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La place de la prévention dans la FemTech en santé

Santé
15 juin 2024

D’après une étude de l’INSEE, en 2023,  l'espérance de vie des françaises à la naissance est de 85,7 ans contre 80,0 ans pour les hommes. Si les femmes sont plus nombreuses et vivent plus longtemps que les hommes (y compris sans incapacité), elles se perçoivent pourtant en moins bonne santé et les inégalités de genre persistent.

Aujourd’hui, la lutte contre les différences sociales en matière de santé est un enjeu majeur des politiques publiques. C’est pourquoi, l’intervention des technologies et des solutions numériques prend désormais tout son sens pour la santé des femmes grâce à la Femtech.

L’importance de la prévention en santé

Une étude menée en 2022 par AXA met en lumière certaines pratiques féminines vis-à-vis de leur santé : attendre «d’être malade » pour consulter, ne pas privilégier la prévention médicale, manquer de temps pour soigner son hygiène de vie…

En effet, les différences de santé liées au sexe biologique et les représentations sociales engendrent des inégalités de santé et vont parfois influencer l’expression des symptômes, le rapport aux corps des patientes, leur démarche préventives et curatives, etc. D’après ce même rapport, 85% des femmes pratiquent l’automédication et seulement 38% font des bilans de santé périodiques. Le professionnel de santé n’est consulté : “qu'en cas d’extrême nécessité”.

Beaucoup de pathologies, telles que l’infarctus du myocarde, sont souvent associées aux hommes et ainsi sous-diagnostiquées chez les femmes. Seulement 42% des femmes en 2022 choisissent de faire un examen du cœur. Autre exemple, il faut neuf ans en moyenne pour diagnostiquer l’endométriose, pathologie qui touche toutefois 10 à 15 % des femmes en âge de procréer.

La prévention devient alors une charge mentale que les femmes doivent gérer seule en plus de leur vie de famille, leur professions, les activités sportives, l’alimentation, le contrôle de leur poids etc.81% des françaises se préoccupent davantage de la santé de leurs proches (parents/enfants) plutôt que de la leur.

Également, l’intégration de la prévention dans le parcours de soin dépend des groupes sociaux économiques. Les femmes issues de catégories socio-professionnelles supérieures ont davantage recours aux mesures préventives liées à la santé. L’assurance maladie tente de mettre à disposition pour toutes des dispositifs de prévention et de publier des campagnes nationales mais en vain. La Femtech dans la prévention prend alors tout son sens en replaçant la femme au cœur de son parcours de soin.

FemTech en santé :

“La Femtech désigne l'ensemble des technologies, produits et services innovants dédiés à la santé des femmes : fertilité, contraception, cycles menstruels, bien-être sexuel, ménopause, etc.” Maddyness.com

La notion de Femtech apparaît pour la première fois en 2016. À l’époque, Ida Tin, une autrice et entrepreneuse danoise, propose sur le marché l’application Clue. Cette dernière permet aux femmes de suivre leur cycle menstruel.

Peu à peu la Femtech se démocratise malgré des débuts hésitants et des investisseurs méfiants. En moins de 10 ans, la FemTech est devenue l’un des marchés les plus porteurs. Quand on parle de Femtech on peut aussi bien évoquer l’hygiène menstruelle (cup, culotte de règle), l’impression d’implants mammaires, les technologies du bien-être sexuel, les solutions de contraception ou encore le diagnostic de maladies telles que l’endométriose.

L’une des ambitions de la femtech est de réduire le “Gender health gap”. 
« La R&D axée spécifiquement sur la santé des femmes ne représente que 4 % du financement global des produits et services de santé. En comparaison, 2 % du financement total va à la recherche spécifique sur le cancer de la prostate. La plupart des maladies masculines font l'objet de recherches spécifiques, mais la réciprocité n'est pas vraie ».  Diane Roujou de Boubée, directrice d’investissement chez Citizen Capital

On compte 115 start ups françaises en juin 2023 alors qu’elles n’étaient que 80 en novembre 2022.

