Les leviers du cloud pour un numérique responsable
Pollution, émission de gaz à effet de serre, destruction de l’environnement… Quand il s’agit d’impact environnemental, le cloud computing fait souvent parler de lui de manière négative. Pourtant, des solutions plus respectueuses de l’environnement se développent depuis plusieurs années. Tour d’horizon pour mieux comprendre les enjeux du cloud responsable et les solutions mises en place.
Si le cloud n’a plus à prouver son efficacité et sa simplicité d’utilisation, il a encore des progrès à faire au niveau environnemental. En effet, les data centers, indispensables au fonctionnement du cloud, sont très énergivores. Plusieurs études évaluent d’ailleurs la consommation des data centers à 3% de la consommation d’électricité mondiale !
Face à ce constat, le cloud responsable agit sur trois aspects :
- utiliser efficacement les ressources informatiques ;
- réduire la consommation d’énergie ;
- gérer et recycler les déchets électroniques.
Minimiser la consommation des infrastructures
Au niveau des infrastructures, le cloud responsable implique l’utilisation de technologies économes en énergie. Le circuit de refroidissement, un des processus les plus énergivores, est un des premiers points à optimiser pour réduire la consommation des data centers. La technique la plus répandue est le free cooling, qui consiste à refroidir les serveurs en injectant de l’air frais extérieur directement dans les salles, plutôt qu’à travers un système de climatisation qui demande beaucoup d’énergie pour fonctionner.
D’autres techniques font leurs preuves en termes d’économie d’énergie, comme la circulation d’eau glacée dans le système de refroidissement (free chilling), le confinement des allées froides et des allées chaudes pour éviter que l’air ne se mélange à l’intérieur du data center, ou encore le refroidissement avec de la vapeur d’eau. Un autre moyen qui fait ses preuves consiste à refroidir les serveurs en les immergeant dans un liquide froid non conducteur, comme de l’huile minérale. Depuis 2021, Microsoft va plus loin dans ce procédé, et teste l’immersion des serveurs dans un liquide en ébullition. Une technique prometteuse qui permettrait de réduire de 5 à 15% la consommation énergétique des serveurs.
En outre, la localisation des data centers joue un rôle important : les régions où les températures sont plutôt basses sont souvent privilégiées, notamment pour mettre en place le free cooling. Une implantation à proximité d’un parc éolien, d’une ferme solaire ou d’un barrage hydraulique est aussi une solution responsable car elle permet une alimentation plus simple en énergie renouvelable. Les principaux fournisseurs de cloud (AWS, Azure, GCP) s’engagent d’ailleurs à alimenter 100% de leurs data centers en énergie renouvelable d’ici 2030. Les providers cherchent également à atteindre une neutralité carbone dans les prochaines années. Sur ce sujet, Amazon a participé à la création de The Climate Pledge, un collectif d’entreprises qui s’engagent à être neutres en carbone en 2040.
Par extension, et toujours dans un objectif d’économie d’énergie, la chaleur produite par les data centers peut être utilisée. C’est le cas par exemple du data center d’IBM en Suisse, qui avait été précurseur sur cette question il y a une dizaine d’années, en chauffant la piscine municipale située à proximité. La loi REEN, adoptée en France en novembre 2021, a d’ailleurs intégré l’enjeu de la récupération de la chaleur des data centers dans un de ses articles. Cette loi incite plus largement les cloud providers à réduire leur impact environnemental en leur faisant bénéficier d’une réduction sur leur facture d’électricité.
Économiser les ressources grâce à la technologie
Les nouvelles technologies permettent de réduire l’utilisation de ressources physiques, et donc d’économiser de l’énergie. La virtualisation des ressources informatiques en est un bon exemple. Concrètement, cela signifie que les ressources informatiques peuvent être partagées entre plusieurs utilisateurs ou applications, sans qu’il soit nécessaire de disposer de ressources physiques distinctes pour chacun d’entre eux. Les cloud providers ont aussi la possibilité de consolider les serveurs, c’est-à-dire de regrouper plusieurs applications ou systèmes d’exploitation sur un seul serveur physique.
L’utilisation de l’intelligence artificielle se généralise de plus en plus dans les data centers. Grâce à l’analyse des données (température des serveurs, taux d’humidité, charge de travail…), l’IA permet une meilleure gestion des ressources, pour une meilleure performance énergétique. Les avantages sont nombreux : mécanismes de veille automatique, adaptation de la température, réduction de la consommation d’énergie pour les serveurs qui fonctionnent à faible capacité, optimisation de la charge de travail, etc. Dans ce domaine, Google a été pionnier, puisque l’entreprise a commencé à intégrer l’IA dans ses data centers dès 2014. Deux ans plus tard, elle évaluait déjà un gain de 40% sur sa consommation énergétique !
Enfin, il est important que les data centers soient équipés en matériel économes en énergie : processeurs et disques durs à faible consommation, mémoires RAM à faible tension… La gestion de ces déchets est également un point à aborder pour promouvoir le cloud responsable. Des obligations réglementaires et des normes, comme la certification ISO 14001 existent pour encadrer la gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Le cloud responsable encourage à aller plus loin en valorisant les déchets sur le plan environnemental, en suivant ces cinq principes : réduire les déchets, les réutiliser, les recycler, les valoriser, et en dernier recours, les éliminer en décharge.
Quand la finance rencontre le cloud responsable
Finalement, un des premiers moteurs qui pousse les entreprises à réduire la consommation cloud est l’économie financière que cela peut représenter. C’est ainsi que rentre en jeu le FinOps (Finance Operations), qui offre une visibilité sur les coûts liés au cloud et apporte des solutions pour adapter sa consommation, dans l’objectif de baisser ces coûts.
Avec une réduction des ressources informatiques inutilisées, une charge de travail variable selon les pics d’activités, ou encore la virtualisation des serveurs, les entreprises font des économies considérables sur leur budget, et participent à la démocratisation du cloud responsable et à l’émergence du GreenOps.
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