Attention, pièges abscons !

Des biais cognitifs au sein des projets ? Le piège abscons est une situation irrationnelle dans laquelle on continue d’investir à perte car on croit que chaque nouvelle perte permettra de rattraper les précédentes.
C’est un cas courant chez les accros au jeu (qui misent de plus en plus “pour se refaire”), mais c’est une situation que l’on peut également rencontrer sur des projets où, après plusieurs cycles infructueux de spécification-développement- recette, la solution est toujours insatisfaisante. Au lieu d’oser repartir de zéro, il est fréquent de choisir d’entamer un nouveau cycle, avec l’argument classique “il ne manque plus que ça (et ça, et ça...) pour atteindre une solution satisfaisante.
Ce biais trouve une réponse dans la méthode Scrum, sous la forme du “time-boxing” : un temps maximal est fixé pour chaque activité, et si le délai est dépassé toute l’équipe convient de repartir de zéro plutôt que de s’enfermer dans une impasse.
On peut rencontrer d’autres comportements, qui eux aussi peuvent paraître irrationnels.
Ils s’expliquent souvent par un biais cognitif, qui altère la perception du problème et donc la validité de la solution apportée. Ces comportements peuvent évidemment se retrouver au sein d’une équipe projet, et le chef de projet doit toujours être vigilant pour détecter les biais qui en sont à l’origine. D’ailleurs on retrouve, dans la liste des biais cognitifs, des problématiques bien connues du chef de projet (qui en corrige donc au quotidien, sans le savoir !)
Cadrage
La façon de présenter une situation influe sur la façon dont elle est interprétée : est-il besoin de rappeler l’importance de cette phase d’un projet qui, parce qu’elle est très en amont, va conditionner toutes les phases ultérieures ? C’est en effet à ce moment-là que la structure du projet est élaborée : périmètre, enjeux, … En cas de désaccord ultérieur il est important de savoir s’y référer pour pouvoir “recadrer” le débat.
Biais culturel
Biais lié au fait d’appartenir à un type de culture donné : il est fréquent que des problèmes de communication perturbent le projet, notamment lors des phases de conception quand fonctionnels et techniciens doivent se parler. En effet ils n’ont pas la même culture, le même référentiel, le même vocabulaire (ou, pire, ils interprètent le même mot de deux façons totalement différentes).
Le rôle du chef de projet, ou plus largement de l’AMOA, est de faire en sorte que les informations soient bien transmises et comprises dans les deux sens. Autre danger, qui sort cette fois du cadre des projets : les biais peuvent également être utilisés volontairement, par exemple dans la construction d’argumentaires publicitaires, commerciaux, politiques, pour faire passer des messages, parfois fallacieux, allant même jusqu’au sophisme.
Alors soyez vigilants, que ce soit sur un projet ou en dehors, sachez reconnaître les biais cognitifs !