Bitcoin, un atout pour le secteur de l'Énergie
Alors que la blockchain Bitcoin reste pointée du doigt pour son aspect énergivore, elle représente pourtant une opportunité nouvelle pour accompagner la transition écologique et réduire nos émissions de gaz à effet de serre. De nombreuses initiatives privées, parfois accompagnées de politiques publiques facilitantes, permettent de concilier rendement économique au consommer mieux. Une stratégie que certains États commencent à adopter pour respecter leurs engagements sur le Climat.
Derrière Bitcoin, le Proof of Work
La blockchain Bitcoin est un réseau décentralisé où chaque participant (appelé mineur) peut proposer un bloc contenant des transactions. Pour déterminer lequel des participants sera autorisé à ajouter un bloc, Bitcoin utilise un protocole de “preuve de travail” (Proof of Work) : chaque mineur essaie d’être le premier à trouver une longue suite de caractères, comme la combinaison d’un coffre-fort. Ce travail nécessite une certaine puissance de calcul informatique et donc une consommation d’électricité.
Obtenir une forte capacité de calcul étant compliqué et coûteux, des entreprises se sont spécialisées dans ce domaine et constituent aujourd’hui au moins 25% des mineurs selon le site Hashrate Index.
Cette compétition assure la sécurité du réseau, mais entraîne une course à l’investissement de prime abord incompatible avec la réduction de notre impact environnemental.
Une aide au développement des ENR
Alors que l’accord de la COP28 engage désormais 123 pays à tripler la part du renouvelable dans le mix énergétique mondial, l’Agence Internationale de l'Énergie Renouvelable alertait en août dernier sur le manque d’investissements pour tenir cet objectif. Les mineurs professionnels, qui utilisent majoritairement de l’électricité issue de sources renouvelables (à 59,9% selon le Bitcoin Mining Council), contribuent indirectement au développement des énergies renouvelables (ENR).
Les kilowatts “verts” sont préférés par les mineurs car ils sont moins coûteux à produire qu’avec un combustible fossile, et présentent une meilleure stabilité des prix à long terme que ceux obtenus à partir de pétrole et gaz, plus sensibles aux fluctuations du marché.
Au Congo, la société française BBGS a ainsi été mise en avant par le World Economic Forum pour avoir permis le financement de barrages hydroélectriques et le développement économique local. Dans ces zones où le maillage du réseau électrique est encore incomplet, des contrats de vente sont établis directement entre producteurs et mineurs, incités à s’y établir pour bénéficier d’une énergie à moindre coût.
La stabilité du réseau
Là où le réseau électrique est suffisamment développé, la gestion de l’offre et de la demande reste une tâche complexe où le minage peut jouer un rôle clé dans la stabilité du système.
Certains jours où la production dépasse la consommation, l’énergie peut s’échanger sur les marchés à prix négatif pour désengorger le réseau, comme cet été en Allemagne. En France, la faible demande estivale nécessite des modulations de puissance à la baisse voire l’arrêt de certains réacteurs nucléaires par EDF, induisant des coûts opérationnels importants. L'énergéticien japonais TEPCO a lui récemment décidé de miner du bitcoin pour absorber ces surplus tout en générant des revenus complémentaires.
Lorsque c’est la demande qui est supérieure à l’offre, les mineurs s’intègrent parfaitement aux programmes d’effacement : leurs équipements informatiques sont conçus pour s’arrêter en quelques minutes, et redémarrent sans pertes de production, contrairement à un industriel classique.
La réduction des émissions de méthane
Le méthane, identifié comme l’un des gaz à effet de serre les plus nocifs pour l’environnement, a vu son émission multipliée par 2,6 depuis l’ère pré-industrielle. Aux Etats-Unis, les seules activités d’extraction des énergies fossiles et de gestion des déchets représenteraient 50% des émissions de méthane du pays.
Pour inciter à la capture et au traitement du méthane plutôt que de le brûler ou de le relâcher dans l’atmosphère, l’entreprise Crusoe Energy propose une solution clé-en-main où le gaz inutilisé est converti en électricité pour alimenter une installation de minage sur le site de production, quelle que soit sa taille ou sa distance avec le réseau de distribution.
Le même procédé est actuellement testé par l’entreprise américaine Mara sur des sites où sont entreposés des déchets humains ou agricoles. Ces initiatives permettent d’aligner les objectifs environnementaux des institutions publiques aux intérêts économiques des industriels.
L’avenir du minage, entre intérêts privés et publiques
Tout en offrant une alternative aux monnaies étatiques, Bitcoin favorise grâce à son modèle économique les investissements dans le renouvelable et la réutilisation des surplus d’énergie. Utilisé de manière vertueuse, le minage permettrait aux entreprises de ce secteur d’améliorer leur score ESG, ces critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance devenus incontournables pour attirer les investisseurs. Pour les États, Bitcoin représente une opportunité supplémentaire d’accéder à l’indépendance énergétique et d’accélérer la transition vers des énergies bas carbone. Un atout encore mal compris en France de par la prédominance du nucléaire, mais qu’il devient difficile d’ignorer partout ailleurs.
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