L’enquête sur le bien-être de la retraite

Les mesures du bien-être de la retraite.

Il existe différentes enquêtes d’opinion qui permettent d’effectuer des analyses sur la retraite en France. Il y a d’une part les enquêtes statistiques qui sont réalisées par des chercheurs et/ou des administrations. Elles représentent un échantillon généralement supérieur à 2000 personnes. Les questionnaires associés permettent d’analyser les interactions entre caractéristiques personnelles, socioprofessionnelles, culturelles ou encore socioéconomiques. D’autre part, il y a les sondages ponctuels d’opinion. Leurs échantillons sont quant à eux plus modestes (aux alentours de 1000 personnes) et les questions plus restreintes. Ces sondages sont suivis également dans le temps et peuvent être réalisés dans un contexte ciblé.

Depuis 2010, l’enquête « Motivations de départ à la retraite » permet de mesurer des indicateurs de bien-être. Elle est organisée par vague et en collaboration avec différents organismes comme la CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse), la Caisse des dépôts ou encore l’AGIRC ARRCO. La 5ème vague s’est déroulée entre février et mai 2021. Des entretiens ont été effectués par téléphone sur un échantillon de 5499 nouveaux retraités de plus de 50 ans, résidant en France et ayant liquidé leur retraite de droit direct (au titre de la carrière personnelle, par opposition aux droits indirects pour un ayant droit) dans l’un des quatre régimes de base (entre le 1er juillet 2019 et le 30 juin 2020). L’enquête analyse les comportements de départ à la retraite tels qu’ils sont exprimés par les retraités.

L’analyse est menée périodiquement, elle est identique à chaque vague. Cette démarche permet ainsi de comparer rigoureusement les réponses obtenues. Les questions posées ambitionnent dans un premier temps de récolter des informations précisant la décision de départ à la retraite. Une liste de facteurs possibles est ainsi précisée (projet personnel, problème de santé, condition de travail, financières…). Les retraités doivent déclarer pour chaque facteur si celui-ci a influencé « beaucoup », « assez », « peu » ou « pas du tout » dans leur décision. Puis, dans un second temps, le niveau de connaissance des dispositifs institutionnels (décote, surcote, retraite progressive...) est évalué. Enfin, un thème complémentaire est toujours proposé. En 2021, il s’agissait de la satisfaction concernant la vie à la retraite par rapport à celle menée avant le départ.

Les études et constats.

Ce thème sur le bien-être est réparti en deux parties. La première consiste à noter sur une échelle de 0 à 10 la satisfaction sur la vie menée aujourd’hui et sur la vie avant le départ à la retraite. Tandis que la seconde, cherche à comprendre la concordance entre la satisfaction attendue et la satisfaction constatée une fois à la retraite et l’effet du passage à la retraite.

La note moyenne de satisfaction dans la vie passe de 7,3 avant la retraite à 7,4, une fois à la retraite (Figure 1). Cependant, il existe des disparités qui varient selon les caractéristiques sociodémographiques, familiales et les conditions de départ.

Le facteur qui semble être le plus déterminant est l’état de santé. Le niveau de bien-être des personnes déclarant être limitées dans leurs activités est évalué inférieur à celui des autres personnes, et diminue nettement avec le passage à la retraite. Le niveau de satisfaction de bien-être dépend aussi de l’ancienne situation professionnelle (Figure 2). Les personnes en emploi avant la retraite sont plus satisfaites que celles qui étaient sans emploi. La CSP et les conditions de départ semblent aussi déterminantes. Les anciens cadres sont ainsi ceux qui se déclarent les plus heureux. Tandis que les personnes dont le départ n’était pas un choix déclarent un niveau de satisfaction de vie inférieur.

La détermination d’un niveau de bien-être est cependant subjective. En effet, il est lié au contexte économique et social du pays. A titre d’illustration, en 2013/2014 le chômage était important et les perspectives économiques pessimistes. Le niveau de satisfaction à cette époque était bas, puis il est remonté. Depuis, avec la succession de crises et les craintes liées à la pandémie de Covid19, il diminue à nouveau. C’est pourquoi il existe plusieurs enquêtes d’opinion nationales sur la retraite. Intégrées à la fois dans des questionnaires regroupant des thématiques autour de la santé, du pouvoir d’achat … ses études prennent de l’ampleur avec la perspective d’une nouvelle réforme des retraites mais elles sont directement impactées par l’actualité.