La santé de demain : entre digitalisation et illectronisme
Selon l’Insee, 17% de la population française est concernée par l’illectronisme et se retrouve en difficulté face à des outils digitaux. À l’ère du numérique, de la digitalisation des processus et des quotidiens, il est nécessaire de mettre en place des plans pour l’inclusion numérique dans tous secteurs et particulièrement celui de la santé. Dans cet article nous nous interrogerons sur l'ampleur de « l'illettrisme numérique » et sur les défis pour digitaliser la santé tout en évitant la fracture numérique.
Qu'est-ce que l'illectronisme en santé ?
Alors que 90% des Français possèdent au moins un appareil numérique permettant de se connecter à internet, ¼ déclare ne pas être à l’aise avec son utilisation : on parle alors d’illectronisme.
Aussi appelé illettrisme numérique, l’illectronisme correspond à la non-maîtrise des compétences numériques : envoyer des e-mails, consulter ses comptes en ligne, utiliser sans difficultés un ordinateur ou un smartphone. Également, l’illectronisme peut se traduire par l’incapacité totale d’accéder à Internet soit pour des raisons financières, soit en raison d’absence de raccordement au réseau.
Avec la dématérialisation de la plupart des démarches administratives et la numérisation des environnements de travail, lutter contre l’illectronisme constitue aujourd’hui un défi sociétal.
Si 86% des Français estiment que le développement des technologies numériques dans le domaine de la santé est une bonne chose, 47% considèrent qu’ils ne sont aujourd’hui pas suffisamment à l’aise avec les outils numériques en santé. Que ce soit pour la prise de rendez-vous médicaux, le dossier médical partagé, Ameli ou les résultats d’examens… tout passe par le numérique. Plus globalement, cela nous interroge sur l’accès aux droits. Un certain nombre de personnes renoncent à leurs droits médicaux car les procédures sont trop longues et complexes.
Il semble indispensable de mettre à disposition de tous des formations et des outils pour lutter contre l’exclusion numérique.
Un défi d’Etat
Dans la feuille de route du numérique en santé 2023-2027, il est exprimé la volonté “d’ accompagner les citoyens vis-à-vis du numérique en santé” en poursuivant et développant des partenariats avec les acteurs de l’inclusion numérique. Ainsi, 80 % des établissements sanitaires et médico-sociaux ont décidé de mettre en place des actions de sensibilisation d’ici fin 2027.
Pareillement, le gouvernement a lancé sa start-up d’État simplon.co. Conjointement avec la plateforme « aidants connects », simplon.co propose des formations aux travailleurs sociaux. Ces travailleurs sociaux interviennent auprès des publics éloignés du numérique dans la réalisation de leurs démarches administratives tels que leur parcours de soins. Une fois formés, ils sont à même de proposer des ateliers d’initiation au numérique aux millions de personnes qui en auraient besoin.
Enfin, les Agences Régionales de Santé (ARS) et les Groupement Régional d’Appui au Développement de la e-Santé (GRADeS) s’emparent aussi de la lutte contre l’illectronisme en lançant des actions d'acculturation et d’accompagnement côté patients et professionnels de santé.
Par exemple, l’ARS Ile de France avec l’hôpital Jean Verdier a encadré un protocole de recherche sur l'usage de Doctolib.
La digitalisation a pu entraîner une déshumanisation du parcours médical alors que dans la question du soin, l’humain est au cœur des priorités. Il est donc devenu capital de renseigner les personnes sur le fait que le numérique peut être très utile pour peu que l’on sache s’en servir.
Les solutions du marché
Dans la lutte contre l’illectronisme, toute solution est la bienvenue.
Les personnes âgées de 75 ans ou plus ont une probabilité 14,7 fois plus élevée d’être en situation d’illectronisme que les personnes âgées de 15 à 24 ans, à sexe, niveau de diplôme et revenus équivalents.
C’est pourquoi, la Poste a choisi la solution Ardoiz parmi les services pour faciliter le quotidien des Français. Ardoiz est une tablette simplifiée qui permet de maintenir le lien social et familial et de lutter contre l'isolement des personnes âgées en structures d'accueil, hospitalières ou à domicile.
Outil de prévention et facilitateur dans le parcours de soins, Ardoiz intègre des services d’e-santé avant, pendant et après une hospitalisation. La tablette permet de mettre en avant des actions de prévention pour maintenir le plus longtemps les seniors en bonne santé à domicile. L’hôpital Henri Mondor s’est approprié la solution pour son service d’oncologie. Ainsi, grâce à l’appli ONCO’nnect, installée sur la tablette, il pouvait suivre en temps réel les patients sous traitement anticancéreux.
Autre cas concret : les bus numériques. Déployés dans plusieurs régions de France et mis en service notamment par la Caisse d'Assurance Retraite et de la Santé au Travail, les bus numériques sillonnent les routes de France pour aller vers les personnes âgées touchées par l'illectronisme. Le but, dédramatiser le numérique et ça fonctionne ; Depuis sa création, près de 1.600 ateliers ont été organisés et près de 10.500 personnes accueillies dans le "bus numérique" dans les six départements de la région Centre-Val de Loire.
L’illectronisme : un défi sociétal majeur face aux avancées technologiques
L’illectronisme est aujourd’hui un problème connu et reconnu. Institutionnels, établissements sanitaires et médico-sociaux, industriels s’emparent de ce défi sociétal en proposant accompagnement, formation et outil d’acculturation. Le chemin à parcourir reste long et risque d’être bouleversé encore un certain temps avec le vieillissement de la population et les avancées majeures, parfois trop rapides, des nouvelles technologies. Les programmes étatiques doivent donc se multiplier pour continuer de construire un avenir plus inclusif, où chacun a la possibilité de maîtriser les outils numériques indispensables à une vie épanouie.
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Convaincu que le numérique peut aider les organisations et les Hommes à mieux gérer notre santé, mc2i a construit une solide expertise des problématiques rencontrées par les différents acteurs de l’écosystème santé et les accompagne sur le pilotage du système de santé, l'offre de soins, la sécurité sanitaire et la santé au travail.