Métavers, mythe ou réalité ?

Néologisme inventé par l’auteur Neal Stephenson dans son roman de science-fiction Le Samouraï virtuel en 1992, il y décrit un monde dystopique, qui devient aujourd’hui réalité. En mettant son casque de réalité virtuelle, l’utilisateur serait en immersion totale dans un univers 3D. A travers son avatar, il pourrait interagir avec les autres utilisateurs, se déplacer  et même acheter des biens immobiliers en crypto-monnaies. Ce monde parallèle est une simulation (ou non) du monde réel, où tout semble possible.  

La montée en flèche du métavers…

L’intérêt autour du métavers est grandissant, les entreprises voulant entreprendre dans ce domaine sont de plus en plus nombreuses et les investissements également. En novembre 2021, Ultraleap, une société britannique spécialisée dans la reconnaissance gestuelle, a levé 71 millions d’euros dans le but de combiner sa technologie haptique au métavers. Si elle parvient à relever le défi, en plus d’être en immersion dans le métavers, l’utilisateur pourrait ressentir et toucher les objets qui l’entourent. 

Par ailleurs, un des domaines qui pourrait rapidement bénéficier du métavers est celui du travail. Dans un contexte de crise sanitaire, où les collaborateurs ont dû travailler depuis chez eux et où les seules interactions passaient par visioconférence, le métavers pourrait réinventer les réunions professionnelles et permettre de maintenir le lien social. Bill Gates, cofondateur de Microsoft, en est persuadé : une nouvelle fonctionnalité de Teams nommée “Mesh” devrait voir le jour cette année, ayant pour but d’interagir avec ses collègues dans une réunion virtuelle via un avatar. 

De même, certains matchs de football ont dû être joués à huis clos ou en capacité réduite pendant la pandémie, mais grâce au métavers, nous pourrons bientôt assister à des matchs sans aucune limite en nombre de places et en reproduisant les sensations à leurs maximum. C’est notamment ce que souhaite faire l’équipe anglaise Manchester City avec son partenaire Sony, en reproduisant son stade Etihad Stadium dans le métavers. Cette initiative est une porte ouverte sur les opportunités dans le divertissement. 

…Qui pourrait tout aussi vite redescendre

Vous l’aurez compris, la réussite de cette technologie est conditionnée par le réalisme qu’elle offrira, aucun doute sur la capacité des GAFAM (géants technologiques) à remplir cette condition. Cependant, dans un monde où les adolescents passent de plus en plus de temps sur leurs smartphones, réduire davantage cette frontière entre la réalité et le virtuel pourrait devenir une menace encore plus grande pour la santé des plus jeunes. L’addiction et l’isolement social étant déjà des sujets de préoccupation. La problématique sur la protection des données, qui est encore loin d’être au point sur les autres technologies, ainsi que le manque de réglementation autour des crimes et des violences au sein du métavers font partie des points de vigilance à surveiller.

Il s’agit d’obstacles à prendre en considération mais qui n'empêcheront pas les premiers développement du métavers, contrairement à la limite des technologies associées. Pour l’instant, les casques de réalité augmentée ne sont pas jugés assez puissants pour supporter des versions améliorées du métavers. A court terme, il faudrait donc également développer ces casques sous peine de voir s’effondrer la technologie, les deux étant indissociables. Qui dit amélioration de la technologie, veut dire augmentation du prix. Actuellement, certains casques d’AR/VR sont proposés à un prix abordable mais certains restent également très onéreux. Alors que cette technologie, n’a elle-même pas encore été massivement adoptée par le grand public, cela pourrait constituer un frein supplémentaire à la consommation.

Un potentiel à développer !

La fiction que décrivait Neal Stephenson dans son livre ne semble plus si éloignée que ça. Le numérique a su trouver sa place parmi nous et dans un monde où il devient de plus en plus important, le métavers affiche clairement un bel avenir en s’inscrivant comme la suite logique d’internet. L'engouement et les investissements faits dans le domaine peuvent être un réel tremplin au lancement à grande échelle de cette technologie. Pour les entreprises désireuses d’intégrer le marché, elles vont devoir prendre en compte les fortes barrières à l’entrée qui, à l’inverse du métavers, sont elles bien réelles. Selon la stratégie du Winner takes all, le premier à lever ces restrictions et à atteindre la clientèle, remportera le marché. 

Mais qui sera le grand gagnant de cette course vers le métavers ?