Open Insurance : innovation, données et enjeux éthiques

Historiquement considéré comme un secteur traditionnel et peu réactif à l’innovation, l’assurance fait désormais face à une double dynamique avec d’un côté une transformation numérique rapide et de l’autre une concurrence accrue, portée par les start-ups spécialisées (assurtechs), les services en ligne innovants et les nouveaux usages numériques. Dans ce contexte, les attentes des assurés évoluent rapidement, ils réclament plus de transparence, des services personnalisés et une expérience fluide comparable à ce qu’ils connaissent dans la banque ou le e-commerce.
C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’open assurance, un concept inspiré de l’open banking et de la réglementation DSP2. Il vise à ouvrir les systèmes d’information des assureurs à des tiers (partenaires, fintechs, plateformes) via des API standardisées, sécurisées et gouvernées par le consentement du client. L’objectif est d’accélérer l’innovation, rendre les services d’assurance plus accessibles et renforcer la valeur apportée au client à travers des offres plus adaptées. Ce mouvement d’ouverture soulève des questions d’ordre technique, réglementaire et éthique, et redéfinit le rôle des cabinets de conseil digital, à la croisée des enjeux technologiques et métiers.
Open Assurance : de quoi parle-t-on ? Cas d’usages et promesses
L’open assurance désigne l’ouverture encadrée des données d’assurance à des acteurs tiers, de manière sécurisée et fondée sur le consentement explicite du client. Inspirée des dynamiques de l’open banking (notamment la directive DSP2) et du futur règlement européen FIDA, cette approche vise à stimuler l’innovation, renforcer la transparence et proposer des services plus personnalisés et adaptés aux besoins réels des assurés.
Elle s’appuie sur un panel diversifié d’acteurs, mêlant assureurs traditionnels, assurtechs, agrégateurs de données et tiers de confiance. Pour permettre cet échange sécurisé de données, les acteurs doivent mettre à disposition des API (interfaces de programmation applicative). Ces interfaces permettent aux partenaires autorisés d’accéder à certaines données (contrats, garanties, historiques) de façon standardisée, traçable et contrôlée.
Des groupes comme Axa ou la MAIF ont déjà initié cette transformation en publiant des API sur des portails dédiés (ex. Axa API Store), facilitant ainsi l’intégration de leurs services avec d'autres acteurs. Parallèlement, le marché des assurtechs continue de croître fortement, avec une progression annuelle de plus de 20 % en Europe, soutenu par l’ouverture progressive de ces infrastructures.
Concrètement, l’open assurance ouvre la voie à des usages concrets :
- Agrégation de contrats dans un tableau de bord unifié
- Tarification dynamique basée sur les comportements (conduite, santé)
- Souscription simplifiée entre plusieurs acteurs (banque + assurance)
- Services personnalisés comme le coaching en prévention ou les garanties à la demande
- Gestion automatisée des parcours multi-partenaires (co-assurance, distribution)
Côté client, les bénéfices sont clairs avec plus de lisibilité, une expérience fluide, des offres mieux adaptées aux besoins réels.
État actuel du marché et maturité des acteurs
Bien que l’open assurance soit de plus en plus présente dans les stratégies du secteur, sa mise en œuvre concrète reste limitée par rapport à l’open banking. L’absence de standards techniques et réglementaires harmonisés au niveau européen freine l’industrialisation des initiatives, créant un paysage très fragmenté. Quelques pionniers comme la MAIF, Generali ou Alan ont lancé des démarches ambitieuses, mais la majorité des assureurs restent à des stades de maturité très inégaux. Certains disposent de stratégies intégrant des API dans leurs offres, d'autres restent au stade expérimental, freinés par des systèmes informatiques vieillissants, des contraintes réglementaires, ou une culture encore fermée au partage des données.
Trois grands freins ralentissent l’adoption : techniques (legacy), juridiques (RGPD, consentement) et culturels (protection de la donnée comme actif stratégique).
Les défis et enjeux éthiques de l’open assurance : entre innovation et responsabilité
L’ouverture des données dans l’assurance, bien qu’innovante, soulève des défis techniques, réglementaires et éthiques à encadrer rigoureusement.
Sur le plan technique, l’interopérabilité des API, la cybersécurité et la gouvernance des données sont essentielles pour garantir un écosystème fiable. Le consentement explicite des utilisateurs et la traçabilité des accès doivent être assurés, en conformité avec le RGPD, le Data Act et l’IA Act.
L’usage croissant de l’IA dans la tarification ou l’indemnisation impose des garanties de transparence et de responsabilité algorithmique, afin d’éviter biais ou discriminations, notamment envers certains profils (état de santé, mobilité, comportements à risque).
Au-delà des aspects techniques, l’open assurance soulève des enjeux éthiques majeurs, liés à l’exploitation des données comportementales, qui doit rester compatible avec le respect de la vie privée.
Open Insurance : vers une assurance plus ouverte et performante
L’open assurance, encore peu encadrée, s’impose comme une dynamique de fond. Elle offre l’opportunité de faire évoluer l’assurance vers un service plus personnalisé, proactif et centré sur l’usage.
Les cabinets de conseil digital ont un rôle central à jouer pour accompagner cette transition : modernisation du SI, gouvernance de la donnée, sécurité, consentement, conduite du changement ou encore stratégie API/Data/IA.
Les assureurs qui investiront dès maintenant dans une ouverture maîtrisée de leurs données seront les mieux placés pour répondre aux attentes clients et renforcer leur performance.
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Les consommateurs sont aujourd’hui en attente d’offres sur-mesure. Dans ce contexte, les données vont devenir un enjeu central de différenciation, permettant de personnaliser des prestations qui s’aligneront sur les comportements réels des assurés. mc2i accompagne les acteurs du secteur sur leurs problématiques numériques comme la digitalisation des parcours utilisateurs, la mise en place de plateformes data ou l’intelligence artificielle.
