Les nouveaux outils des pharmaciens au sein du parcours de soins
Les pharmaciens font face à de nombreux challenges qui les poussent à s’adapter. Leur rôle est en pleine mutation ce qui nous permet de nous questionner sur l’avenir de leur métier.
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte afin d’anticiper le futur rôle des pharmaciens : Le vieillissement de la population fait apparaître un nombre croissant de patients souffrant de maladies chroniques, qui auront donc un besoin grandissant en médicaments. A cela s’ajoutent les problématiques de désertification médicale et d’isolement des populations. Enfin, les pharmaciens n’échappent pas à une forte concurrence. Les regroupements de pharmacies émergent et de nouveaux centres de santé voient le jour.
Pour répondre aux enjeux, le parcours patient, c’est-à-dire la prise en charge globale, continue et structurée du patient, doit être transformé et optimisé. Afin d’accompagner cette transition, différentes lois et réformes ont été votées. Ainsi, la réforme Ma Santé 2022 vise à aider le secteur de la santé à prendre le virage du numérique en améliorant “durablement notre système de santé et son niveau de performance”. Pour cela, “de nouvelles synergies doivent prendre forme entre tous les professionnels qui exercent en structure de ville, médico-sociale et hospitalière”.
La pharmacie de demain
La transformation du parcours patient : « De l’usager du système de santé au patient connecté »
Placé au cœur du parcours patient, les pharmaciens délivrent des médicaments remboursables ou non, ou assurent un rôle de conseil. Le parcours de soin se digitalise grâce à l’apparition de nouveaux outils ou services digitaux.
Premièrement, dans un cas classique (illustration 1), le patient ayant consulté son médecin dispose désormais de deux solutions “connectées” afin de récupérer ses médicaments. D’une part, il peut photographier son ordonnance physique via une application ou directement via le site internet de la pharmacie. Une fois scannée, les médicaments sont préparés en pharmacie et le patient n’a plus qu’à les récupérer. D’autre part, le médecin peut effectuer une prescription dématérialisée, aussi appelée e-prescription. L’échange de données entre le médecin et le pharmacien, porté par la Réforme Ma Santé 2022, est totalement sécurisé. Le patient se présente dans la pharmacie de son choix afin de récupérer ses médicaments et accède à sa prescription via son DMP (Dossier Médical Partagé) s’il en possède un. Plus de 12.000 e-prescriptions ont été transmises à l’Assurance Maladie en 7 mois. Aujourd’hui, ce dispositif, testé dans trois départements français, a été développé par six éditeurs : Cegedim, CompuGroup, Imagine Editions pour les médecins de ville, et Pharmagest, SmartRX et Everys pour les pharmaciens.
Ces nouveautés au sein du parcours de soin permettent de fluidifier les échanges entre les professionnels de santé et assurent un meilleur niveau de coordination.
Illustration 1 : Le nouveau parcours patient - les médicaments remboursables
Deuxièmement, lorsque le patient a besoin de médicaments sans prescription ou de produits parapharmaceutiques, le parcours évolue également (illustration 2). En effet, certaines pharmacies proposent leurs produits sur internet et le patient peut se faire livrer à son domicile ou fonctionner en Click&Collect. Cette nouvelle vitrine ne s’est cependant pas encore généralisée à l’ensemble des officines puisque cela nécessite une nouvelle organisation (comptoir dédié, livraison, etc).
Le rôle de conseil des pharmaciens est renforcé lors des entretiens pharmaceutiques. Le patient a la possibilité de fixer son rendez-vous en ligne sur le site de la pharmacie. Ces rendez-vous, personnalisant le parcours patient, peuvent être l’occasion d’apporter une expertise sur une pathologie (diabète, asthme par exemple). Ce dispositif, pris en charge par l’Assurance Maladie, permet aux pharmaciens formés de toucher une rémunération.
Illustration 2 : Nouveau parcours patient - les médicaments conseils et entretiens pharmaceutiques
Les nouveaux outils digitaux au service des pharmaciens
Premièrement, l’arrivée du Dossier Médical Partagé (DMP) en 2018 facilite le suivi généralisé du patient. Les antécédents médicaux et les examens y sont enregistrés et partagés, ce qui simplifie la prise en charge d’un patient. Quant au pharmacien, il dispose du Dossier Pharmaceutique (DP) afin de renseigner les informations concernant les médicaments prescrits, ou non (illustration 3). A terme, les données du DP alimenteront le DMP afin de créer un parcours patient complet. Cette initiative renforce, une nouvelle fois, la coordination entre les professionnels de santé et la volonté du gouvernement de créer des e-parcours permettant in fine l’amélioration de la prise en charge du patient.
Illustration 3 : Rôles et avantages du Dossier Pharmaceutique (DP)
Deuxièmement, les pharmaciens peuvent conseiller à certains patients, selon leurs pathologies, des applications santé certifiées ainsi que des objets connectés (IoT). C’est le cas notamment pour les patients diabétiques. Par exemple, l’application Diabéo permet à une personne diabétique de calculer le taux d’insuline à s’injecter en fonction de son alimentation et de son activité physique. L’application est accompagnée d’un lecteur de glycémie connecté. Les données recueillies et stockées de manière sécurisées, sont à disposition des différents professionnels de santé. Cette innovation d’e-santé permet de renforcer la médecine 4P (préventive, participative, prédictive, personnalisée) et présente un réel intérêt pour les patients.
Enfin, la visibilité des officines ne se réduit plus à leur vitrine physique. En effet, les pharmacies se dotent de site internet, de réseaux sociaux, d’écrans digitaux et de cartes de fidélité dématérialisées afin de renforcer communication et fidélisation.
Les nouveaux services mis à disposition des patients en pharmacie
Nous parlions précédemment des entretiens pharmaceutiques comme nouveau service intégré aux pharmacies. Cependant, d’autres initiatives innovantes se développent afin de renforcer le rôle du pharmacien. Tout d’abord, des cabines de téléconsultation sont mises à disposition des patients au sein des pharmacies. Elles disposent d’objets connectés (tablette, tensiomètre, etc.) facilitant le travail du médecin à distance. Cela permet de répondre à la problématique des personnes isolées ainsi qu’à la désertification médicale.
Toutes ces initiatives proposées au patient font naître d’éventuelles nouvelles missions de conseil pour les pharmaciens : suivi individualisé des patients souffrant de maladies chroniques, suivi de traitement via pilulier connecté, etc. Ces différentes pistes sont actuellement en réflexion suite à la crise COVID-19.
Les défis à relever afin de réussir cette transformation
Les pharmaciens détiennent donc un rôle prépondérant dans l’accompagnement du patient. Les différents outils et services digitaux cités précédemment permettent de renforcer la médecine 4P. Par ailleurs, le COVID-19 a joué en faveur de ces différentes solutions digitales, qui ont vu leur utilisation augmenter de façon considérable tout au long de la crise. Les populations ont néanmoins besoin d’être davantage sensibilisées à ces nouveautés.
Cependant, afin de réussir cette transformation numérique, les officines doivent travailler en coordination avec tous les acteurs de leur écosystème : qu’il s’agisse des autres professionnels de santé (médecins, infirmiers libéraux, etc) ou de leurs partenaires (grossistes, groupements, ARS, etc). Les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) travaillent en ce sens. En effet, elles ont pour objectif de faciliter l’accès au soin des patients et organiser le parcours de soin en assurant une meilleure coordination entre ces acteurs.
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