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Data et IA : transformer les systèmes d'information industriels

SI / Industriel
05 novembre 2025

L'exploitation des données et l'IA optimisent les processus (maintenance prédictive, économies d'énergie) et génèrent des gains massifs, comme le montrent les exemples de Renault ou Stellantis. Saisir cette opportunité est essentiel pour moderniser l'industrie française et conserver l'humain au centre de cette révolution technologique.

 

Du 17 au 23 novembre 2025, la Semaine de l’industrie s’ouvre en France pour sa 14ᵉ édition. Celle-ci doit permettre de valoriser les métiers liés à ce secteur qui peine à recruter, alors même qu’il est critique pour notre souveraineté. Selon France Travail, 153 000 postes seront à pourvoir en 2025, et les entreprises rencontrent particulièrement des difficultés soit pour attirer des profils dans les métiers du numérique soit pour former leur main d’oeuvre aux nouvelles technologies. En effet, sans compréhension et maîtrise de la Data et de l’IA, les entreprises risquent de perdre un potentiel avantage concurrentiel.

Cette édition est donc l’occasion de mettre en lumière les transformations des systèmes d’information industriels, notamment autour de la data et de l’intelligence artificielle, qui sont des leviers majeurs pour accompagner cette mutation. En tant qu’acteur de cette transformation numérique, nous avons un rôle central à jouer : faire converger les technologies, l’organisation de la donnée et la stratégie des entreprises.

Si la data est un sujet important dans l’industrie depuis les années 2000, elle est devenue critique avec l’avènement de l’Industrie 4.0 : capteurs IoT, machines connectées et flux de données temps réel permettent, entre autres, de passer d’une maintenance traditionnelle à une maintenance prédictive, générant ainsi des gains de compétitivité. Cela permet aussi d’apporter des améliorations dans les processus pour générer des économies.

En France, cette transformation a été progressive : les entreprises ont d’abord numérisé leurs processus existants (ERP, MES, automatisation) avant d’optimiser les process en exploitant leurs données à disposition. Aujourd’hui, les données ne sont plus seulement des variables d’optimisation, elles constituent le cœur de la croissance industrielle. L’État ne s’y est d’ailleurs pas trompé, avec le programme France 2030, qui prévoit 54 milliards d’euros d’investissement pour soutenir la transformation numérique et industrielle. 

Pour un exemple concret d’utilisation de la Data, nous pouvons nous pencher sur TCT (Tores Composants Technologies) spécialisée dans la conception et la fabrication de noyaux magnétiques et de composants passifs bobinés qui a mis en place un système de collecte de données en temps réel pour optimiser ses processus de production. Cette démarche a permis à l'usine de réduire les arrêts non planifiés, d'optimiser les coûts de maintenance et d'améliorer la disponibilité de ses équipements. Elle a également renforcé sa compétitivité.

Autre exemple, selon un article d’Usine nouvelle,  Naval Group a utilisé ses données pour mettre en place un jumeau numérique, ce qui lui a permis de ramener la durée des essais de 18 mois à 3 mois, avec à la clé des économies que l’on peut estimer à plusieurs millions d’euros.

La collecte et l’exploitation des données seules permettent donc déjà des gains significatifs, mais leur association avec l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives pour l’industrie. En effet, l’IA n’a de sens que lorsqu’elle exploite un volume de données conséquent. Les données collectées sur les lignes de production constituent donc le socle indispensable : elles renseignent sur l’état des équipements, les flux de production, la consommation d’énergie ou les anomalies. L’IA transforme ces informations brutes en prévisions dont la fiabilité augmente au fur et à mesure de son apprentissage, permettant d’améliorer les tâches opérationnelles et d’influencer des décisions stratégiques.

 Associée à l’IA, la data offre donc aux industriels la possibilité non seulement de réagir rapidement aux incidents, mais aussi d’anticiper les défaillances, d’optimiser les processus et de réduire les coûts. Ces leviers sont devenus indispensables pour rester compétitif dans cette véritable guerre industrielle mondiale. 

Par exemple, chez le constructeur automobile Renault, l’intelligence artificielle commence à transformer les usines et les chaînes de production. En effet, depuis 2016, près de 90 % des lignes sont connectées, générant quotidiennement 5 milliards de données, ce qui permet de reproduire en temps réel les opérations physiques. L’analyse de ces données par l’IA permet d’anticiper les anomalies, d’améliorer la qualité et de réduire la consommation énergétique, avec une baisse de 26 % constatée entre 2021 et 2024. L’IA assiste également les opérateurs de contrôle, qui peuvent se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée, comme corriger les anomalies plutôt que de les contrôler. Cette approche a déjà généré 270 millions d’euros d’économies et permis de réduire 21 000 tonnes de CO₂ par an. L’objectif est désormais d’étendre cette démarche à toutes les usines pour renforcer compétitivité et fiabilité.

Autre exemple, selon un article d’Usine Digitale, le groupe Stellantis utilise de l’IA afin d’optimiser la gestion de ses stocks. Le groupe compte aussi sur un partenariat avec Mistral AI afin de réduire le temps nécessaire à l’analyse des données, passant de plusieurs semaines à quelques minutes, afin de faciliter une prise de décision plus rapide et plus efficace.

Certes, l’IA peut inquiéter, surtout quand Sam Altman, CEO d’OpenAI nous dit de façon un peu provocante lors d’une interview « Jobs are definitely going to go away, full stop »  ce que l’on peut traduire par « Les emplois vont disparaître point final ». Il précise néanmoins que certains disparaîtront mais que d’autres émergeront.

Or comme la robotisation fut un virage crucial manqué par l’industrie française pour rester compétitif face à des pays à moindre coût de main-d’œuvre, l’association Data/IA s’impose aujourd’hui comme un levier puissant de productivité. Si cette révolution technologique est mal abordée alors cela conduira à des pertes d’emplois non compensées par de nouveaux emplois et à des fermetures d’usines. 
Mais si dès à présent, l’IA est pensée au service des emplois,  elle pourra  devenir un outil d’amélioration du quotidien, libérant des tâches répétitives et permettant de se concentrer sur des activités plus valorisantes.

Certes, des métiers disparaîtront, mais d’autres émergeront, permettant de renforcer nos industries, de moderniser nos usines existantes et de reconstruire un tissu industriel encore trop fragile par rapport à nos voisins européens.
 Nous avons donc de formidables opportunités au travers la Data et l’IA pour participer à la transformation numérique de l’industrie tout en conservant l’humain au cœur de nos préoccupations mais il est absolument nécessaire de s’en rendre compte dès à présent pour renforcer notre souveraineté industrielle.

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Patrick ASTIER
Partner - Directeur de l'Offre Industrie

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Auteur vincent lesbaudy
Vincent LESBAUDY
Consultant expert