Le métavers ou l’immobilier 3.0

Comment sommes-nous passés d'un réseau social à une plate-forme d'investissement immobilier ?

Bien qu'initialement issu de la fiction, le métavers est aujourd'hui bien plus qu'un buzzword, c'est une réalité, certes virtuelle, mais une réalité qui change, impacte et transforme petit à petit notre quotidien et ce à bien des niveaux. Le métavers transforme ainsi non seulement nos relations sociales, mais aussi et surtout notre rapport à la réalité.

C’est un nouvel écosystème économique à part entière, où il est possible d'acheter, de vendre et d'investir. Vous pouvez notamment acheter et vendre des propriétés immobilières dans cet espace virtuel. D’ailleurs, l'idée de l'immobilier dans le métavers n'est pas entièrement nouvelle ! Elle est discutée par les philosophes et les futuristes depuis des décennies. Le concept est devenu populaire avec la sortie du livre de Neal Stephenson "Snow Crash" en 1992. Mais il aura fallu attendre pratiquement 30 ans pour que cette nouvelle forme d’immobilier se concrétise et gagne en popularité avec le grand public.

En effet, popularisé par des jeux tels que Clash of Clans, les Sims, Minecraft et, plus récemment, Fortnite, le concept de terres virtuelles ne nous est pas aussi étranger qu’il peut sembler au premier abord. Les joueurs ont l’habitude de vivre virtuellement dans les interfaces de ces jeux vidéo, d’acheter et de construire. La notion d’immobilier virtuel y est ainsi implicitement présente. La nouveauté avec le métavers et le principal argument de vente du concept aujourd’hui sont la dimension 3D et l'immersion dans l'environnement numérique grâce aux technologies de réalité virtuelle et augmentée. L’expérience prend littéralement une toute autre dimension en rendant l'existence virtuelle et l'immobilier "réels".

Il ne fait aucun doute que la crise sanitaire a accéléré l’adoption du monde virtuel. C’est le notamment le cas du secteur immobilier qui s’est beaucoup appuyé sur des technologies telles que la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle pour permettre les visites virtuelles des logements.

Comment expliquer l’engouement pour le métavers ?

Bien qu’existant depuis les années 90, le mot métavers n’a été popularisé qu’à partir de 2021 avec l’annonce du changement de nom de Facebook, devenant ainsi Meta. Depuis, nous avons, et continuons, de voir un réel battage médiatique autour du métavers et des nouveaux horizons qu’il ouvre. C’est d’ailleurs là que se trouve le principal facteur derrière l’engouement pour l’investissement immobilier dans le virtuel.

En effet, les mondes virtuels sont envisagés comme des lieux où n’importe qui peut visiter et socialiser avec ses proches, ses amis et/ou ses collègues via un moniteur ou un casque de réalité virtuelle. Permettant ainsi de proposer des alternatives au cadre réel tel que les salles de réunion, les salles de concert et les centres commerciaux.

Ces cas concrets d'utilisation mettent en avant un avenir prometteur pour l'immobilier virtuel et expliquent pourquoi les investisseurs ont investi des millions de dollars dans des territoires virtuels qui ne sont, in fine, que des lignes de données. Ces investisseurs, tout comme les entreprises qui se lancent dans le métavers, croient en l’avenir du numérique et comptent sur le fait que des millions de personnes afflueront vers des propriétés virtuelles pour les racheter ou les louer.

À l’instar de l’immobilier classique, la valeur de celui du métavers est fortement corrélée non seulement au rapport offre-demande et à l’emplacement du lot en question, mais aussi et surtout, à la population installée, surtout lorsqu’il s’agit de célébrités. D’ailleurs, les plateformes Sandbox et Decentraland sont les plus populaires du fait de leurs infrastructures bien établies ainsi que de la présence de nombreuses célébrités. La présence et l’implication de célébrités dans l'immobilier métavers, telles que Snoop Dog, est un gage de confiance pour les investisseurs et confirme que l’adoption de ce nouveau mode d’investissement présente de nombreuses opportunités. Les deux projets Sandbox et Decentraland contiennent, respectivement 166 464 terrains et 90 601 parcelles.

La valeur de l'immobilier sur les différentes plateformes de métavers ne se limite pas uniquement à leur prix. La valeur de la propriété métavers découle également ce que vous pouvez en faire. En effet, à forte valeur sont souvent situés à proximité de commerces et d’activités qui attirent des consommateurs et des inventeurs. La stratégie d’achat des investisseurs repose donc sur l’acquisition de ces lots de terrains clefs situés dans des zones émergentes pour ensuite les louer, revendre plus tard avec profit ou lancer un projet.

D’ailleurs les entreprises l’ont bien compris, et nombreuses sont celles qui s’empressent d’acheter des lots dans le métavers pour proposer des boutiques en ligne, des centres d’activités voire des espaces de travail. C’est notamment le cas de Metaverse Group qui a investi 2,43 millions de dollars pour pouvoir organiser des fashions show et vendre des vêtements virtuels.

Comment devenir propriétaire dans le métavers ?

Si vous lisez toujours cet article, c'est que vous voulez vraiment devenir voisins avec Snoop Dog ! Non, vous ne rêvez pas et non ce n'est pas non plus un épisode de Black mirror ! C'est une réalité aujourd'hui, celle du métavers. D’ailleurs, un fan du rappeur a déboursé 450 000$ pour acquérir une propriété près de ce qu’on appelle aujourd’hui le «Snoopverse».

Vous l’aurez compris, l'industrie immobilière est l'une des industries les plus lucratives au monde et le métavers n’échappe pas à cette tendance. C'est aussi un marché très concurrentiel, avec de nombreux acteurs se disputant une part du gâteau, The Sandbox (SAND), Axie Infinity (AXS), Decentraland (MANA) et Enjin (ENJ) ne sont que quelques-unes des principales initiatives de métavers qui ont attiré l’immobilier.

Les propriétés dans le métaverse sont achetées avec des crypto-monnaies telles qu’Ethereum, notamment. Il existe également d’autres monnaies spécifiques à certains métavers. C’est le cas de The Sanbox qui propose une monnaie dite SAND pour les activités de vente, d’acquisition et/ou de location. La première étape pour devenir propriétaire dans le métavers est donc d’avoir des crypto-monnaies. Il faut également disposer d’un portefeuille pour avoir la capacité d’assurer les transactions.

En moyenne, les prix de l'immobilier virtuel sont passés de 100 $ à près de 15 000 $ en un an seulement. Au cours de la période de novembre 2021 à janvier 2022, le volume de transactions immobilières dans le métavers s'est élevé à près de 8000 terrains chaque mois. Le prix de transaction moyen dans de tels cas est d'environ 3,5 ETH, ce qui équivaut à près de 13 000 $.  Il existe même actuellement des agents immobiliers décentralisés comme dans le monde réel, avec des plateformes comme nonfungible.com et opensea.io pour aider les acheteurs à négocier le prix et les vendeurs à répertorier leur propriété.

À l'heure où nous parlons de placements immobiliers dans le métavers, le digital fashion bat son plein. Ayant le vent en poupe depuis quelques années déjà, avec notamment Fortnite et ses fameux skins, le digital fashion, à l'instar de l'immobilier dans le métaverse, sont loin d'avoir dit leur dernier mot.

Bien plus que notre mode de consommation, c'est notre mode de vie en lui-même qui est en train de change, nous amenant à passer de plus en plus de temps devant nos écrans. Se pose alors la question de savoir si le métavers a des limites clairement définies. Qu’en est-il de l’impact écologique que représente le métavers ?