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La low-tech : une solution face aux enjeux environnementaux du numérique ?

low tech
14 février 2022
Technologies & Innovation

A lui seul, le secteur du numérique représente entre 6% et 10% de la consommation mondiale d’énergie et 4% des émissions de CO2 mondiales; dont plus de 50% proviennent principalement de l’extraction et de la fabrication de nos outils du quotidien. Pour réduire ces impacts, la démarche low-tech propose de redéfinir nos pratiques numériques en utilisant des technologies et des logiques plus durables, accessibles et peu coûteuses tout en continuant de répondre à nos besoins. 

Repenser le numérique

Pour lutter contre la forte croissance de l’empreinte numérique de l’humanité, de nombreux organismes ont vu le jour tels que l’INR, GreenIT.fr, Planet Tech’Care, The Shift Project, etc. Leur objectif est de sensibiliser, mesurer et proposer des actions durables visant à repenser nos pratiques numériques pour en réduire les impacts environnementaux. Ces organisations prônent donc des démarches plus sobres, accessibles et viables telles que la mise en œuvre des low-techs. 

Plus qu’une simple démarche technocritique, les low-techs sont une réelle philosophie visant à faire sortir les utilisateurs de leur servitude au tout numérique. Elle relativise la quête de l’innovation technologique en incitant tous les utilisateurs à faire preuve de discernement quant à leur empreinte écologique numérique. Avons-nous réellement besoin d’une fourchette connectée pour contrôler le rythme de notre repas ? Il ne s’agit pas de revenir à l’utilisation de la bougie pour nous éclairer mais simplement de trouver un équilibre entre un niveau de vie confortable et les pénuries à venir si nous continuons cette course effrénée à l’innovation technologique. (Bordage, 2019)

Infographie « Les low-tech ou l’art du techno-discernement », Arthur Keller et Emilien Bournigal
Infographie « Les low-tech ou l’art du techno-discernement », Arthur Keller et Emilien Bournigal
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Plus concrètement, il s’agit de construire son propre vélo à partir de bambou, de fabriquer un frigo sans électricité ou encore d'installer un chauffage solaire en ardoise. Toutes ces innovations low-techs sont recensées et leur conception est détaillée dans un « Wikipedia du lowtech » mis à disposition par le Low-Tech Lab. 

Pour Philippe Bihouix, ingénieur et auteur de L’âge des low tech (Seuil, 2014), « Il faudrait une profonde remise en cause des pratiques existantes, des modèles économiques, des approches réglementaires, des schémas culturels, des méthodes d’éducation, pour réfléchir à nos besoins réels et réussir la mise en œuvre d’une sobriété intelligente. Nous en sommes très loin. » 

C’est dans cet objectif qu’en novembre 2021, le gouvernement français a voté une loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique, premier cadre législatif en la matière, dont le premier article porte sur la sensibilisation des élèves à la sobriété numérique. 

A quels enfants allons-nous laisser le monde ?

« Quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : ''Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?”, il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante : “A quels enfants allons-nous laisser le monde ?” » (Jaime Semprum, 1997).

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D’après un sondage de l’Observatoire du numérique, seulement 4 Français sur 10 ont conscience de l’impact environnemental du numérique. La sensibilisation est donc un enjeu majeur pour permettre la mise en œuvre d’une sobriété numérique. Cependant, enseigner les principes de la low-tech et les bonnes pratiques d’utilisation du numérique, est-il suffisant pour empêcher le désastre environnemental de l’expansion numérique ?

C’est ce que pensent les enseignants chercheurs de l’Université de Grenoble à l’origine de la communauté LowTRE, Low-Tech Recherche et Enseignement. L’enjeu de cette communauté est de déclencher une prise de conscience et de décision dans le milieu universitaire sur la nécessité de repenser nos activités en les adaptant aux défis actuels d’une société sobre et résiliente. Pour cela, ils ont créé début 2020, un forum d’échange, un annuaire regroupant tous les acteurs et une bibliothèque présentant les projets des étudiants en open-source. Par ailleurs, des experts pluridisciplinaires se sont réunis pour proposer le récit prospectif « La vie low-tech en 2040 » qui prône un futur heureux dans lequel les low-techs auraient trouvé leur place nous permettant de vivre mieux avec moins.

Le recours aux low-techs est inéluctable pour répondre aux enjeux du développement durable. Cela passe par une prise de conscience sur la nécessité de rechercher un juste équilibre entre l’usage des technologies pour un meilleur confort de vie et leurs impacts environnementaux. 

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Nosing DOEUK
Nosing DOEUK
Senior Partner - Directeur de l'Offre Innovation et Technologies

L'innovation est la clé vers la réussite de la plupart des projets car nous constatons des mutations qui touchent tous les secteurs. Nous bénéficions d'une expertise technologique et méthodologique pour accompagner nos clients dans ce challenge plus que stimulant.

Solene BOUCHAKOUR
Solene BOUCHAKOUR
Consultante AMOA