Achats responsables : un levier stratégique au service de la performance durable
Les achats à l’épreuve de la transformation responsable
À l’heure où les enjeux sociétaux et environnementaux sont plus que jamais au cœur des préoccupations, les entreprises se voient de plus en plus attendues sur leur capacité à intégrer ces dimensions dans leur fonctionnement global. Dans ce contexte, les achats responsables émergent comme un levier stratégique majeur, contribuant directement à la performance durable des organisations. Historiquement perçus comme un centre de coûts, les achats représentent aujourd’hui jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires dans certains secteurs, révélant leur rôle clé dans la création de valeur. Ils sont désormais un instrument de transformation capable d’agir sur plusieurs fronts : réduction de l’empreinte carbone, amélioration des conditions sociales dans les chaînes d’approvisionnement, et soutien à une économie plus équitable et inclusive.
Adopter une démarche d’achats responsables ne se limite pas à une simple posture éthique : c’est aussi répondre à un impératif réglementaire de plus en plus contraignant. Par ailleurs, les avancées technologiques, notamment les outils numériques, les référentiels internationaux et les bonnes pratiques issues de retours d’expérience, offrent aux entreprises des moyens concrets pour structurer et piloter cette transition vers un modèle plus responsable et transparent.
Une nouvelle définition de la performance : plus globale et responsable
La notion de performance dans les achats évolue rapidement. Elle dépasse aujourd’hui la simple comparaison de prix pour intégrer des critères environnementaux, sociaux et éthiques tout au long du cycle d’achat. Cela inclut la réduction des émissions de CO₂, un enjeu crucial puisque, dans certains secteurs industriels, les achats représentent jusqu’à 30 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Mais ce volet environnemental s’accompagne également d’objectifs sociaux, tels que la promotion du travail décent, le respect des droits humains fondamentaux, la transparence dans les relations commerciales et la lutte contre la corruption.
Selon l’Observatoire des Achats Responsables (ObsAR), 75 % des entreprises qui ont intégré ces critères constatent une amélioration significative de leur performance globale, démontrant que les achats peuvent être un moteur puissant de transformation durable, en plus de générer des économies et d’améliorer la qualité des produits et services.
Un cadre réglementaire en évolution constante
L’intégration des enjeux sociaux et environnementaux dans les politiques d’achat s’inscrit dans un cadre réglementaire de plus en plus strict. Dès les années 1990, les premières clauses sociales ont vu le jour, introduisant des exigences sur les conditions de travail dans les marchés publics. La loi sur les Nouvelles Régulations Économiques (NRE) de 2001 a, pour la première fois, imposé aux sociétés cotées de publier des données extra-financières, incluant des informations sur leurs pratiques sociales et environnementales.
Plus récemment, la loi sur le devoir de vigilance de 2017 a renforcé ces obligations en contraignant les grandes entreprises françaises, environ 1 500 sociétés, à identifier, prévenir et remédier aux atteintes graves aux droits humains et à l’environnement dans leurs chaînes d’approvisionnement. À partir de 2025, la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) s’appliquera à toutes les entreprises de plus de 250 salariés ou réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 40 millions d’euros, élargissant ainsi le champ du reporting sur la durabilité, notamment en matière d’achats responsables.
Par ailleurs, des référentiels normatifs comme la norme ISO 20400 sur les achats responsables, adoptée par plus de 1 000 organisations dans le monde, et le label RFAR (Relations Fournisseurs et Achats Responsables) valorisent et encouragent les entreprises à structurer leurs pratiques selon des standards exigeants.
Structurer sa politique d’achats responsables : outils et méthodes
Pour mettre en œuvre une politique d’achats responsables, les entreprises disposent aujourd’hui d’un large éventail d’outils et de méthodes éprouvées. La charte achats responsables permet de formaliser les engagements attendus des fournisseurs autour d’une dizaine de principes clés, allant du respect des droits fondamentaux à la protection de l’environnement.
Les questionnaires RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) sont principalement utilisés pour évaluer la maturité responsable des fournisseurs — souvent plus de 80 % des fournisseurs dans les entreprises engagées — et pour identifier les risques liés aux droits humains, à la corruption ou à l’impact environnemental. L’analyse du cycle de vie (ACV) permet de mesurer l’impact environnemental global des produits ou services, de la fabrication à la fin de vie, afin de privilégier des solutions durables.
