Quel bilan 2021 et quelles perspectives pour le secteur de l’aérien ?

Après avoir traversé le trou d’air le plus important de leur histoire en 2020, les acteurs de l’aérien ont dû faire preuve de résilience tout au long de l’année 2021 pour limiter l’impact de la crise. Le bilan final de 2021 est très attendu mais l’on peut déjà dire qu’il sera meilleur que le précédent, même si la situation reste encore fragile.
D’après l’IATA (Association Internationale du Transport Aérien), les compagnies aériennes devraient avoir transporté environ 2,3 milliards de passagers en 2021, soit 500 millions de plus qu’en 2020. Ce résultat, bien que correct, doit cependant être comparé aux 4,5 milliards de passagers transportés en 2019 avant la crise. Bien que la situation s’améliore, un retour à la normale en 2023 reste peu crédible, notamment à cause des vols long-courriers internationaux de transport de passagers qui restent encore très impactés par les restrictions de chaque pays.
Un été en demi-teinte pour les compagnies françaises
Cela se confirme avec les reprises de cette année, où les vols domestiques (73% du marché global rétabli) et le moyen-courrier en Europe ont été les plus dynamiques. Généralement, l’été est le rendez-vous incontournable pour les compagnies. Cependant, en France la période a été marquée cette année par un regain de la pandémie dans les territoires d’Outre-mer. Ceci a contribué à fragiliser un peu plus les acteurs spécialisés sur ces liaisons comme Corsair, Air Caraïbes, Air Tahiti Nui ou encore Air Austral qui ont demandé une nouvelle aide d'État pour les soutenir. Malgré tout, début novembre, la réouverture des frontières entre les États-Unis et l’Europe a provoqué un rebond spectaculaire des réservations (+156% sur 2 semaines pour Air France). Cette réouverture était très attendue et devrait permettre aux compagnies de retrouver un peu plus de couleurs car ces liaisons transatlantiques font partie des plus importantes au monde (40% du chiffre d’affaires pour Air France par exemple). Finalement, en 2021 le trafic aérien en France ne sera qu’à environ 35% du trafic total de 2019, soit 44,7 millions de passagers transportés par rapport aux 138,5 millions en 2019.
D’un point de vue financier, en 2020, les compagnies aériennes avaient accumulé 138 milliards de dollars de pertes. En 2021, elles se retrouvent avec une perte de 52 milliards de dollars, soit une perte globale cumulée de 200 milliards de dollars sur 2 ans. Les perspectives pour 2022 s’améliorent mais devraient rester dans le négatif avec une perte globale attendue d’environ 12 milliards de dollars. De plus, un point qui risque de ne pas améliorer la situation des compagnies : les gestionnaires d’aéroports comptent augmenter les redevances afin de compenser le manque de revenus sur 2019 et 2020. En France par exemple, la redevance de navigation aérienne et de survol devrait augmenter de 44,5% et les redevances aéroportuaires de 39% sur Paris et 27% en région. A Londres-Heathrow c’est même une augmentation de 76% qui est envisagée. De quoi réduire encore un peu plus la faible marge des compagnies, tout en risquant de provoquer une hausse du prix des billets.
L'envolée du Fret aérien
Bien que les turbulences soient encore fortes pour le transport de passagers, il en est tout autre du côté du fret qui connaît une croissance exceptionnelle. Le secteur affiche en effet une hausse de 8% en 2021 par rapport à 2019 (avant crise !), avec même une estimation à +13% en 2022 par rapport à 2019. Ces bonnes performances sont à attribuer à la baisse des vols passagers internationaux (qui contribuent aussi au transport de fret) et à la demande globale qui a explosé, mettant sous tension toute la chaîne logistique et notamment maritime en augmentant les délais et les coûts. Cette tendance semble vouée à perdurer, puisque Airbus remonte ses prévisions de besoins pour les avions cargo de +30%, soit un besoin total de 3000 avions purement cargo d’ici 2040. L’avionneur européen a par ailleurs profité du dernier salon aéronautique de Dubaï pour annoncer officiellement le lancement de la version 100% fret de l’A350, dont les premières commandes ont déjà été passées. Boeing n’est pas non plus en reste avec la réception de plusieurs commandes d’avions neufs de fret, mais également des commandes pour convertir des avions passagers en 100% cargo. Ce marché de la reconversion des avions est en plein essor car au-delà des avionneurs, d’autres entreprises spécialisées (GECAS et IAI sur la reconversion de Boeing 777 en 777ERSF, ST Engineering et Airbus pour l’A321 P2F etc.) ont annoncé dernièrement de nouveaux projets de conversions d’avions passagers en cargo pour répondre à la demande croissante.
Des enjeux écologiques
Cette reprise des commandes est plutôt paradoxale vis à vis des avions qui, eux, sont toujours en stockage de longue durée et dont les perspectives de retour en vol sont incertaines. En septembre 2020, 17 000 avions avaient déjà repris les airs. En septembre 2021 ils étaient 20 000, soit 3000 de plus que l’an dernier. Or il reste actuellement environ 6000 avions (soit environ 23% de la flotte mondiale) qui sont encore stockés et qui risquent de ne jamais redécoller. Ces 6000 avions qui sont principalement d’ancienne génération, ne sont aujourd’hui plus compatibles avec les enjeux climatiques de demain. Ces derniers sont soit trop gros, trop gourmands en carburant et/ou trop bruyants et surtout polluants. Or le secteur de l’aérien fait souvent l’objet de critiques et est régulièrement pointé du doigt comme l’un des grand coupables du réchauffement climatique (environ 3,5% des émissions globales de CO2), c’est pourquoi il est important pour tous les acteurs du secteur d’investir et d’innover dans des solutions non-polluantes. Pour répondre à ces enjeux, l’IATA a lancé le programme « Fly Net Zero » qui vise à décarboner l’aérien pour 2050 via plusieurs biais (renouvellement des flottes pour des avions moins polluants, utilisations de biocarburants ou nouveaux carburants – hydrogène, changement des règles de navigation, suppression des vols qui peuvent être fait en 2h30 de train etc.). Ceci représente pour les compagnies un investissement global estimé à 1550 milliards de dollars jusqu’en 2050. Chaque nouvel avion permet de réduire les émissions de CO2 entre 10% à 50% par rapport aux générations précédentes, or aujourd’hui, seuls 13% des avions dans le monde sont de dernière génération. Le dernier salon aéronautique de Dubaï en novembre (qui était le premier depuis le début de la crise sanitaire), a été l’occasion de prendre le pouls du secteur qui pour le coup marque bien son entrée dans l’après-crise. Airbus et Boeing y ont engrangé 486 commandes, dont 408 rien que pour Airbus (plus que lors du Salon du Bourget 2019), or la majorité de ces commandes viennent en remplacement d’avions d’ancienne génération et non plus spécialement pour accroître la taille des flottes.
Malgré la forte crise rencontrée par le secteur de l’aérien, l’IATA veut rester optimiste puisqu’elle maintient ses prévisions initiales de 10 milliards de passagers transportés en 2050. Maintenant, le grand défi va être de doubler le nombre de passagers transportés tout en réduisant l'empreinte carbone des acteurs de l’aérien. C’est pourquoi aujourd’hui ils sont tous mobilisés pour rechercher et développer des solutions innovantes et disruptives (avions électriques, à hydrogène, ciel unique européen etc.) pour parvenir à faire de l’aérien l’un des secteurs les moins polluants.
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