Le plan de sobriété énergétique : les opportunités du Numérique Responsable
L’actualité est rythmée par la prise de conscience progressive de l’urgence climatique, accentuée depuis un an par la guerre en Ukraine. Il est nécessaire que tous les secteurs d’activité se mobilisent pour maîtriser leur impact environnemental.
Face à ce constat, le gouvernement a lancé en 2022 son Plan de sobriété énergétique qui indique à chaque secteur d’activité les mesures qu’il doit respecter pour diminuer de 10% sa consommation d’ici 2024 et atteindre, à terme, une neutralité carbone.
Un effort est demandé à tous les niveaux : l'État, les entreprises, les collectivités et les citoyens doivent réunir les moyens pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Le rôle du secteur du numérique dans le plan de sobriété énergétique
Le secteur du numérique est le premier concerné, puisqu’il représente 3,4 % des émissions totales de GES en 2017 et devrait représenter 7,6% en 2025. Ce secteur connaît une croissance bien plus rapide que les autres : en 4 ans, la consommation globale du numérique a été multipliée par 1,5, passant de 2 000 TWh en 2013 à 3 000 TWh par an en 2017.
Un effort particulier est donc attendu de la part des acteurs du numérique, avec, dans le rapport du gouvernement, un accent sur :
- L’exploitation des technologies de rupture, c'est-à-dire l’intelligence artificielle et la 5G,
- La limitation du recours à la climatisation dans les datas centers. On note que le passage de 21 à 23°C est susceptible de diminuer la consommation d’énergie d’environ 7 à 10%,
- La mise en veille automatique des équipements domestiques d’accès à internet (box) et à la télévision (décodeur TV) lorsqu’ils ne sont pas utilisés,
- La prise en compte des pics de consommation de données par les entreprises de service numérique pour effectuer leurs opérations consommatrices de puissance énergétique,
- La réalisation du bilan carbone des entreprises (120 start-up s’y sont engagées).
Dans quel sens le secteur du numérique doit-il évoluer pour prendre en compte ces nouvelles contraintes ?
La sobriété numérique désigne une démarche qui consiste à concevoir des services et produits numériques plus sobres et à modérer ses usages numériques quotidiens.
Certaines innovations technologiques peuvent contribuer à la diminution des dépenses énergétiques.
La dernière décennie a vu naître plusieurs innovations dans le secteur du numérique. Certaines d’entre elles sont des opportunités pour diminuer son empreinte carbone.
Le déploiement de la fibre optique par exemple, désormais présente sur plus de 80% du territoire français a permis de diviser par 3 la consommation énergétique des lignes fixes. En complément de cette économie majeure, le réseau mobile s’est aussi amélioré avec le déploiement de la 5G depuis 2020, puisque dans les zones denses, elle consomme 10 fois moins d’énergie que la 4G, et 50 fois moins que la 3G (France Stratégie).
Le numérique doit aussi éco-concevoir ses produits. L’écoconception est une démarche qui permettrait de limiter l’augmentation de la consommation d’énergie du numérique à 1,5% par an (The Shift Project).
Il existe plusieurs sortes d’écoconception :
- L’écoconception matérielle qui requiert que le matériel soit centré sur les usages clés, qu’il soit durable, solide et facile à réparer,
- L’écoconception logicielle qui vise à trouver le meilleur équilibre possible entre le niveau de performance à atteindre et la quantité de ressources nécessaires pour atteindre cette performance. Les entreprises peuvent aujourd’hui réaliser un audit d’écoconception de leur site internet.
Enfin, les filières de reconditionnement sont en plein essor : aujourd’hui 54 % de Français sont prêts à acheter un téléphone reconditionné. La réglementation encourage cette tendance pour allonger la durée de vie des terminaux.
Contribution à l'allègement carbone des autres secteurs d’activité : l’IT for Green
L’IT for green est la contribution positive et mesurable des systèmes d’information au développement durable.
Dans le domaine des objets connectés (IOT), on constate entre autres le développement de compteurs intelligents pour suivre et mieux gérer sa consommation d’énergie. Par exemple, en France, le déploiement des compteurs Linky et Gazpar permettent de suivre la consommation en temps réel de gaz et d'électricité. À certains endroits, des capteurs intelligents sont mis en place sur les lignes de transmission pour identifier les fuites.
La dématérialisation a aussi explosé ces 20 dernières années dans le but de réduire la consommation de papier et préserver nos forêts.
Dans d’autres secteurs encore, on peut s’assister du numérique pour se procurer des indicateurs ou pour prendre des décisions : pour la gestion des déchets, l’optimisation de l’utilisation des ressources dans l’agriculture, l’optimisation des flux logistiques et énergétiques ou encore pour la gestion thermique des bâtiments.
Attention à l'effet rebond
Néanmoins, il faut anticiper l’effet rebond, qui désigne un accroissement de la consommation suite à une amélioration de l’efficacité énergétique d’une ressource ou d’une technologie. Dans certaines situations par exemple, l’utilisation de capteurs numériques peut s’avérer être plus énergivore que bénéfique. Il est important que le matériel utilisé soit lui-même éco-conçu afin de ne pas compenser les bénéfices qu’il apporte.
Les améliorations réseau, comme l’installation de la fibre sur le territoire français, synonymes de meilleur débit, conduisent aussi inévitablement à un accroissement des usages et du trafic internet.
D’une manière générale, le gouvernement doit continuer à encourager les entreprises à développer une démarche de Numérique Responsable. Le développement du télétravail ces dernières années a un impact certain sur le volume d’utilisation des outils numériques, qui alourdit le bilan carbone des entreprises. Elles doivent donc prendre le virage de la transition numérique.
Le secteur du digital se présente donc à la fois comme un outil et comme un défi pour la transition énergétique : il offre de réelles opportunités, mais elles sont soumises aux mêmes contraintes que dans les autres secteurs. Les entreprises doivent donc choisir les directions à donner à leurs usages et à leurs infrastructures numériques pour en garantir la résilience et la pérennité.
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