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Le virage du numérique au sein des sociétés pharmaceutiques

22 mars 2021
Santé

L’industrie pharmaceutique, comme plusieurs autres secteurs avant elle, se retrouve face au dilemme de l’innovation. Dans un monde de plus en plus connecté, la technologie est partie prenante de notre quotidien, tant professionnel que personnel.

Pourtant, selon différentes études, l’industrie pharmaceutique figure parmi les secteurs les moins digitalisés du marché. Ces entreprises pharmaceutiques peuvent jouer un rôle central dans la révolution numérique des soins de santé. Les communications mobiles, le cloud, l’analyse avancée et l’IOT (Internet of Things) sont les précurseurs de la transformation numérique de cette industrie.

 

L’accès au soin redéfini par les nouvelles tendances numériques

Les sociétés pharmaceutiques doivent mettre de plus en plus l’accent sur la démonstration de valeur de leurs médicaments dans le monde réel, et non plus seulement dans des essais cliniques.

La différenciation de son produit

A l’ère du numérique, si elles veulent conserver l’accès au marché et justifier les prix élevés de leurs traitements, les solutions ne devraient pas seulement comprendre le médicament, mais également des capteurs pour collecter, analyser des données et surveiller l’état du patient. En effet, les laboratoires ne vendent plus aujourd'hui seulement le médicament, mais le dispositif (capteur et/ou application) permettant de mieux contrôler la maladie. Cela constitue un véritable élément de différenciation sur le marché.

Nous pouvons prendre l’exemple du traitement du diabète de type 1 qui comprend capteurs et objets connectés pour la mesure du glucose en continu dans le liquide interstitiel et qui fonctionne grâce à un capteur de glucose, un transmetteur et un récepteur (exemple du DexcomG4® Platinum ci-dessous).

DexcomG4® Platinum (Dexcom) permettant la mesure du glucose en continu (source [10] : Haute autorité de santé - 2015)
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Le patient , un acteur de sa santé

Le numérique et l’accessibilité à l’information modifient le rapport qu’ont les patients vis-à-vis de leur traitement. Ils sont capables et disposés à prendre davantage en main leur propre santé. Les patients sont de plus en plus enclins à évaluer différents produits et services de santé.

Cette grande quantité d’informations sur la santé et les traitements, disponible sur internet et sur les applications, redéfinit les stratégies de communication adoptées par les professionnels de santé.

Avec la digitalisation de ce secteur, le patient occupe un rôle aussi, voire plus important que celui des professionnels de santé. En devenant acteur de sa propre santé et en ayant le choix du traitement grâce aux informations disponibles en ligne sur la performance de celui-ci, il pousse les laboratoires à centrer leur business model autour d’eux, et non plus autour du produit et des médecins prescripteurs.

La capacité à communiquer avec le patient pourrait être la clef du succès du futur modèle commercial des laboratoires.

Dans le passé, la diffusion de l’information était entièrement contrôlée par des sociétés pharmaceutiques. Aujourd’hui, il existe un grand nombre de canaux d’informations indépendants qui ont vu le jour grâce aux nouvelles technologies, comme les plates-formes collaboratives, les réseaux sociaux et les supports d’informations dématérialisés sur internet, sur des applications mobiles ou sur des écrans publicitaires diffusés dans l’environnement médical, bien que le médecin, en qui ils ont confiance, reste la première source d’information pour 91% des patients (source [5] - IDS Média - 2017).

Nous pouvons également citer les communautés en ligne, qui permettent le partage d’informations et d’expériences vécues par les patients lors de leur traitement, les applications ou les capteurs permettant de surveiller l’impact de la thérapie sur la vie quotidienne de ces derniers (exemple du DexcomG4® Platinum cité plus haut).

 

Les axes numériques qui généreront de la valeur dans le secteur pharmaceutique

Pour générer de la valeur et prospérer dans un monde qui se digitalise, les laboratoires pharmaceutiques devront s’adapter à ces développements et améliorer leur modèles commerciaux et d’innovations selon trois axes :

La personnalisation des soins

Dans ce secteur, cela se traduit par l’utilisation de services numériques pour fournir des soins adaptés et sur mesures. Pour cela, il faut adapter la thérapie aux besoins cliniques et au mode de vie du patient. Ce dernier peut suivre l’évolution de son traitement et recevoir des alertes (24h/24) en cas de mauvaise prise. Cela permet également aux professionnels de santé de surveiller l’état du patient à distance et l’observance de son traitement. Le médicament deviendra plus personnalisé en ciblant le besoin réel de chaque patient avec une précision accrue. Nous pouvons prendre l’exemple de l’entreprise Wefight, qui propose un assistanat virtuel pour accompagner des patients durant leur parcours de soin contre des maladies spécifiques au travers d’applications (exemple : Vik Sein, application de soutient contre le cancer).

La communication multi-canal

Le digital gagnant du terrain dans le secteur de la santé, il est important de revoir les méthodes et canaux de communication entre les laboratoires, les visiteurs médicaux (qui promeuvent les médicaments auprès des professionnels de santé), les médecins et les patients. Le chef d’orchestre est le visiteur médical, qui va permettre la relation entre le client et le laboratoire. La stratégie multi-canal va permettre de proposer de nouvelles méthodes d’interactions, via des outils numériques. Le parcours client devient « hybride », en permettant d’un côté les interactions face à face (tels que les visites, les congrès, le staffing), et d’un autre des interactions digitales via des canaux numériques. Les prescripteurs changent, la façon de communiquer avec eux doit également évoluer.

La réactivité en temps réel et l’automatisation

Dans un futur proche, les technologies cloud et mobiles, associées à des capteurs permettront d’automatiser des processus opérationnels, permettant une simplification et une automatisation de certaines tâches. Cette automatisation permettra de gagner en transparence sur les progrès (via une analyse des résultats), les coûts et la valeur opérationnelle du produit. Dans le secteur pharmaceutique, elle permettra d’améliorer et de simplifier certains flux de travail, tels que le recrutement ciblé en ligne, la télésurveillance (via des capteurs, appareils connectés et applications), la gestion des essais cliniques (du recrutement à la présentation du produit), la planification des ventes ainsi que la supervision du contenu marketing. Cette technologie réduira également les interventions dans les cliniques et les sites d’essais pendant les phases de test d’un médicament, sera profitable pour les patients et améliorera les conditions de vie de ce dernier lors de la prescription d’un traitement.

A l’ère de la transformation numérique, les laboratoires pharmaceutiques devront développer des solutions de santé intégrant produits et services tels que les médicaments, combinés aux dispositifs médicaux, objets connectés et applications de santé. Cette transformation possède de nombreux avantages, les sociétés pharmaceutiques répondront aux principaux besoins de leurs clients, elles aideront les patients à prendre leur traitement de manière plus efficace, faciliteront le travail des médecins et disposeront d’une grande quantité d’informations sur l’efficacité de leur traitement, qui permettront d’apporter des garanties chiffrées sur l’efficacité de leurs produits et services.

Nathan BERDUGO
Consultant en transformation numérique