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Parité et secteur du numérique : comment féminiser le monde de la tech ?

Parité et secteur du numérique : comment féminiser le monde de la tech ?
27 juillet 2022
Innovation

Alors que les technologies du numérique font aujourd'hui partie intégrante de nos vies et que les prochains concepts d'évolution technologique du Web3 comme les NFT ou le métavers émergent dans notre quotidien, les femmes sont toutefois encore largement sous-représentées dans le secteur du numérique, et ce depuis des années. En effet, la notion de diversité est encore relativement peu abordée dans ce secteur et les technologies émergentes ne dérogent malheureusement pas à la règle.

Dans quelles mesures pouvons-nous expliquer cette absence de mixité et quelles sont les pistes pour féminiser le monde du numérique ?

Historiquement, les femmes véritables exploratrices de la tech

Selon Caroline Ramade, fondatrice de l'initiative 50 inTech les femmes représentaient historiquement 40% de la population des écoles d'ingénierie programmatique dans les années 70. Véritables pionnières du secteur numérique, plusieurs figures se sont imposées dans ce domaine à cette époque : Margaret Hamilton a par exemple codé et conçu le système embarqué du programme spatial Apollo, à l'origine des premiers pas de l'Homme sur la Lune en 1969.

C’est à partir des années 90, que la tendance a commencé à s'inverser : une époque où l’essor de l’informatique et la démocratisation des usages ont provoqué un fort intérêt stratégique chez les grandes entreprises (majoritairement dirigées par des hommes). Dans les modèles sociaux, l'usage et l'utilisation personnelle même des ordinateurs au sein des foyers dans ces années s'est également naturellement masculinisé, installant une triple construction : culturelle, sociale et marketing participant à la sous-représentation des femmes dans le secteur de l'informatique et du numérique.

Aujourd'hui, cette tendance peine encore à s'inverser puisque ‘la proportion de femmes dans les emplois de technologie ne progresse pas et reste inférieur à 20% dans le numérique’ selon l'étude Gender scan (Source). Au sein des startups également, les femmes sont sous représentées puisque seulement 6% des femmes sont cofondatrices ou CEO dans le French Tech 120.(Source)

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Un engagement et des prises d'initiatives fortes pour changer les mentalités et briser les codes

En France, des initiatives plus globales et ciblées sur les startups de la tech voient le jour pour combattre cette absence de mixité : la French tech a ainsi annoncé le 31 Mai dernier un pacte parité concaténant des bonnes pratiques et des engagements pour favoriser la parité dans les entreprises et startups de demain.

Parmi les engagements forts, les 69 startups signataires – représentant la moitié des startups du programme – qui se sont engagés à respecter le pacte, ont prévu d'atteindre un seuil minimal de 20% de femmes siégeant à leur board d'ici 2025 et 40% d'ici 2028. Les startups se sont également engagées sur des aspects : de formation pour l'ensemble de leurs managers sur les enjeux de la diversité, sur la lutte contre les discriminations, la mise en place de dispositifs spécifiques pour les salariés de retour de congés parental ou encore sur la formalisation de fiches de postes (autant adaptés à des profils masculins que féminins) afin d'encourager les femmes à postuler.

Ces engagements sont d'autant plus importants et significatifs qu'aujourd'hui la fidélisation des profils féminins est également une problématique forte dans le secteur du numérique car l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est un dilemme qui fait partie intégrante de la vie des femmes puisqu'une femme sur 2 quitte le secteur de la tech après 8 ans d'expérience (après 35 ans).

Les startups, un nouveau moteur de changement dans le secteur de la diversité et des inégalités : 

Au-delà des initiatives réglementaires, la question du manque de mixité et de l'absence de parité était également une thématique phare du plus gros salon tech de startups d'Europe : Vivatech. Lors de ce salon, de nombreuses initiatives et startups ont été mises à l'honneur pour mettre en lumière le sujet; sujet également très fortement créateur d'opportunités et source d'inspiration chez les startups :

La startup Fairgen propose par exemple une solution d'analyse des données dont le but est de détecter et de rechercher les différents écarts et la non équité globale dans les entreprises.

En effet, aujourd'hui certains modèles algorithmiques utilisés par des entreprises traitent des données calculées automatiquement par de l'IA; modèles qui ne prennent tout simplement pas en compte la notion d'équité. Pour contrer cela, Fairgen informe les entreprises sur les moyens de progresser grâce à la diversité en proposant des axes d'amélioration grâce à un système de simulation pouvant répondre à des questions comme : "quels sont les types de profils féminins sous-représentés dans l'entreprise", et donc tout simplement; comment améliorer la diversité.
 

L'éducation, le pilier nécessaire pour améliorer la parité et développer des synergies : 

Mais ces efforts suffiront-ils à faire bouger durablement les choses ?

En effet, l'une des clés pour sortir efficacement et durablement de cette discrimination culturelle pourrait être l'éducation, agissant ainsi à la source afin de corriger cet écart culturel le "plus tôt" possible, tout autant qu’en changeant les mentalités. L'idée consiste à mettre en place différents dispositifs aidant à décourager véritablement l'éducation genrée et les stéréotypes, communiqués dès l'enfance :

Ainsi, des actions comme : sensibiliser les jeunes femmes au plus tôt sur les forts enjeux des métiers de la tech et sur leurs possibilités, favoriser les bourses féminines dans le secteur du numérique ou encore, faire intervenir des femmes issues de la tech lors des journées d'orientation (pour mettre en lumière les modèles de réussite), peuvent être des leviers innovants à adopter pour corriger les mentalités.

A titre d'exemple, l'école ESIEE-IT a créé une bourse d’études 100% « féminine » : Be a Coding Lady qui couvre une partie des frais de la formation pour des étudiantes afin de favoriser les formations pour les femmes dans les métiers du développement informatique (aujourd'hui 17% des codeurs sont des femmes). (Source)
A l'échelle des entreprises également c'est un axe de développement essentiel : En juin dernier par exemple, le célèbre géant de la tech Meta (maison mère de Facebook) a annoncé le lancement en France à la rentrée 2022 d'une académie pour former aux métiers du métavers, et a notamment souligné avoir pour objectif d'avoir au minimum 30% de femmes dans la constitution de cette première promo.

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Finalement, malgré de fortes initiatives et des engagements concrets, les mentalités tout autant que la réalité flagrante, observable par les chiffres et la rapport, soulignant l'absence de mixité dans le secteur des entreprises technologiques, sont difficiles à transformer.

Et pourtant, d'un point de vue économique, la création de synergies dans les entreprises avec plus de profils féminins, apporterait beaucoup :
Selon une étude menée par la Commission Européenne, si les femmes occupaient autant de postes que les hommes dans le secteur numérique, le PIB européen pourrait augmenter d'environ 9 milliards d'euros par an (1,3 fois le PIB de Malte).

A méditer…

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Nosing DOEUK
Nosing DOEUK
Senior Partner - Directeur de l'Offre Innovation et Technologies

L'innovation est la clé vers la réussite de la plupart des projets car nous constatons des mutations qui touchent tous les secteurs. Nous bénéficions d'une expertise technologique et méthodologique pour accompagner nos clients dans ce challenge plus que stimulant.

Auteur Estelle BACHE
Estelle BACHE
consultante confirmée AMOA