Les indicateurs de performance, comme le pourcentage d’achats responsables fixé entre 30 % et 50 % à moyen terme (3 à 5 ans), orientent les décisions stratégiques des directions achats. La digitalisation joue un rôle clé dans cette évolution : les plateformes d’e-procurement, utilisées par 60 % des grandes entreprises, facilitent la traçabilité, la transparence et l’automatisation des processus, renforçant ainsi la maîtrise des risques et la conformité aux engagements.
mc2i : une démarche exemplaire et reconnue
En signant la charte RFAR, mc2i a renforcé ses engagements en matière de relations fournisseurs. Par le biais de la plateforme Proactis, le cabinet collabore avec des fournisseurs du secteur, notamment des Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT), favorisant ainsi l’emploi des personnes en situation de handicap.
La démarche est également appuyée par un suivi analytique précis par catégorie de dépenses, permettant d’optimiser coûts et qualité tout en sensibilisant les collaborateurs à l’importance des achats responsables. L’automatisation des processus grâce à des outils comme la Reconnaissance Optique des Caractères (OCR) garantit une traçabilité rigoureuse et une conformité stricte aux exigences réglementaires. Cette politique a été saluée par l’obtention, dès 2023, et la reconduction depuis lors de la médaille Gold Ecovadis, plaçant mc2i dans le top 5 % des entreprises les mieux notées à l’échelle mondiale.
Des achats responsables ancrés dans la stratégie RSE
Les achats responsables sont désormais une composante essentielle de la stratégie globale de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ils favorisent l’inclusion sociale à travers l’intégration de clauses sociales dans les contrats et le développement de partenariats avec l’économie sociale et solidaire. Ils encouragent également le numérique responsable, en privilégiant par exemple le recours à des matériels informatiques reconditionnés, et soutiennent l’économie circulaire par la location, le réemploi et le recyclage des biens.
Sur le plan environnemental, les achats jouent un rôle fondamental dans la réduction des émissions liées au transport, à la fabrication et à la consommation des produits. Ces actions concrètes représentent souvent 15 à 20 % des efforts globaux de décarbonation des entreprises, un levier important pour atteindre les objectifs climatiques.
Les freins à lever pour réussir la transformation
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles freinent encore la généralisation des achats responsables. Dans beaucoup de PME, les équipes achats sont effectivement restreintes, souvent composées de quelques personnes seulement, et parfois rattachées à d’autres fonctions (finance, direction générale, supply chain). La complexité des chaînes d’approvisionnement internationales, la difficulté d’accès à des données fiables et la persistance du critère prix comme principal facteur décisionnel restent des barrières majeures.
Pour surmonter ces défis, il est crucial de former et sensibiliser les équipes achats, d’intégrer les critères RSE dès la phase de sourcing, de co-construire les relations avec les fournisseurs, et d’adopter des outils numériques adaptés à la taille et aux besoins des entreprises. La désignation d’un référent achats responsables est également un facteur clé pour assurer la mobilisation interne et la pérennité de la démarche.
Faire des achats un levier de transformation durable
Aujourd’hui, les achats responsables constituent un levier stratégique puissant pour bâtir des chaînes de valeur résilientes, inclusives et respectueuses de l’environnement. Cette transformation dépasse le simple respect des réglementations : elle incarne un engagement profond, alliant dimension économique, sociale et éthique.
Grâce à une approche systémique et intégrée, les entreprises renforcent non seulement leur compétitivité, mais contribuent activement à construire un avenir durable, où innovation sociale et environnementale deviennent des moteurs essentiels de la performance globale. Dans un monde en mutation rapide, les achats responsables sont désormais un pilier incontournable de la performance durable et un vecteur d’innovation au service de la transition écologique et sociale.
En définitive, les achats responsables ne relèvent plus d’une démarche accessoire ou ponctuelle : ils s’imposent comme un axe central de la stratégie des organisations. En réconciliant performance économique, exigences réglementaires et impact sociétal, ils permettent aux entreprises de bâtir des modèles plus résilients et plus compétitifs, tout en répondant aux attentes croissantes des parties prenantes.
Leur réussite dépendra toutefois de la capacité des acteurs à dépasser les freins actuels, à renforcer la collaboration avec leurs partenaires et à ancrer durablement ces pratiques au cœur de la gouvernance. Plus qu’une obligation, les achats responsables apparaissent ainsi comme une véritable opportunité pour façonner l’économie de demain.
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