Focus sur une start-up de la santé au féminin

Pour illustrer les propos précédents nous avons rencontré Marilyn Rolfe, fondatrice de FEMNOV (Alumni Sup’Biotech).
 

Dans une ère où la santé féminine trouve enfin sa place sur le devant de la scène, les Femtechs émergent comme des pionnières, révolutionnant la manière dont la prévention est intégrée dans les solutions logicielles pour la santé des femmes. Lors de l’interview, Marilyn Rolfe a pu partager la vision de son entreprise pour combler les lacunes dans le suivi gynécologique, en particulier en ce qui concerne l'endométriose, une pathologie souvent mal diagnostiquée. 

FemNov se distingue par son produit en développement, FemEndo, un outil novateur destiné à accompagner les professionnels de santé dans la caractérisation précise de l'endométriose lors des examens gynécologiques. Cette solution vise à pallier le manque de formation des praticiens et à réduire le délai moyen de diagnostic (actuellement de dix ans) en fournissant des directives précises pour l'identification des symptômes et des particularités de la pathologie chez les patientes.

Les défis des Femtechs : Les enjeux de l'intimité et de la perception de la douleur

Les défis des Femtechs sont conséquents. Outre la formation des professionnels de santé, puisque cette dernière nécessite du temps et de l'argent, la collecte de données sur la santé des femmes demeure également un obstacle majeur. C'est pourquoi FemNov envisage de développer un algorithme d'imagerie médicale en intelligence artificielle pour enrichir les bases de données d'échographie endovaginale, ouvrant ainsi la voie à une meilleure compréhension et prévention de l'endométriose. 

Un défi concernant le souci de l'intimité existe également. Cela arrive fréquemment pour une femme de vivre de mauvaises expérience de gynécologie conduisant à la négligeance son parcours de santé. De plus, il est courant dans notre société de voir la banalisation de la douleur associée à certaines pathologies féminines, notamment pendant les règles, retardant le diagnostic.

L'Importance de la sensibilisation et de l'éducation

L'impact de la détection précoce de l'endométriose sur les soins des patients est indéniable. Non seulement cela améliore considérablement la qualité de vie des patientes, mais cela ouvre également la voie à des traitements adaptés, réduisant ainsi les souffrances inutiles et les complications à long terme.

La détection précoce passe notamment par la sensibilisation et l'éducation des patientes. FemNov mise sur les réseaux sociaux et les partenariats avec des associations pour diffuser une information précise et démystifier les idées fausses entourant l'endométriose. Cette approche de proximité vise à encourager les femmes à prendre leur santé en main et à briser le tabou entourant les douleurs menstruelles.

Vers un avenir prometteur pour les Femtechs

L'avenir des Femtechs, et notamment dans le domaine de la prévention de l'endométriose, semble prometteur. Avec un marché en plein essor et une prise de conscience croissante de l'importance de la santé féminine, FemNov et d'autres entreprises du secteur sont déterminées à repousser les limites de la technologie pour offrir des solutions de prévention toujours plus efficaces et accessibles. En effet, d'après le Baromètre des Femtechs de 2023, le marché des Femtechs en 2021 représentait 51 milliards de dollars dans le monde, et devrait atteindre 103 milliards en 2030.

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Cyrielle Lucas
Partner - Directrice de l'Offre Santé

Convaincu que le numérique peut aider les organisations et les Hommes à mieux gérer notre santé, mc2i a construit une solide expertise des problématiques rencontrées par les différents acteurs de l’écosystème santé et les accompagne sur le pilotage du système de santé, l'offre de soins, la sécurité sanitaire et la santé au travail.

Auteur Audrey ULLMO
Audrey ULLMO
Consultante
Auteur Pauline Millot
Pauline Millot
Consultante