L’interprofessionnalité et la transformation numérique du parcours de soin grâce au Dossier Pharmaceutique

Les pharmaciens, étant embarqués dans cette digitalisation de part leur rôle central au sein du parcours de soin, sont fortement impactés par cette digitalisation. De plus, leurs missions se diversifient, notamment depuis l'arrivée de la crise Covid-19 (vaccination, tests antigéniques, etc). Ils doivent donc adapter leurs pratiques et outils à ces changements radicaux. 

En effet, les pharmaciens sont le relais de proximité avec les populations, parfois même isolées, et échangent avec tous types de professionnels de santé (médecins, acteurs médico-sociaux, hospitaliers, ehpad, etc). Les données générées (nom du médicament, date de délivrance du médicament…par exemple)  doivent être accessibles afin d’optimiser le parcours de soin. 

Ainsi, depuis la loi du 30 Janvier 2007, les officines pharmaceutiques utilisent le Dossier Pharmaceutique (DP), grâce aux actions menées par Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens, qui s’est vu confier sa mise en œuvre. 

Le Dossier Pharmaceutique (DP), kezaco ? 

Le DP (Dossier Pharmaceutique), aussi appelé DP-Patient, permet de mieux sécuriser la dispensation des médicaments en recensant, pour chaque bénéficiaire de l’assurance maladie qui le souhaite, les médicaments délivrés (sur prescription ou conseil). Plus concrètement, le pharmacien peut enregistrer et consulter la liste des médicaments délivrés. 

A ce jour, 99,8 % des pharmacies sont raccordées, soit 22 191 officines.

Les objectifs sont : 

D’un point de vue de sécurité, et d’après la CNIL : “Chaque intervention sur le Dossier Pharmaceutique est datée et comporte l'identification du pharmacien qui a effectué cette intervention aux fins de création, de consultation, de renseignement, de clôture ou, à la demande du bénéficiaire ou de son représentant légal, de rectification des informations ou édition d'une copie.” Cela sécurise son utilisation. 

A l’origine, seuls les pharmaciens d’officine avaient accès à cet outil, mais son utilisation s’est élargie aux pharmaciens et médecins des établissements de santé (hôpitaux), permettant ainsi d’améliorer grandement la coordination entre professionnels de santé et l'interprofessionnalité. 

Un élargissement des services au fil des années

Au fil des années, de nouveaux services sont venus compléter le DP-Patient: 

• DP-Alertes : Mis en place depuis Juillet 2010, il permet à l’Ordre des Pharmaciens de diffuser des alertes sanitaires à destination des pharmaciens, raccordés au DP. Ce dispositif national et d’outre-mer est fonctionnel en continu. Un message d’alerte est envoyé sur l’intégralité des postes informatiques de toutes les officines (ville et hôpital). Le message doit être validé pour disparaître, et génère un accusé de réception sur le portail DP afin de continuer à suivre l’alerte sanitaire.
   
• DP-Rappels : De la même manière que pour DP-Alertes, depuis Novembre 2011, une alerte est transmise aux pharmaciens concernant les rappels et les retraits de lots de médicaments. Les informations sont visibles sur le portail DP, et les médicaments peuvent facilement être retirés de la vente, sans délai. Ce dispositif est également fonctionnel en continu et assuré par l’ANSM (Agence Nationale de la Sécurité du Médicament), en partenariat avec les exploitants.
   
• DP - Suivi Sanitaire : La même année, en décembre 2011, une loi permet au Ministre chargé de la Santé, à l’ANSM et à l’INVS (Institut National de la Veille Sanitaire) d’accéder aux données du DP, préalablement anonymisées. Ces données ont pour objectif d’aider les institutions à prendre des décisions, puisqu’elles reflètent la situation sanitaire du pays. 
   
• DP-Ruptures : Le dispositif est mis en place en Mars 2013 auprès de plus de 200 pharmaciens et 67 laboratoires, et actuellement en cours de généralisation. L’objectif est de signaler les ruptures d’approvisionnement au pharmacien responsable, à l’ANSM et à l’ARS (Agence Régionale de Santé). Le flux d’information passe donc entre les acteurs concernés, afin de trouver plus facilement des solutions pour le traitement des patients. 
   

Force est de constater que le DP est un réel outil coordinateur. Le schéma ci-dessus présente les interactions, sécurisées, entre les différents acteurs impliqués dans le parcours de coin. 

L’avenir du Dossier Pharmaceutique

Le DP doit s’adapter aux évolutions sociétales, de santé publique, professionnelles, législatives et réglementaires, qui se sont accélérées. Ainsi, en lien avec Ma Santé 2022, l’objectif à court terme est de raccorder automatiquement le Dossier Pharmaceutique (DP) avec le Dossier Médical Partagé (DMP). Pour rappel, le DMP est un carnet de santé numérique qui conserve et sécurise les informations de santé d’un patient donné. Le DMP sera automatiquement ouvert à partir de 2022. Les données du DP devront donc venir alimenter les données du DMP, et les pharmaciens devraient avoir accès à l’ensemble du DMP. 

L’intégralité des données sera disponible et accessible pour le patient via son ENS (Espace Numérique de Santé, renommé récemment “Mon Espace Santé). 

En parallèle, le DP pourrait favoriser le recours à la e-prescription. En effet, la Cour des Comptes souhaite étendre la prescription électronique afin d’affiner les connaissances sur la posologie des médicaments, la durée des traitements et des arrêts afin de réduire dépenses et risques d’erreur et de fraudes (issu du rapport de la Cour des Comptes sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale publié début octobre 2021). 

A plus long terme, le pharmacien devra devenir prescripteur d’applications auprès des patients, mais également encore plus s’engager sur la voie des objets connectés (dispositifs médicaux connectés).