Comment positionner la France en tant qu'acteur principal sur le marché de la data ?

L’analyse des données est devenue un enjeu majeur pour les entreprises au vu des diverses opportunités qu’elle offre à ceux qui la maîtrisent. Les enjeux mondiaux liés à la croissance du flux d’information, la sécurisation et la maîtrise de la donnée dans un un contexte de souveraineté nationale oblige les entreprises ainsi que les différents gouvernements à se positionner sur le marché mondial de la data.
1- Quelle stratégie pour positionner les sociétés françaises sur le marché mondial de la data ?
La France compte déjà quelques entreprises positionnées sur ce marché mondial. Les financements publics participent au financement de ces sociétés leur permettant de se développer et ainsi de se positionner sur de nouveaux marchés.
L’investissement massif dans les entreprises technologiques a été identifié par le rapport Tibi de 2019 comme un des leviers permettant à la France de participer à cette nouvelle ère technologique. BPIfrance a notamment participé à 105 levées de fonds en 2020 soit une hausse de 33% par rapport à 2019 malgré un contexte économique difficile.
Un deuxième volet d’action est la visibilité que peut apporter le gouvernement à ces entreprises. On peut ainsi relever le soutien effectué par le Président Emmanuel Macron le 20 avril 2021 sur son compte LinkedIn à la société Alan qui devenait la 12ème licorne française. C’est également dans ce but de favoriser la visibilité de ces entreprises qu’a été créé un indice spécifique : le Next 40.
Une autre stratégie, plus historique et souverainiste, a été adoptée par certains pays comme la Chine, consiste à fermer ses frontières aux systèmes étrangers. Ainsi s’explique le développement des BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), qui ont bénéficié de l’absence des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) sur leur marché d’origine. Renforcer les entreprises françaises sur le marché national doit être une priorité de l’économie française. Certains choix ont beaucoup fait polémique autour de la solution Microsoft Azure qui a été retenue pour héberger le Health Data Hub français. La France compte en effet des entreprises qui auraient pu relever ce défi : OVH, Scaleway, Clevercloud, Platform.sh, Thales. La protection des données de santé détenues par un groupe américain n’auraient ainsi pas fait polémique. Le choix d’héberger l’application StopCovid chez Outscale, de Dassault Systèmes, a certainement été décidé avec cet enseignement.
Deux leviers gouvernementaux doivent ainsi être actionnés. Il faut tout d’abord faciliter la croissance et le rayonnement des entreprises technologiques françaises. La priorisation des acteurs français ou européens peut et doit être mise en place pour répondre aux besoins des organismes publics.
2.Rendre les entreprises conventionnelles data centric
La data transformation des entreprises françaises est un enjeu majeur pour assurer une reconnaissance de notre savoir-faire dans l'exploitation et l'analyse des données.
Des grands groupes français ont déjà commencé cette data transformation pour devenir des entreprises data centric, c’est-à-dire considérer la data comme un actif à part entière et l’intégrer dans la stratégie d’entreprise.
Compte tenu de l'ampleur des transformations nécessaires qui impactent tous les niveaux des organisations, un accompagnement de ces entreprises est primordial pour réussir cette mutation tout en respectant les cadres légaux.
La mise en conformité liée au RGPD a représenté un coût significatif pour les entreprises. Les organisations ainsi que les outils ont dû évoluer pour s’y contraindre. Il faut que les entreprises profitent de cette dynamique pour faire évoluer leur architecture data pour faciliter la data transformation et améliorer la data gouvernance des données afin de s’ouvrir des nouvelles parts de marchés tout en garantissant une protection des données.
Par ailleurs, les entreprises doivent investir dans la formation sur les technologies et les enjeux de la data en développant des partenariats avec des écoles et organismes de formation. L’objectif est de faire diminuer la valeur sur le marché de l’emploi des salariés et des entreprises de service qui sont en capacité d’intervenir sur ces sujets et ainsi faire baisser le coût projet. D’autre part, il faut développer les organismes chargés de l’accompagnement des entreprises sur ces virages technologiques et organisationnels. La CNIL a été un acteur majeur de la mise en conformité RGPD pour les entreprises françaises en mettant des ressources à disposition de celles-ci. Marie-Laure Denis, présidente de la CNIL, revenait lors des Assises Data Transformation organisées par le Ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance sur l’opportunité de “transformer le RGPD en levier d’innovation responsable” avec un plan d’action appropriable.
L’exemple de la mise en place du RGPD souligne l'importance de ces deux enjeux, formation et accompagnement, qui permettront aux entreprises françaises d’entreprendre et de réussir leur data transformation.
3. La France et l'UE, une autorité de premier plan pour la donnée
La reconnaissance mondiale de la France sur le marché de la donnée va devoir passer par une reconnaissance à l’échelle de l’Union Européenne. L’effet de réseau dont bénéficient les entreprises en gagnant des parts de marché est un facteur de développement. En effet, si on se positionne dans un contexte data, un produit orienté sur de l’analyse de données prend de la valeur si son nombre de données augmente. Cela peut permettre d’affiner un algorithme pour qu’il propose la bonne recommandation. L’Union Européenne est donc une chance pour nos entreprises car elle facilite leur intégration sur un marché extérieur.
Des standards imposés par l’UE montrent l’influence que peut avoir l’UE notamment via la mise en application de sa politique RGPD auquel doivent se plier toute entreprise présente sur le marché européen en termes de protection des données. Cette démarche a également été reprise en Californie, l’état le plus en avance sur ce sujet aux Etats-Unis.
Par ailleurs, le projet GAIA X, un méta-cloud à l’initiative de 22 entreprises européennes (11 allemandes et 11 françaises) permet de leur donner de la visibilité et contribue à affirmer la volonté de la France d’être reconnue comme un acteur majeur sur le marché de la donnée.
Les relations entre la France et l’UE sont donc un facteur de réussite qui permettra non seulement aux sociétés françaises de se développer mais également à certaines de gagner en visibilité en participant à des projets de grande envergure.
Xavier Hammond et Valentin Hachet
Le sujet vous intéresse ? Nos experts vous répondent

Avec la création d’un pôle spécialisé en Data/IA, mc2i se positionne comme un partenaire de confiance en Data Transfo au service de la démocratisation de la donnée et d’un usage responsable.