Inclure l’écoconception dans une démarche qualité web globale

Aborder la notion de numérique responsable et d’écoconception dans des projets existants peut sembler difficile au premier abord, notamment lorsqu'il s’agit de convaincre d’autres parties prenantes encore peu sensibilisées.

Cependant, intégrer des bonnes pratiques d’écoconception dans une démarche existante de qualité web (UX, SEO, accessibilité, etc) est plus simple qu’on pourrait le penser grâce aux externalités d’une démarche complète, qui mène à un cercle vertueux. Mettre en avant ce dernier permettra alors de convaincre les personnes clés.

Les bénéfices environnementaux : le green UX

Pour rappel, le numérique responsable est une démarche globale qui englobe plusieurs principes : l’écoconception, l’accessibilité numérique, le respect de la confidentialité des données ainsi que l’éthique.

Lors du lancement d’une telle démarche, les bénéfices environnementaux sont les plus facilement mis en avant car green IT et numérique responsable sont souvent confondus. Cela reste cependant un bénéfice significatif. En effet, optimiser le code et les fonctionnalités de son site permet la réduction du poids des pages, ainsi que du nombre de requêtes, ce qui in fine limite l’impact environnemental de ce dernier.

Côté métier, on parle alors de la notion de green UX, qui a pour objectif de proposer un site à faible impact environnemental tout en préservant la qualité de l’expérience utilisateur. D’ailleurs, un certain nombre de référentiels existent aujourd’hui. Ils proposent chacun des recommandations et bonnes pratiques pour limiter l’impact environnemental de son site et en soulignent les objectifs et bénéfices. Les plus connus sont le GR-491 créé par l’INR ainsi que le RGESN proposé par le gouvernement, qui sont généralistes. Il existe également un référentiel spécialisé en UX, l’écoconception pour les designers.

On observe ainsi le lien direct entre une utilisation du numérique plus vertueuse, plus sobre et son impact positif sur l’environnement. Cependant, ce constat ne permet pas toujours de convaincre les décideurs en entreprise à débloquer les ressources (humaines, budgétaires) nécessaires à sa mise en œuvre.

Comprendre les principaux freins

Lorsqu’on est confronté à un refus, il est important de comprendre les origines des freins à l’adhésion des décideurs à une démarche d’écoconception. Avec l’expérience, il est fréquent d’observer que les obstacles rencontrés ne sont finalement pas si différents d’autres changements comme la mise en place de démarche de cybersécurité ou d’accessibilité numérique. Ces freins sont davantage liés à des questions de résistance au changement qu’au fond du sujet en tant que tel.

Deux freins fréquemment rencontrés sont le manque de sensibilisation et la vue de l’écoconception comme une contrainte :

D’une part, le manque de sensibilisation. En effet, les décideurs ne sont pas assez informés et sensibilisés aux enjeux du numérique responsable et ses impacts, ou ils ne réalisent pas forcément l’ampleur de leur pouvoir d’action. Avoir un site plus sobre, à l’échelle d’une utilisation par des milliers voire millions d’utilisateurs, a un impact significatif et il est important d’en prendre conscience.

D’autre part, l’écoconception peut être vue comme une contrainte, de par la réglementation ou avec l’utilisation du terme “sobriété numérique” qui laisse penser à tort que nous devons limiter nos usages et produire un site très simple et peu esthétique. Cela pourrait effectivement être le cas, mais la philosophie de l’écoconception et du green UX est plutôt de repenser la manière dont on conçoit les services numériques afin qu’ils répondent au mieux aux besoins des utilisateurs, sans faire de surqualité ou créer des fonctionnalités dont ils n’auraient finalement pas besoin. Au contraire, donc, un site plus sobre sera plus performant, ce qui a bien d’autres avantages.

Les externalités d’une démarche d’écoconception

En premier lieu, un site plus performant, qui charge plus rapidement, a un impact positif sur le SEO (Search Engine Optimisation). En effet, les points d’attention de l’écoconception (temps de chargement d'une page, temps de chargement de l'élément le plus lourd de la page, etc) font partie des Core Web Vitals de Google : un site respectant les bonnes pratiques green UX sera ainsi forcément mieux référencé car privilégié par l’algorithme. De plus, on sait aujourd’hui qu’une page web devrait charger en moins de 2 secondes afin de préserver son référencement. Cela mènera également à une meilleure satisfaction client puisque 57% des utilisateurs quittent une page après 3 secondes et 80% d’entre eux n’y reviendront jamais.

Au-delà des performances du site, le respect des principes de la sobriété numérique simplifiera les parcours au maximum, limitant le nombre de requêtes par utilisateur tout en améliorant la fluidité du parcours utilisateur. En effet, ces derniers apprécieront de naviguer sur un site peu complexe qui répond rapidement à leurs besoins, sans gras numérique qui les ralentirait dans leur démarche.

Enfin, la simplicité d’utilisation de son site le rend plus accessible, élément important à prendre en compte quand on sait que l’accessibilité numérique est obligatoire pour un certain nombre de sites mais encore peu respectée alors qu’on estime que 15 à 20% de la population française ont au moins un handicap. Le site des impôts par exemple, pourtant obligatoirement accessible car d’utilité publique, ne respecte que 63% des critères demandés par le RGAA (référentiel général d'amélioration de l'accessibilité). L’accessibilité est par ailleurs aussi un facteur d’amélioration du référencement d’un site.

Prenons un exemple qui illustre l’impact global d’une bonne pratique d’écoconception : informer l’utilisateur, avant la validation d’un formulaire, le format de saisie attendu. L’objectif mentionné dans le RGESN dont il est issu est de "limiter les échanges clients - serveurs en vérifiant la saisie du côté du terminal utilisateur” limitant ainsi l’impact environnemental du site. En plus de cela, les utilisateurs apprécieront de pouvoir être notifiés tout de suite de leur erreur afin de rendre la complétion du formulaire plus simple et de perdre moins de temps à corriger leur formulaire. Une même action aura ainsi un bénéfice sur l’environnement, l’accessibilité numérique et l’expérience utilisateur.

Ainsi en sensibilisant vos décideurs lors des expressions de besoin à ces cas concrets, vous aurez plus de chances d'aboutir à une réelle démarche d’écoconception.

Un cercle vertueux

Ainsi, inclure l’écoconception dans une démarche de conception ou d’amélioration continue d’un service numérique permet à la fois d’inscrire son entreprise dans une démarche plus vertueuse pour l’environnement et en accord avec les recommandations du GIEC, mais également de profiter des bénéfices économiques liés à un meilleur taux de conversion suite à un référencement davantage optimisé et à un parcours utilisateur optimisé pour les besoins de vos utilisateurs.

Finalement, il s’agit avant tout de voir sa démarche numérique responsable comme ayant un impact positif global sur la qualité de son service numérique, en plus des impacts environnementaux visibles au premier abord. Ce changement de paradigme permettra d’apporter les bons arguments pour toucher les personnes clés en fonction de leurs priorités à chacun, afin de les convaincre de débloquer des ressources pour concevoir des services plus vertueux.