2024 : Comment les secteurs de la Banque et de la Finance se préparent à l’ère de la Blockchain
L’organisme Finance Innovation, qui promeut les innovations dans l’écosystème financier en France, organisait le 07 décembre dernier son événement Finnov’ à Station F. mc2i était présent pour rencontrer les acteurs de la finance de demain et partager les tendances digitales qui transforment le secteur.
Les technologies et usages en lien avec les crypto-actifs faisaient partie intégrante des discussions, avec des intervenants de la finance traditionnelle et des « pure players », ces nouvelles entreprises spécialisées dans le domaine. L’AMF définit les crypto-actifs comme des actifs numériques virtuels qui reposent sur la technologie de la blockchain (chaîne de bloc) à travers un registre décentralisé et un protocole informatique crypté.
Tour d’horizon des discussions et de l’état d’esprit du secteur.
DeFi, tokenisation et Web 3 : piliers de la finance de demain
Malgré le manque d’intérêt des particuliers pour les crypto-actifs depuis fin 2021, les acteurs bancaires et financiers se préparent en coulisse aux grands changements introduits par la blockchain et ses technologies connexes. Les expérimentations de ces quatre dernières années portent principalement sur la tokenisation des titres financiers, la conservation et la gestion d’actifs numériques pour le compte de tiers, ainsi que l’optimisation des échanges financiers via l’usage de smart contracts.
Le groupe Société Générale a ainsi annoncé le 30 novembre dernier avoir émis sous la forme de jetons numériques – ou tokens – sa première obligation verte d’un montant de 10 millions d’euros sur la blockchain Ethereum. Les investisseurs avaient la possibilité d’acheter ces tokens on-chain, c’est-à-dire de réaliser le paiement directement sur la blockchain grâce à un stable coin, en l’occurrence l’euro numérique CoinVertible émis par la filiale SG-FORGE. En plus de respecter un haut niveau d’auditabilité et de sécurité d’échange, ce type de token permet d’améliorer la liquidité de l’actif sous-jacent grâce à ses propriétés de divisibilité tout en réduisant les coûts d’émission et de gestion.
Au mois de juin, c’était le Crédit Agricole qui proposait à ses clients institutionnels et sociétés de gestion une nouvelle offre de conservation de leurs actifs numériques, via sa filiale CACEIS qui opérait déjà en tant que dépositaire pour d’autres classes d’actifs traditionnels. Ce service répond notamment aux attentes de ses clients qui souhaitent diversifier leurs fonds ou accepter des paiements en crypto-monnaies.
Pour les particuliers, seule la Banque Delubac & Cie propose à ce stade une offre d’achat, de vente et de conservation de crypto-actifs, directement depuis son application client. En interne, elle s’emploie à automatiser ses opérations financières (principalement les emprunts et les prêts) via l’utilisation de smart-contracts et de services DeFi : en supprimant les intermédiaires traditionnels pour effectuer ses transactions, elle gagne en efficacité tout en réduisant les frais associés.
Ces annonces démontrent la clairvoyance des grands acteurs bancaires français qui posent les premières pierres de la refonte de leurs outils et services. Mais pour une large majorité de l’écosystème financier, l’intégration de ces technologies reste difficile car elles impactent fortement les processus, la gouvernance et les infrastructures techniques existantes.
La société WeCan Group, spécialisée dans la sécurisation de données via la blockchain, estime ainsi qu’environ 10% des produits utilisés par ses clients institutionnels sont effectivement industrialisés.
Vers une normalisation des crypto-actifs grâce à la régulation ?
De nouveaux acteurs spécialisés, plus agiles, ont donc émergé pour répondre à la demande des investisseurs, principalement particuliers. En obtenant un enregistrement PSAN (Prestataire de Services en Actifs Numériques) auprès de l’AMF, certaines sociétés d’investissement comme Meria cherchent dans le même temps à se distinguer des acteurs étrangers qui ne se conforment pas toujours à la réglementation française. Rassurant pour certains clients, ce statut représente néanmoins un coût non négligeable pour ces jeunes entreprises : la plateforme d’échange Coinhouse a indiqué déjà dépenser un million d’euros par an pour se conformer aux obligations du régime.
Ce statut est par ailleurs nécessaire aux prestataires de services pour accéder aux marchés réglementés, dont celui des investisseurs institutionnels. Même si l’entreprise Paymium, pionnière dans l’échange et la conservation de bitcoins, constate une augmentation de ses clients grands comptes d’environ 100% depuis un an, ces derniers sont majoritairement dans l’attente.
Si les institutionnels tardent encore de manipuler ces actifs numériques, c’est en 1er lieu car ils doivent appréhender et s’approprier les dernières directives juridiques, comptables et fiscales. Un nouveau cadre réglementaire harmonisé sera notamment mis en place fin 2024 à l’échelle de l’Union Européenne, plus contraignant encore que le statut PSAN qui évoluera vers celui de CASP (Crypto Asset Service Provider).
Ensuite, les investisseurs expérimentés et/ou institutionnels sont en attente de l’intégration de ces nouveaux services chez leurs prestataires de services financiers habituels. Habitués à travailler avec un nombre restreint de pourvoyeurs en qui ils ont confiance, ces clients souhaitent avant tout conserver un « one-stop-shop » pour tous leurs services bancaires ou financiers, dont ceux en lien avec les actifs numériques.
L’année 2024 va donc être un tournant majeur dans la reconnaissance et l’utilisation des crypto-actifs ainsi que leurs technologies sous-jacentes. Entre les avancées réglementaires dans l’Union Européenne, la montée en puissance d’acteurs spécialisés qui disruptent le marché et la volonté des institutions traditionnelles à s’emparer des technologies blockchain, les secteurs de la Banque et de la Finance continuent d’innover en amorçant ici une nouvelle phase dans leur transformation digitale.
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