bonnes pratiques d’IT durable... De l’accompagnement ponctuel ou continu, l’idée est d’être vraiment moteur dans cette transformation afin d’aider les entreprises à mesurer, maîtriser et améliorer leur systèmes d’informations.
Attention néanmoins aux effets de greenwashing (stratégie de communication qui consiste à se donner une image éco-responsable loin de la réalité du terrain, dans le but de vendre) afin d’avoir une réelle légitimité à proposer ces prestations, il semble impératif que ces sociétés s’appliquent à elles-mêmes les exigences qu’elles ont pour leur clients.
De nouvelles responsabilités
Il est vrai qu’en tant que fournisseurs de nouvelles connaissances et de bonnes pratiques, les cabinets ont une vraie responsabilité et se doivent d’être au fait des changements sociétaux. Cette responsabilité passe par un certain nombre de nécessités :
- D’abord en gardant un niveau de connaissance à jour et en ayant une capacité de projection sur les changements à venir. Ensuite en appliquant à soi-même les exigences qui seront ensuite transmises et partagées chez les clients. Ces exigences peuvent, dans ce contexte, être méthodologiques en intégrant dans des approches de projet rodées de nouvelles attentes de SI durable. Elles peuvent également intervenir sur des domaines d’expertises comme l’éco-conception. L’un des 10 principes de design de Dieter Rams, qui s’appliquent tout à fait au design de produits informatiques, stipule d’ailleurs qu’un “bon design est durable”.
- Enfin les collaborateurs doivent être sensibilisés et formés à ces sujets afin de diffuser au mieux les bonnes pratiques. Il ne faudra pas non plus hésiter à faire appel à de l’audit interne ou externe pour rester dans une position de remise en question. Si le Lean Management et l’amélioration continue font partie des actions du quotidien, les cabinets de conseils doivent savoir l’appliquer à l’IT Durable.
Nous pouvons donc dire que cette nouvelle responsabilité pour les cabinets de conseils n’est pas à voir comme une contrainte environnementale mais réellement comme une nouvelle opportunité, de faire ce métier de conseil et de le valoriser pour le mieux, pour ainsi faire face à la nécessité de nos sociétés de réagir sur tous les terrains, y compris celui de l’IT.